vendredi 5 août 2011

Les nez rouges

Les nez rouges

Cinquante six le curé traînait fort sa soutane
Demi serge élimée faite d’épaisse façon
L’ourlet épais cordon ou était-ce la tanne
Sur la neige vers la cure qui tintait ses glaçons

La petite nuée des gosses au cœur prude
Que nous étions enfants aux galoches graissées
Lui emboîtait le pas le pas qu’il avait rude
Et nous partions ensemble vers la Joc, pressés

L’hiver cette année là branlait de la culasse
Les gerçures des branches des platanes geignaient
Notre Flaviac ripait ses ruelles étaient lasses
De voir mémé glisser sur les murs qui cognaient

L’épais manteau neigeux qui recouvrait la place
Remontait sur les troncs comme pour les étouffer
Et nos arbres à pompons qui suintaient de la glace
Sur nous petits bonhommes en capuche à pouffer

Ah cette communale que nous aimions atteindre
Glissades sur les fesses nez rouges un peu gelés
Vingt minutes au préau qu’il aurait fallu peindre
Avant les douces choses les leçons d’or mêlées

L’hiver le bienheureux et nous ses engelures
Nous étions dans le froid mais les anges veillaient
Et quand nous arrivions perclus par nos froidures
Nos pantoufles et le poêle de nos mémés douillaient

Cinquante six le curé traînait fort sa soutane
Bienheureux dans le froid pataugions un peu avant l'été
Nous aimions tant papa maman nos mémés nos platanes
Si petits nous étions de bonheur hébétés


Noël Vallier

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