vendredi 5 août 2011

Hier matin aux aurores sur le sentier plus bas
Une étonnante abeille velue et sympathique
Butinait savamment le dard en branle-bas
D’une alerte convenue avant qu’elle ne pique

Les pollens frisotant engourdis par la bise
Du printemps matinal que le soleil pointait
Rétractaient doctement leurs poussières indécises
Que la belle bruyante à sucer s’ingéniait

La solitaire en tête de l’escouade précédait
Une escadrille pareille aux poilus de quatorze
Et pas une des abeilles ardentes ne cédait
Sur le moindre pistil la moindre de ses proses

A peine effleurant les corolles qui s’ouvraient
Les porteuses pillaient leurs enceintes moroses
Qui délestées crûment du nectar s’ingéniaient
A promettre aux suivantes les pires overdoses

Le ballet s’emballait et les mutins insectes
De ce rite établi jamais ne se lassaient
Et c’est virevoltant que cette épique secte
Sur les hampes arrimés à flirter ne cessaient

Il fut pourtant un temps à sonner la retraite
Qu’elles qu’en soient les raisons les bombardiers partaient
Sur l’abdomen lesté la mine un peu défaite
A promettre une pause que les fleurs redoutaient

Car elles savaient bien les sveltes anémones
Mais aussi l’aubriète les pensées les cactées
Que l’escadrille bruyante avide d’une tonne
Jamais ne lâcherait leurs anthères éreintées

Et c’est ainsi qu’hier aux matins aux aurores
Cette étonnante abeille que les autres pistaient
Avait donné le ton pour que la meute encore
Des buissons du sentier s’abreuve et s’enivrait

                                                              
Noël Vallier

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