Rimes ...

Ah les rimes les rimes sans les rimes la frime
Et la frime débine les vers des phrases armées
Les seules libertaires les vrais sons qui éliment
Les délires passants des mots sans Mallarmé

Ah les rimes sublimes des poètes inspirés
Les mots que l’on aligne autant qu’ils se bousculent
Quand l’ivresse de dire fait nos ires virées
Gourmande de l’amour des beautés de la burle

Ah ces rimes qui s’arriment dans la yole chaloupée
Bordant l’écume plume de ses notes blanchâtres
En voguant mollement sur des vagues découpées
Donnant des maux de mer aux mots fourbus du pâtre

Ah ces frimes ces crises dès l’absence indicible
Des thèmes que l’on aime tendresse amour blessé
Et les mots qui s’égarent étourdis par le crible
Des élagueurs des cimes misères clameurs pressées

J’ai dans la tête amour des rimes qui résonnent
Dans le cœur qui m’agite coulent des mots tonnants
Leurs cadences giflées et l’écho qu’ils me donne
Cantonnent mes vers de fièvre hors du flot dissonant

Point de rimes point de mots point de vertiges suaves
Point de Jean de Léo point de Claude point de trop
Ces trots qui font l’amour puis ces galops de braves
Ces mots fous qui frissonnent doux soyeux coquelicots

Alors je m’en irai au fil des heures longues
Des soirs bourrus d’hiver parmi givres et verglas
Cueillir sur le sentier les mots tremblants qui rongent
Mes doutes sur la page quand ma tête est au glas


Noël Vallier