Je dispose d'un moment et voilà bien ma chance
Vernissant l'étagère que je chérissais tant
Perdue depuis un lustre comme une odeur de rance
Je dispose d'une heure point je suis mécontent
Deux couches feront l'affaire le pin brut est parfait
Un pinceau à chanfrein tel une épée sa pointe
S'en ira dans les coins d'un goutte ainsi défait
Mouiller l'intimité d'une âme jamais atteinte
Ce bois là veines vierges ce bois ci boit si peu
Que j'inonde sa chair quelques poils perdus glissent
L'outil bien maladroit joue ainsi par le feu
Se perdant sur les gorges de mon bel édifice
N'écoutant que mon coeur et mes doigts si fébriles
Épris de tant d'amour pour ses formes arrondies
Du bout de ce pinceau posant là quelques vrilles
Je remets quelques ordres sur ses académies
Il est nu comme un ver il boit pire il en tire
Du vernis mat ciré goulu jusqu'aux entrailles
Colle de moins en moins ainsi je me retire
Caressant d'une main ce que je sens en braille
Je disposais d'une heure point ne fut consommée
Pour d'un bois égaré en faire ainsi l'éloge
Mais voilà qu'il est sec repu plein et gorgé
Sur l'ouvrage je reviens près de lui je me loge
Vallier Noël