vendredi 3 février 2012

L'archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite )

La large parenthèse radieuse se refermait.

Ils repartaient de nuit et ne purent s'empêcher de jeter un dernier regard à travers le hublot en espérant apercevoir les halos des projecteurs de l’aéroport de Faaa.
Ils prirent in-extremis leurs ultimes lumières, brèves éclaircies dérobées à cette nuit grave , nuit de velours et d’ébène , pour eux la dernière probablement, sans lendemain du moins pouvaient-ils le craindre.
La carlingue était bruyante, les services de bord absents, ils n’étaient plus en baguenaude l’avion était militaire, l’équipage ne faisait pas mystère du caractère expéditif de ce retour !!
Le couloir de vol empruntait la route la plus courte celle qui passait  par Los Angeles et Montréal …
L'avion fut secoué par d'impressionnantes intempéries, ça crissait et ça grondait dans la carlingue, ses capitons élimés jusqu'aux mites probablement ne pouvaient plus réduire le bruit assourdissant des aciers et des tôles !!
Bref cet avion assurément un peu vioque ramènerait peut-être la troupe à Paris, du moins l’espéraient-ils fermement !!
A  Los Angeles l’escale fut brève, tout juste le temps le temps de faire quelques emplettes, du Made in Los  afin de surprendre les impatiences de la famille et celles des proches …
Ils remontaient la nuit ils vécurent une fois encore cette impression étrange, ce phénomène tellement divertissant qu'imposent les fuseaux horaires, cette remontée du temps cette mise en conformité de l’endroit et du soleil, ils en furent définitivement avisés !!
Après l’escale de Los, la carlingue bringuebalante prit son envol en direction de Montréal, ils s’étaient assoupis, André rêvassa, défilèrent alors les méandres de L'Ouvèze et les petites maisons de Flaviac le village de sa naissance et de ses premiers jeux.
Il se souvint alors .
De part et d'autre de la vallée deux montagnes aux humeurs contraires, l’une coiffée par le «Pigeonnier" lieu-dit désignant une propriété et ses quelques hectares, un bel endroit offert à la curiosité du village, on y accède en empruntant un sentier de chèvres bordé de thym et de petites fleurs ...
Il pensait à Emile son copain d’école le pitchoun du Pigeonnier son conscrit qui avait fait sienne cette trace  ce chemin interminable et tellement étroit qu’il contenait tout juste la largeur de l’essieu d’une charrette.
Mais Milou n'en avait cure, qu’il neige qu’il pleuve qu’il gèle ou qu’il vente et la fatalité cumulait-elle ces difficiles conditions qu'il ne manquerait jamais l’école, il ferait avec et s'accommoderait de quelques frayeurs possibles quand les retours d’hiver le surprenait à l’heure du crépuscule .
En face à l’exact opposé la montagne dite du "Serre Valenche" il se souvint encore de son impressionnant éperon rocheux, comme un R monumental sorti d’un alphabet minéral.
Il fallait se coltiner une grimpette sévère en partant de Mûre ou de Fort-Mahon, les premiers arpents de ce chemin mousseux laissaient vite place à quelques sentiers semés d'éboulis et parmi les bruyères et les genets, griffés aux chairs par les picous des ajoncs ils parviendraient au bord du Serre et pourraient redécouvrir le minuscule monde d’en bas .

Le Cotam un peu poussif envoyait son vacarme, le moral des troupes n'était pas au mieux ...
L'escale à Montréal ne tarderait guère.
Il étaient partis de Papeete sous une chaleur nocturne pesante, l'avion atterrissait sur un tarmac quadrillé par d'énormes congères, sous une tempête de flocons serrés et par moins 10 degrés !!

L’escale fut brève comme la précédente, ils firent quelques emplettes dans les galeries marchandes douillettes de l’aéroport et connurent ce plaisir éphémère de quelques foulées canadiennes !!

La boucle serait bientôt bouclée …


Noël Vallier

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