vendredi 26 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( 11 )

Ils étaient en plein pacifique entre les Îles sous le vent et l’archipel des Tuamotu.
André s'était remis non sans peine de ses déboires digestifs , le corps finirait bien par s'habituer .
Sa vitalité retrouvée lui permettrait d'assurer les préparatifs du dîner , toutefois il devrait pour la seconde fois  se coltiner les sales humeurs de la lancinante cambuse .
Il tirait secrètement quelques fiertés de s'accommoder ainsi de ces conditions précaires et cette relative assurance lui donnait du coeur à l'ouvrage .

Oubliés ses démons d'introversion pensait-il , et par la force des choses il ne compterait plus sur les secours affectifs du proche entourage .
Il devenait un homme , oui un homme assurément !!
Un peu coquet le garçonnet , et ce goût prononcé pour le bel urbanisme , précieux le jeune homme , il jugeait volontiers de l’efficience de son spleen , un peu snob , joliment fagoté dans quelques préjugés , abonné aux brasseries les plus en vue , il ne pouvait trahir sa précieuse existence !!
C'était avant ...

Sous le masque , la vérité finirait sans doute par se révéler , il retrouverait l’ordre rassurant de ses apprentissages , ceux qui avaient concouru à ordonner sa petite source émue, rires larmes et sanglots mêlés, puis tranquille avec mémé sous l’ombrelle !!

L’heure tardive était à la contemplation , avant le sommeil peut-être mais pourrait-il le saisir dans cette cale à rats ??
Il était lessivé , flashé par le joli croissant de lune il maudissait le capitaine félon en ne se privant nullement de tailler quelques croupières à la discipline militaire.
Il regagna la cale, quel infâme destin, se blottit dans son Picot pourri et attendit les bonnes grâces de Morphée , en vain !!
Le vacarme était tel , le roulis si prégnant que Picot valsait au rythme de leurs cymbales , les rats débusqués circulaient en tous sens !
N'en pouvant plus il décida de remonter dare-dare sur le pont et d'y retrouver un clair-obscur somptueux tamis exceptionnel proposé par les choses mystérieuses de sa première nuit océanique .
Accoudé au bastingage il devinait encore l'écume haute des vagues , puis il ressentit les premiers engourdissements .
Il pris la décision de passer la nuit dans la barque de sauvetage, la haut au dessus des embruns.
Allongé à la verticale de la pleine lune, recouvert d’une couverture en laine râpeuse il rêvassa un court moment la tête dans les étoiles, puis en dépit de l'inconfort il parvint à s’endormir.

Tôt le matin vers six heures, il se réveilla, le soleil à l’est préparait son cagnard, il fit un brin de toilette et but le café en compagnie de l’équipage, le café ce n’était pas son affaire …

Il n’avait pas reçu de consignes particulières pour la préparation du déjeuner et déciderait ainsi de sa propre organisation …

Leur arrivée à Mururoa était prévue en fin de journée, il y passerait la nuit avant de repartir en direction de Tureïa destination finale de son périple.
Le « Berry » mouilla à l’endroit convenu, après quelques manœuvres communes le marin d’équipage jeta l’ancre.
Mururoa déroulait son ruban de corail , on jactait bruyamment sur l’immense débarcadère , le Berry était attendu , dans ses cales s'entassaient quelques tonnes de marchandises dédiées .
L’atoll avait été laminé par les industries et les nécessités de l'atome , des hangars en tôle jaune pisseux  pourrissaient sa beauté primaire , au loin des milliers de cocotiers lui rendaient vie et beauté , il présentait alors ses sublimes décors ... éternels !!
L'eau du lagon était turquoise , André en prit plein les mirettes !!



Noël Vallier


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