mardi 27 décembre 2011

Rien que des choses ordinaires ...


Rien ne fut simple !!
Les salades de fruits, irréprochables sans aucun doute présentaient pourtant cette insupportable posture  d’hélium néon …
Bien des oncles et des tantes passèrent tous et toutes à vomir avec sur les commissures de leurs lèvres une tonne tendue de bêtise et de méchanceté.
Cependant les raisons de cette irréprochable commémoration tellement dévoyée étaient nobles, telle cette chose tenta de me donner tant d’enseignements ….
Qu’il ne fallait en aucun cas ni prendre, ni relayer bien sûr !!
Passons sur les détails …. Sordides !!

Passons sur la cruauté … il faut bien, et sur la médiocrité tout comme !!

Fête de Noël, que pèse t-elle face à l’absolu irrépressible de l’altitude vers laquelle tentent d’atteindre les belles âmes, et que dire des souffrances des cœurs vaillants lucides jusqu’à claquer leurs petits muscles pour trouver la force de fuir enfin ces écoeurantes conventions …

Parmi ceux que l’on aime, parmi ceux qui méritent, avec le sang de notre sang quelquefois, pas toujours hélas ou tant mieux !!

Des Noël à crever ( presque ) atteints par le froid et les gelures , comme à l’église recouverts d’épais manteaux , les bouts de doigts protégés par des mitaines .
Dans l’attente de Dieu … lequel ??
Peu importe, l’iconographie chrétienne me sied c’est ma culture et ma nostalgie, comment pourrais-je faire d’autres choix ??

Matérialistes de toutes sortes de poils que la vie ne soit point jamais cruelle avec vous et qu’elle vous accompagne tout le long de vos chimères …

Quand aux musiciens prétentieux, grandes gueules aux talents très discutables, bavards tels des pies et qu’il faudrait par surcroît écouter !!!

Permettez-moi de vous souhaiter de joyeuses Pâques !!

Noël Vallier.



jeudi 22 décembre 2011

Petite parenthèse ...

Je mets mon blog en coma artificiel pendant les fêtes ...
Pas question de rater la visite du père Noël !!!
Certaines indiscrétions me permettent même d'affirmer qu'il sera accompagné cette année par huit jeunes femmes stagiaires toutes très charmantes et plus particulièrement chargées de la distribution des cadeaux les plus fragiles , les plus précieux !!
Mais attention que ne soit jamais tolérée la moindre méprise .... 


Joyeuses fêtes .


Noël Vallier .

vendredi 16 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .



L'Archipel radieux ( suite )

Cette opportunité arriva presque aussitôt …
Il venait tout juste d ’apprendre qu'un Palace proche de Faaa organisait une réception mondaine , sorte de garden party réservée à la crème, il était de toute urgence qu'elle se retrouva une fois de plus, la démocratie inventive gagnait en effet jour après jour du terrain, elle était là présente terriblement menaçante ....
André s’était porté volontaire pour intégrer l’équipe qui serait chargée d’assurer les services de table, il lui faudrait passer une sorte de casting, il trouvait ce protocole dérangeant .
Une centaine de candidats postula, seule une quinzaine fut retenue...
André faisait partie du lot.

C’était la fin du mois d’août, la saison officielle des pluies, mais pouvait-on dire pour autant que le paradis franchissait la frontière de l'automne ?
Les pluies quand elles n’étaient pas tempêtes claquaient comme de violentes averses, brèves lourdes comme du plomb , la Polynésie se ventilait d'une sympathique fraîcheur mais si peu durable, dissipée bien avant les premiers frissons et si l’oscillation jouait sur 3 ou 4 degrés l'humeur du thermomètre se limiterait aux petites variations convenues de son mercure …
L’ensoleillement revenait tel un tsunami plus déterminé que jamais , mais jamais la moindre canicule , le ciel se contentait d’ouvrir ses fenêtres bleues sur cette terre polynésienne trempée, et les dernières petites brumes  se dissiperaient poussées par de bienveillants alizés.
Merveilleuse île où la mode vestimentaire était réduite à sa plus simple expression elle faisait avec le climat, le tissu de paréo raflait la mise, le lin confortable trouvait aussi sa clientèle, il était plus coûteux et confronté aux jugements des insulaires il était souvent qualifié de friperie !!
Bref, les tahitiennes réservaient leurs plus belles toilettes pour les grandes occasions ; messes et cultes, mariages et enterrements …
Papeete était devenue la capitale du scooter, les bolides fessus tournaient comme des toupies dans les rues de la ville, puis se trissaient en direction des plages.
C’était une vraie mode, les jeunes garçons découvraient les avantages de la frime, les filles se disputaient l’arrière des sièges, les intrépides consommeraient bien du carburant avant que les belles ne consentent à desserrer un peu l'étau !!

Que devenait le camp d’Arué ??
Il mijotait sous le soleil, massifs fleuris en proue plus beaux encore que ceux grappillés à l'intention des cartes postales, petites architectures lumineuses et élégantes; à deux pas les terrains de volley et de tennis jouaient à guichet fermé, André travaillait inlassablement son coup droit, ce bras redoutable dont il tirait le plus grand avantage, vrai cache-misère il fallait en convenir car son arsenal technique était bien trop rudimentaire.
Cependant il gagna bien des points !!
Au grand dam de ses amis puristes qui concevaient autrement les échanges, ils les préféraient convenus interminables, élégants !!
L'empreinte d'Otis Redding marquait toujours les préférences musicales du camp.
André venait d’être admis à l’hôpital militaire de la ville pour une angine blanche carabinée !!
On lui administra les soins habituels, et on lui fit sucer des glaçons !!
Il s'en remit très vite.
A travers la baie de la fenêtre de sa chambre, il vit pendant des heures les vagues hautes de l’océan se fracasser contre les récifs, et dégueuler ses blanches écumes.
Il pensa à Tureia ....

Cela fait aujourd’hui environ mille ans que ces miraculeux petits bouts de terre surgis de l‘océan ont été visités , investis , puis peuplés par des navigateurs en détresse peut-être, mais hardis, expérimentés, déterminés, et pourquoi diable avaient-ils en effet fui leur terre originelle .
Venaient-ils de l’Indonésie, de la Chine, de l’Amérique du sud, les avis divergent encore, et pourtant la providence fut l'inspiratrice d'une harmonie terre et hommes parmi les plus exceptionnelles que notre terre ait pu faire naître, il suffit d'aller le voir !!
Aux chants, danses, pêches, artisanats, s’ajoutèrent d' innombrables micros commerces et ce fut l’avènement d’une autarcie joyeuse et inspirée.
Peuple sans trop de légendes, quelques dynasties royales et des hommes et des femmes heureux et paisibles en dépit de quelques narrations iconoclastes chargées peut-être d'entretenir le mystère qui entourent tous les bouts de monde.
André aimait à dire que son éloge insistant venait modestement souligner ce que du bonheur il avait pu percevoir, ce que des beautés rares il avait pu admirer, ce que des parfums étranges et troublants il s'était enivrer et ce que des femmes et des hommes de ces îles il avait tant reçu lui qui n’avait que si peu de choses à donner !!

Il ne lui restait plus que quatre mois à passer sur l'île.

Douze mois … un sacré bail, il ne s'était jamais impatienté y compris aux moments pénibles que lui infligea sa petite détresse.
Il ne cessa de dévorer le soleil.

Noël Vallier

mercredi 14 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ).

Le centre de loisirs du Cesp et toutes ses commodités était un endroit rêvé pour les militaires et assimilés on y trouvait des tables de ping-pong , des billards à trous , des jeux de baby-foot, trois courts de tennis, et bien d'autres déprises de tête !!
Réserver un espace de détente mixte était une gageure, certes les hommes savaient se tenir, les femmes raisonnablement aguicheuses, mais envisager que les différents protagonistes soient à ce point déterminés à mettre près du feu toujours possible une telle distance réglementaire pouvait apparaître comme une précaution sidérante.
Les idylles risquaient donc de faire long feu et en admettant qu'il y en eu !!
Cependant la charmante faune était bien présente, jeunes vahinés aux beautés carabinées et non moins jeunes métropolitaines filles de gradés, toutes minaudant sans vergogne et venues bien sûr avec la ferme intention d'allumer quelques mèches !

Le centre d’Arué endroit chic et impeccablement pourvu se présentait donc comme une alternative heureuse face à la capitale polynésienne ... Papeete!
Il ne désemplissait pas.
André et son collègue de Beaucaire étaient retournés en direction de la barrière de corail, toujours équipés de leurs tubas et de leurs palmes, ils avaient prudemment réduit le rayon ne voulant plus jamais vivre de retours si pénibles.
La dernière cueillette avait été bonne, ils étaient revenus avec une belle collection de petites nacres toutes désertées par leur mollusque et que l’on ramassait sans trop de difficultés à quelques dizaines de mètres seulement du ponton, ils avaient fait chou blanc pour les bénitiers et les sept doigts, ce ne serait que partie remise, les cueillettes parfaites étaient aléatoires ils ne s'en formaliserait nullement.

La journée s’était terminée par un concours de chant, André était un concurrent redoutable.
Il excellait dans l'interprétation « When Man loves a woman » de Percy Sledge, la maîtrise des aigus constituait une performance technique telle qu'il pensait jouer sur du velours..
Il rata lamentablement, trahi par le trac jamais il ne pu mettre le moindre vibrato, il brada les octaves les plus périlleux et définitivement dépité il prit la tangente ...

La vahiné responsable des parterres de fleurs du camp d’Arué connut sa mésaventure, elle était de service ce soir là, elle manifesta bien des bontés à son égard.

Papeete by night n’était pas la nocturne la plus trépidante du monde, mais le charme tant de fois décrit opérait aussi la nuit.
Si la ville manquait de lumières et de strass, elle proposait pourtant d’excellentes  adresses.
C’était le cas du piano bar, petit établissement du centre ville fréquenté par une clientèle éprise de blues, de jazz,et de bourbon !!
Il y régnait une atmosphère chiquement détendue, les deux barmans en redingote shaker en mains nous la jouait cependant très Maraca !!
La maison proposait de savoureuses recettes de cocktail, une bonne vingtaine au moins, les clients pouvaient aussi suggérer d'autres mélanges, les acrobates n’étaient jamais pris au dépourvu ..
Le piano était disposé plein centre, deux mètres environ le séparait d’un comptoir circulaire gaîné par un superbe cuivre , une trentaine de consommateurs pouvaient s'y ranger.
L’acoustique était parfaite, sur l'épaisse moquette d'interminables tabourets d’altitude surplombaient le piano ils ressemblaient à des personnes, leur précieux bois pourpré soutenait un épais cul de siège en cuir rouge assise enviable partenaire douce des fesses nomades ou celles plus immobiles.
Combien de fois André et ses amis, s’arrêtaient au seuil  pour finalement renoncer faute de ne pouvoir présenter le compte, il faut bien dire que quelques heures de tabouret et de zinc coûteraient l'équivalent d'une petite liasse !!
Il céda plusieurs fois et ne le regretta jamais !!
Une des nombreuses soirées fut animée par un pianiste noir à la technique étourdissante, André distant d'à peine deux mètres de l'explosif épicentre ressentit fort l'auréole de l'artiste, vissé sur son siège il passa une partie de la nuit à se secouer gentiment les tripes en sirotant quelques bourbons!
Le coût de la soirée ne lui parut pas insurmontable !!

Cependant il ne retourna plus au piano-bar, il prit dorénavant grand soin d’éviter les enluminures de ses néons, modifia les trajets de ses itinéraires en ville, il lui fallait urgemment reconstituer à tout prix un peu de pécule …


Noël Vallier

lundi 12 décembre 2011

A Cocadon ...

A Cocadon ...

Avec l’ami Thierry nous étions à nos aises
Ces truites ces Lactaires champignons délicieux
France rêvait un peu Mauricette française
Depuis son four aimé rôtissait vers les cieux

Des poètes égarés sur la voie communale
Pleins d’ineptes façons travaillaient quelques vers
Leurs bésicles jetées un peu en diagonale
A pourrir quelques strophes qu’ils montaient à l’envers

Nous étions à frayer parmi quelques ramiers
Dans la main de Thierry sa gaule était fredaine
Les Farios du Duzon qui moquaient le panier
D’un écaillé soudain zébraient l’eau par vingtaine

Des Pitrous inspirés sur les hauts peupliers
Sifflaient des airs connus comme des ritournelles
Des milans un peu las comme de vieux voiliers
Claquaient vers les rochers leurs épuisantes ailes

Vers mon cœur ça pétait des cadences d’abysse
Au ras des prés épais où nous étions couchés
Quelques pétards tirés et nous étions Ulysse
Partis vers quelques broques à rêver quelques archées

Le panier en osier frétillait sous l’averse
Que très imprudemment nous avions de plein fouet
Pris sur nos faces pures avant que soient perverses
Nos femmes qui riaient en brassant les brouets

Du Pineau à ce jour nous gardons quelques fioles
Ces souvenirs sucrés jamais se sont allés
Et nos tiédeurs amies virevoltent en corolles
Au dessus du Duzon parmi les Azalées


Noël Vallier.


dimanche 11 décembre 2011

Autour de Noël ...


L’âge j’en suis convaincu ne pèse pas lourd dans cette affaire !!!
Nous perdons un peu plus du mystère de Noël chaque année … et de cet engouement, et de cette liesse !!
Et oui tant d’humilité , tant de simplicité égarées à jamais … pensez voir que pèsent ces fadaises et comment pourraient-elles résister confrontées aux dures réalités que le miroir du monde nous renvoie ??

Oui mais …

Les concepteurs de cette belle commémoration n’étaient pas si grandiloquents eux qui enseignaient aux parents imprégnés de foi, à ceux plus détachés et partisans d’une version plus festive, un décorum très dépouillé autour et sur les branches du résineux …
Des oranges, papillotes, bonbons   c’était à peu près tout, sauf à considérer les remarquables ingéniosités présentes de ci, de là …
Les trente glorieuses contribuèrent à la recrudescence (ou à la naissance) d’un paganisme soft qui ne cessa de s’affranchir de la pesanteur orthodoxe et de l’influence du fait religieux.

Et l’arbre se chargea tellement qu’i fallût prendre mille précautions afin d’éviter qu’il ne sombre parmi ses boules et ses lumières ….
Ce vertige dura cinquante ans !!
Aujourd’hui les villes et les villages renoncent , les lampions finiront un jour par remplacer les guirlandes , les élus et les notables qui grisèrent si longtemps le peuple assurent présentement le minimum syndical ( ou commercial ) .
On chipote sur la dépense, sur les budgets dédiés, les saignées perpétrées dans ses veines sont telles que le sang ne coule plus …
Il s’étiole insensiblement, en effet nous passerons probablement d’ici peu de 7 litres à 5 peut-être .
Et la substance sera anémiée, inféconde !!

Quelles belles vertus que celles enseignées par les néo défroqués papes et papesses de la réclame soudoyée destinée aux renforts scélérats accordés à la promotion (ou à la survie) de la mondialisation !!

Ça sent le sapin en effet !!

Que nous reste t-il ??

L’imposture du rêve, ou alors beaucoup de discipline …
Je fais partie de celles et ceux qui déplorent (il y en a encore Dieu merci) la perte ou l’abandon des valeurs et des structures référentielles, qu’elles soient laïques ou religieuses.

Elles seules justement dosées parviennent à discipliner les hommes, puis à les rendre heureux

Encore faut-il que soit enseignée la vertu par des hommes vertueux !!

Difficile certes, mais il faut y croire …

Joyeux Noël à toutes et à tous.

Noël Vallier.



samedi 10 décembre 2011

Les déserteurs ...


C’était entre 1957 et 1960 (après Jésus-Christ) j’avais une dizaine d’années …
Je vivais depuis ma naissance à Flaviac petit village de la basse vallée de l’Ouvèze village au standing épatant, il était en effet l’un des trois sites français dépositaires de la fameuse marque « Simmons » une référence incontestable pour toutes celles et ceux qui comme la princesse aux petits pois coinçaient un peu à l’endroit précis de la courbe sensible de leur échine !!
Bref …
Le dimanche c’était le « foot » disait-on et combien de fois l’odeur du camphre ou les reflets dorés des huiles grasses sur les guibolles saillantes des combattants précipitèrent les admirations voire les dévotions de la grande clique féminine.
Il y eu donc des rapprochements et des mariages …
Mais tel n’est pas mon propos !!

Les matchs de championnat (ou amicaux) se déroulaient soit à domicile, soit chez l’adversaire (on disait à l’extérieur).
A domicile cela se passait au village (j’ai surtout connu le stade du Tamaris) aujourd’hui rebaptisé stade Jean Kabakian en hommage à l’un de ses grands dirigeants hélas bien trop tôt décédé.

Clin d’œil amical à Philippe …

Pour les déplacements (à l’extérieur) les bénévoles, souvent dirigeants ils se reconnaîtront, assuraient autant que faire se peut la prise en charge des supporters et notamment celle des gosses du village tous non motorisés bien entendu.
Il y avait un tel engouement …

Le petit Noël lui n’était jamais du voyage (cette vilaine affaire dura deux saisons) soit une trentaine de déplacements environ !!
Il plantait reclus dan sa solitude, les voitures les unes après les autres s’égayaient tout en se remplissant d’une flopée impressionnante de gais pinsons.
Il restait pourtant quelques places à pourvoir mais le petit Noël toujours planté était oublié, toujours oublié , délibérément oublié …
Féroce, vous avez dit féroce oui bien sûr, indigne également et bête par surcroît.

Il devait y avoir une ou plusieurs raisons, le petit Noël payait probablement le prix fort pour je ne sais quelle prétendue turpitude d’adulte …

Simplement consternant.

Ils se reconnaîtront les pleutres et les cœurs secs de l’époque, et pourtant je ne leur en veux pas !!

Je les méprise …


Noël Vallier.








vendredi 9 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .








                               
L'Archipel radieux ( suite ) .


C’est son histoire polynésienne, est-elle devenue banale aujourd'hui ??

La question posée paraîtrait aussitôt inconvenante, j'affirme en effet que toutes les frimousses pensantes croisées depuis s'ébaudissent toujours à la seule évocation d'une escapade polynésienne ...
Dépaysement .... la faiblesse du mot pourrait agacer s'il n'y avaient d'autres recours ; exotisme , flamboyance, absolu, par exemple .
André et ses amis étaient bien en osmose en immersion avec et en les profondeurs racinaires du peuple , à telle enseigne qu'ils s'attiraient la plupart de ses sympathies.

Revenons en France, il reste encore beaucoup à découvrir de notre belle métropole, elle que l’on peut  traverser en quelques heures, mais c'est dire sans faire cas des départementales , routes diverses , chemins  sentiers et qui mènent tous en direction des plus beaux quotidiens , des plus grandioses panoramas, des vies les plus secrètes .
Nationales et autoroutes fuyantes pour des vacanciers déterminés, pathologie invasive sans grand fondement et que pèse t-elle face aux curiosités des quêteurs passionnés, visiteurs apaisés, femmes et hommes secondaires joyeusement contemplatifs.
Il reste c'est vrai beaucoup à découvrir de nos belles régions et à moindre frais, et quand le pays, les beaux jours venus met ses beautés en vitrines, des hommes et des femmes bouleversés pleurent, d’autres passent plus vite leur route sans doute à la recherche de la meilleure sandwicherie du secteur !!

Et Tahiti … était-elle devenue une métropole cosmopolite sans âme ou vivait-elle un chambardement culturel enrichi par une diversité raciale de bon aloi ?
Fallait-il y retourner, c’était donc la question …

Du Royal Tahitien il ne gardait qu'un souvenir mitigé, cette soirée guindée et bien trop frivole ne l'avait pas vraiment contenté, peut-être était-il trop en dehors du cercle pour vraiment pouvoir l'apprécier ?
Il faudrait pourtant qu'il parvienne à tordre son coup une bonne fois pour toutes à ce satané penchant mélancolique, qu'il interdise les squats fussent-ils brefs de quelques-unes de ses neurones !


Il y était retourné et avait revu la jolie vahiné, ah cette merveilleuse inconstance !!
Il disposait de quelques heures avant de reprendre son service, il enfourcha le scooter de la belle et les fesses collées sur l’arrière du siège il aima très fort sentir à nouveau l’odeur sucrée que dégageait la broussaille presque ordonnée de ses cheveux.
Il tenait entre ses mains le tour menu de sa taille, il lui semblait habiter l'âme et le corps de la déesse, jamais plus il n'envisagerait que soit encore possible la survenue d'une crise neurasthénique, il en exclu même définitivement l’hypothèse.
Elle avait un accent charmant et semblait ne vouloir jamais ne cesser de s’en amuser et d’en rire, il avait un accent français très ordinaire , il ne pourrait jamais hélas s'en défaire!
Ce court moment partagé, le souvenir d'une ravissante frimousse, le goût de sa peau mélange de cannelle et d'oranges qu'il écrasait de ses lèvres à la première perle de sueur ... il ne l'oublierait jamais !

Comment aurait-il pu oublier le moindre détail de cette charnelle amourette !

Noël Vallier .


lundi 5 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux (suie) .

Cependant il parcouru la ville, il avait tant de temps à gagner !!
Rien ne lui échappa ; les petites ruelles délaissées, les vitrines dispendieuses, les bâtiments administratifs, les habitations, celles en bois, celles en tôles, celles en dur ( les vraies maisons de maçon !!) enfin le boulevard celui de la grande brasserie, il passa ainsi Papeete au crible.
Cette capitale improbable que l'on pouvait presque qualifier de petite ville surannée si il y avait eu moins de bric et de broc s'agitait au rythme soutenu de ses innombrables chantiers,  Papeete la portuaire perdait ainsi  chaque jour et de son caractère et de son charme.
Les tubes néon,  les toutes dernières fluorescences, le matraquage publicitaire titillaient les premières ardeurs consuméristes, toutes et tous Polynésiens modérés, intégristes ou libéraux pénétraient en cortège les espaces  feutrés des supérettes et des boutiques.
Après tout l'autre perle , la cousine du nord Américaine capturée elle aussi , était inféodée au système USA cette ravissante succursale pourtant fortement dépositaire de culture et de traditions polynésiennes devenait  son dernier état , sa résidence secondaire en quelque sorte .
La Polynésie française s’était préservée, ses archipels disséminés constituaient une sorte de camp retranché somptueuse traîne, interminable, portée par d’éternels alizés, pépites incomparables, terres de contemplations inouïes …,
André se souvenait du moindre détail.
Son séjour d’une année complète en Polynésie avait été marqué par de nombreux évènements, tous marquants, toujours portés depuis cette immuable voûte bleue que nulle vilaine besogne ne semblait devoir venir troubler, désarmante pureté, formidable privilège, exceptionnelle unicité.

Il avait passé une après-midi entière en compagnie des Tahitiens de la banlieue.
Relégués aux portes de la ville ils vivaient dans des farés, mais ainsi évacué l’habitat traditionnel faisait désordre, un comble car il ne trahissait jamais la moindre pureté coutumière , pas un seul agrément sacrifié sur l'autel des servitudes urbaines, et pourtant il ressemblait à s'y méprendre à un bidonville ...
Papeete évacuait son centre ville au pas de charge , la capitale opérait une mue féroce et semblait vouloir jeter en quarantaine ses habitants inutiles , ses maillons faibles, celles et ceux qui ne trouvaient plus place dans les industries concentriques ou sur le port.
Quelques résistants peut-être qui faute de ne pouvoir s’accommoder des règles économiques nouvelles perdaient ainsi l'opportunité d'un emploi de commerce , ou d'autres jobs artisanaux la plupart déjà gangrenés par les produits manufacturés .
Et que dire des emplois administratifs que les blancs occupaient prioritairement, point n’était besoin d’être bilingue, la Polynésie vaste dépendance assurerait le portage.

André ne s’embarrassait point à cette époque de ces considérations, son inconnaissance de la réalité polynésienne et ses besognes personnelles l’occupaient à plein temps, il aurait cependant visité le bidonville planté dans le pierrier situé à deux pas de la ville prit la mesure de quelques vilains contrastes avant que d’en tirer de pertinentes conclusions.

Il préférait et de loin goûter les fruits juteux qui explosaient leurs saveurs au moindre besoin de soif, lait de coco qu'un coup de serpette bien ajusté libérait de sa coquille lisse ou ananas dont il aimait sans jamais s'interrompre tirer toute l'épluchure ...
Cependant, il restait une gourmandise légèrement pimentée dont il avait du mal à cerner et le goût et l'origine et la préparation !!
Ces fameuses brochettes que tous dégustaient en bordure de plage , souvent aux premières heures douces de la nuit quand le bruit se dissipe et que les odeurs s’affolent ce moment rare où le bonheur semble jouer des coudes !!
Allons ... ces fameuses brochettes n’était-ce pas du chien, simplement du chien ?
Il en était convaincu !!
Le bruit courait plus vite que les petits quadrupèdes qui pullulaient sur l‘île, alors ces menus morceaux de viande  mi-rôtis, mi-tendres, badigeonnés de moutarde douce?
Simple hypothèse il est vrai.
Jamais plus il ne mangerait de brochettes de plage !!


Noël Vallier






                                 

dimanche 4 décembre 2011

Horizons ..


Crépuscule bleuté aux roses chimériques
Soleil couchant ardent incendie que nul craint
Beauté rare et blottie au dessus des grands cirques
Flirt des cimes rondes de mes matins les saints

Tu déclines assombri en mon lieu ce parterre
D’un fuseau fédéral ce coin où je surgis
Pour d’autres escapades vers de lointaines terres
Aux aurores promises le temps que ma nuit gît

La noirceur de la nuit lâche ses dividendes
Pépites innombrables cloutées sur le satin
Du suaire tendu vers lequel mes mains tendent
Avant que de sombrer jusqu’au prochain matin

Ton périple accompli tu reviens noble tache
Toi aurore violent qui brûle et embrase nos yeux
Accomplir nos matins courageux vils ou lâches
Nous voyeurs des fenêtres mercenaires bienheureux

Quelques milliards de larves ces rampants que nous sommes
Aux rythmes de tes cycles s’agitent tels des rats
Pour des millions de rois despotiques aux doux sommes
A l’ombre de tes brûlures bercés de Sassafras

Crépuscule heurté aux proses colériques
Soleil dégoulinant lave effrontée qui geint
Laideur du temps promis aux êtres faméliques
Tes raids et tes cascades, interrupteur … j’éteins


Noël Vallier

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite )

Le Royal Tahitien était un hôtel très convenable de la banlieue de Papeete, il proposait des chambres couleurs locales, spacieuses et agréables.
Il se situait et encore aujourd'hui à mi-chemin entre la ville et le camp d’Arué.
Une fois débordé le district de Piraë après le très attendu moment d'ombre fraîche la route belle tirait droit en direction du camp.
Sur la gauche après quelques kilomètres une allée pentue abondamment fleurie sur ses bordures débouchait sur une coquette réception.
Une piscine d'eau douce clapotait au gré de l’humeur changeante des alizés.
Les transats alignés sur son périmètre claquaient de la bâche avant que des corps alanguis ne viennent définitivement les soumettre.
Légèrement en contrebas une plage privée délimitée par d’imposantes rocailles prenait quelques trempées fouettée par des embruns farceurs.
C’est ici qu'il venait d’être convié pour une garden-party, il tenait cette invitation depuis une soirée passée au « Bounty ».
S'y côtoyaient officiers, civils, d’autres citoyens du monde et de nombreux autochtones  …
André s’était pour la circonstance affublé de fringues façon dandy, ce dandysme absolument indémodable.
Chemise en belle soie brodée de grosses fleurs, pantalon blanc taillé dans une mince étoffe, une paire de mocassins blancs qu'il portait sans chaussettes, tout en décontraction !!
Ce n’était pas un concours d’élégance mais paraître et s'afficher semblaient postures de rigueur , les épidermes cuivrés courraient après une médaille sans doute et le Monoï de luxe parfumait délicatement bien des peaux .
André parviendrait-il à se confondre ??
Une fois son piètre statut militaire révélé il serait grillé, snobé sans doute, les regards peu à peu se détourneraient, ah le menu fretin penseraient-ils .... persona non grata !!
Il géra avec une certaine classe, fit quelques connaissances, avala quelques bourbons, s’égara souvent dans des flots de rhétorique ambitieuses avant que de se poser sur l’assise ouverte de l’un des transats de l’hôtel.
Il se retrouva en charmante compagnie.
La jolie tahitienne au scooter n’était pas venue, il ne s’en étonna point tant l’inconstance semblait être l’un des traits de caractère des jolies polynésiennes !!
L’ennui finit par le gagner, il parvint à se soustraire du regard des autres convives  et décida de repartir toutes affaires cessantes en direction d’Arué.
Il prit la dernière correspondance.
Les premières heures de la nuit étaient douces, l’ambiance dans le truck était délicieusement bruyante il ne lui fallu que quelques minutes pour regagner le district, quand il passa devant le drive-in ses derniers projecteurs capotaient leurs lumières …
Gloria in excelsis Deo !!
Il avait beau le célébrer, jamais il ne le vit et pourtant toutes les conditions paraissaient requises, la verticalité parfaite de son azur, les petits nuages blancs et leur ravissante transparence, et plus bas bien plus bas toutes ces églises et ces temples inondés de fleurs …
Pourquoi diable tardait-il ??!!
Les temples et les églises qui se partageait la foi des ouailles nichaient souvent dans les petits creux des plus belles arborescences.
André s’y retrouva en deux ou trois circonstances, il y régnait au moment de l’office l'empreinte d'une ferveur profonde, les odeurs d’encens et d’huile de monoï mêlées étourdissaient pour le compte quelques mamas, d’autres s’inondaient de leur propre sueur, toutes entonnaient avec ardeur leurs chants polyphoniques admirables …
Et ces extraordinaires tailleurs et robes blanches !!
André jamais ne se lasserait de participer aux offices.
L’allure après la cérémonie restait processionnelle, les fidèles jamais ne rompraient le rang, sur les parvis herbeux s’attardaient de gais cortèges.
Le dimanche matin comme dans toutes les villes du monde Papeete consacrait dans la ferveur ce moment inouï de recueillement.
André ne s’étonna point que la capitale Polynésienne fut sinistre les après-midi , cette paresse et ce désintérêt urbain le renvoyait aux heures déprimées, celles des spleens douloureux de sa première adolescence, il aurait tant aimé que la messe de onze heures prit d’autres aises, déborde encore un peu plus sur la volée de midi, c’est ainsi qu'il aurait pu se débarrasser de l'oppression qui le prenait aux tripes après le déjeuner du dimanche.

Noël Vallier .

samedi 3 décembre 2011

Il neige !!


Enfin elle est venue le givre a fait sa place
Son blanc réverbérant sur les branches de pin
Accroche gracieusement quelques diamants de glace
La belle est enfin là agrippée aux sapins

Doucement dans la nuit tendrement  c’est à peine
Si quelques insomniaques peut-être quelques malins
Du ciel on vu le blanc déverser dans la plaine
Ses étoiles légères ses cristaux ses câlins

Notre Chaton Pilou impatient d’entreprendre
De laisser quelques traces en bas dans le jardin
Dare-dare est revenu caressant las et tendre
Chauffer ses coussinets près de l’âtre le gredin

Toujours la même carte si belle intemporelle
Des maisons enlisées des chaumières soudain
Pointent leurs faîtes de toit et sur leurs tuiles belles
Quelques merles gelés semblent faire dédain

La campagne est feutrée point de bruits chiens charrettes
Seul le cocorico du coq dans la basse-cour
Balance son cri rauque sans répit sur l’houlette
Qui traîne au poulailler et compte les œufs du jour

Janvier ne traîne pas la neige est abondante
Les gamins à l’école et leurs clameurs parfois
Traversent en l’irritant l ‘épaisseur fort pédante
Des monceaux de l’écume mer blanche et fils de soie

Je ne me lasse guère et à soixante berges
La même poésie la bise le givre froid
Me portent vers la vitre et de mon âme vierge
Montent encore aujourd’hui mes humeurs d’autrefois


Noël Vallier






L'Archipel radieux ( suite ) .





L'Archipel radieux ( suite ) .

Dans sa ville à Valence le mistral s’était apaisé et il ne s’étonna point que la chaleur soit devenue accablante.
C'est un courrier envoyé par sa mère qui détaillait la météorologie locale, et d'autres anecdotes susceptibles de l’intéresser.
Valence en était encore à l’apogée de son commerce chic.
Joyaux du centre ville , les Favorites , André , le Jardin de Carthage , la Bonneterie de l’Aube , Andrieu , les Nouvelles Galeries , les Dames de France , Caffarel , la Petite Marquise et j’en passe , sans oublier les grands limonadiers, la grande brasserie du Valence où André avait ses quartiers était une sorte d'emblème , il ne cessait de s'y distraire saisissant dès leurs premiers éclairs les reflets des chromes épais et étincelants de ses bruyants percolateurs.

Et puis ça pétaradait joyeusement dans les tripes urbaines, les rues n’étaient pas encore piétonnes, les commerces pignons sur rues recevaient une clientèle distinguée, apprise, acheteuse, soucieuse de qualité et séduite par les achalandages dédiés aux plus beaux articles.
La confection irréprochable des habits mode, les tissus aux trames irréprochables, la maroquinerie de luxe, les bijouteries et les parfumeries  ….
Que de séduisantes choses !!

A une quarantaine de kilomètres de Valence en Ardèche, on ne parlait plus de mistral, mais de bise et le petit village de ses grands-mères se ventilait en engouffrant dans ses ruelles le souffle violent propulsé par la gueule invisible …
Elles ne comptaient plus les heures interminables des cigales, ces insectes familiers du sud de notre belle métropole vibraient leurs abdomens continûment et à l'abri de quelque ombre bien choisie ils accompagnaient les siestes les plus exigeantes.
André était parti pour Papeete à la recherche d’un coiffeur, ce faisant il se déroberait des mains bien trop expertes et à l’expertise froide du coiffeur militaire !!
Le salon crânait un peu au centre de Papeete, il était spacieux et confortable, la patronne une dame blonde très apprêtée avait une quarantaine d’années. Sa jeune assistante était ravissante, et André se gardait bien de laisser paraître son trouble.
Il attendait son tour.
Le skaï rouge du siège était froid mais l’assise moelleuse, il aurait pu si bien installé attendre des heures et des heures !!
L’apprentie coiffeuse se divertit assez vite, il se dérobait sans cesse au moindre de ses regards ….
La patronne lui demanda sans le moindre ménagement de s’en aller attendre son tour à l’extérieur !!
Il s’en agaça et attendit sur le perron.
Plus tard la blonde revêche le fit asseoir et l’entreprit.
Il sortit l’humeur un peu maussade, au cœur de son histoire polynésienne odes et louanges mêlées firent comme un petit malaise.
Il se dirigea vers l’embarcadère fut surpris d’y revoir « l’Anjou » de douloureuse mémoire, reconnu le marin aux méninges torturées par le fauteuil d’Emmanuelle, bavarda quelques minutes et poursuivit sa route en direction de l’usine de retraitement du coprah.
L’odeur de cette amande broyée, délicieuse, imprégna ses narines presque à l'écoeurement
Il s’attarda sur le port …
La navette n’attendrait pas, il se dirigea vers le point de ramassage, la carlingue était toujours aussi pétaradante, elle fit rapidement le plein et prit la route en direction d’Arué …
Il était environ 16 heures.


Noël Vallier

mardi 29 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Stéphane l'ami de Marseille aimait bien les restaurants chinois.
Peu loquace sur l’administration de ses dividendes le dandy semblait ne jamais en manquer; il chaussait à l'évidence bien plus grand que la pointure moyenne un peu exsangue de la chambrée !!
Il embarqua plusieurs fois André tous frais payés pour quelques sorties « resto » sur Papeete !!
Comment aurait-il pu ne pas lui témoigner et lui conserver la plus grande estime ?!

Stéphane et Bernard, Bernard et Stéphane, parisien et marseillais tout aurait pu les opposer !!
Ils étaient deux excellents amis, Marseille courtisait Paris puis Paris après Marseille, au gré des conversations, le chic du Provençal le disputait à la superbe du Francilien et sans méthode particulière souvent ils échangèrent, rhétoriques contrastées mais d'égales consistances, et ces flambées de verbes enchantaient les curiosités et les envies de tous les bavards utiles du dortoir !!
Notre ami André souvent apprécia, il savait déjà certes les fondations intellectuelles étaient presque abouties mais au contact quotidien de quelques-uns de ces hommes il ne pu qu'amender la petite somme de ses connaissances .

C'est ainsi qu'il lâchait la bride, s’affirmait au sein de l’exigeante équipe, démontrait l’étendue de ses talents faisait se tordre de rire tout ses amis imitant par ci , imitant par là, il parviendrait même à dérider le bougon joufflu qui un jour tempêta pour ( ou plutôt contre!! ) un très ordinaire lit " en portefeuille " ...
André se régalait de son statut qui s'affirmait, pince-sans-rire .... sans rire !!
Il était à bonne école ...
Puis il en tirerait tout au long de sa vie bien des profits, de grandes estimes parfois, il séduirait également et les femmes et les hommes indifféremment !
Rien que ça !!
Seuls quelques pisse-vinaigre ou d’autres énergumènes bien trop raides trouveraient les leçons un peu saumâtres.
Il s’en amuserait bien souvent !!

Cette amitié générale que d'autres vivaient sûrement et sous des cieux moins cléments était pourtant tellement charmée en terre Polynésienne.
Elle puisait son engrais depuis le terreau ardent de ses entrailles brûlantes, plus haut dans le ciel un miroir bleu insensé de beauté renvoyait l'image d'un paradis, filtraient dans ses narines les parfums idéals de tous les bonheurs et surtout ceux à inventer, déjà imaginés par quelques prémisses ...
André m’en faisait-il écrire des tonnes et des tonnes ?
Non bien sûr, c’était une réalité sublime qu'il me rapportait , ne lui échappaient jamais le moindre parfum , le moindre frisson et à une odeur prêt sa mémoire olfactive se souviendrait de tout, quarante ans plus tard ils seraient encore bien présents les troubles et les envies de partance !!

Le restaurant chinois était chose anecdotique mais il était une part du tout il s’ajoutait jamais incongru sur l'offre extraordinaire que proposait l'archipel.
Et cet écrin était devenu au fil des mois un peu le leur !!
Au moins le deviendrait-il, narratif et littéraire, aujourd’hui précipité par l’impatience de sa nostalgie.
Sociologie de comptoir !!
Ah nos comptoirs auraient pu dire les colons !!
Les Polynésiens subirent quelques-unes de leurs turpitudes, cependant l’âpreté du négoce resterait humainement supportable, les intentions capitalistiques étaient à l'époque louables, elles purent ainsi se mêler aux coutumes et aux traditions locales sans commettre trop de dégâts.

Conséquemment apparurent des métissages heureux de plus en plus gracieux, les sangs mêlés sublimaient les grandes beautés de souche et la Polynésie radieuse gagnait ainsi définitivement son statut de grande épopée contemporaine .
Quelle réussite !
Colonialisme homéopathique, insidieux certes mais bienveillant, décisif apport de culture métropolitaine avec le risque d'un possible désenchantement, qu'en serait-il demain de la langue de l'habitat, de la culture tout simplement, ne subsisterait-il plus que le folklore?

C’était la fin du mois de juillet il ne ressentait aucune impatience, l’appel du retour ne s’était pas encore manifesté.
Point d’overdose les bontés spontanées de l’île satisfaisaient toutes leurs quêtes, le camp était toujours saisi de gaîté de bonne humeur, il restait tant de choses à faire, tant de projets intéressants à entreprendre et d'aventures inédites à vivre, il leur faudrait encore planifier, compter, prévoir ….
La cagnotte chichement octroyée tiendrait-elle la route ??
Ils avaient la peau couleur miel et certains d’entre eux se fondaient presque incognito au sein de cette chaleureuse communauté.
Stéphane était amoureusement attendu par une ravissante jeune femme, elle est encore à ce jour l’amour de sa vie ...

Lui était libre il penchait entre le désir et le coeur et le petit muscle artichaut qui cognait dans sa poitrine semblait ne jamais pouvoir nourrir de vrais projets !!
Il  butinait souvent de fleurs en fleurs, se libérant sans le moindre scrupule de l’emprise de leur hampe gracieuse, mais si une corolle chère à son cœur se refermait aussitôt ses peines devenaient souffrances !!

André était en somme un garçon très ordinaire !!


Noël Vallier




dimanche 27 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Il était sur la route, l’engin de la navette militaire était de plus en plus poussif , gangrené par les vacarmes incessants causés par l'entrechoc des ferrailles en souffrance , les mécaniciens militaires finiraient bien par s’en inquiéter et peut-être resserreraient-ils un jour quelques boulons !
Même ambiance au camp, mêmes odeurs, mêmes troubles, les deux ravissantes vahinés que l’on retrouvait aux cuisines s’occupaient également, jardinières frivoles, des massifs fleuris et André dont j'évoquais quelques velléités anciennes de sacerdoce s’était affranchi de la charge une bonne fois pour toutes basculant par dessus bord les prescriptions assénées par le clergé de tous les diocèses.
Il était temps !!
Sinon comment aurait-il pu s'offrir ainsi à la sensualité polynésienne ?
Le redire une fois encore, il n’était question que de beautés , celles immobiles reliefs plutôt arrondis intégralement recouverts d’une foisonnante végétation , sans la moindre plaie , sans la moindre laideur , celles plus vacillantes qui ornaient les chemins et les routes , versions fleuries jamais ordonnées par les hommes elles prenaient corps à la dérobée , secrètes , la nuit peut-être allez savoir , une ultime touche de maquillage que le petit pinceau de la rosée matinale dessinait et les belles joliment apprêtées resquillaient ainsi faites sur les aménagements, voulaient-elles reconquérir une place perdue, celle qui mesurée à l’échelle du temps ne leur avait échappée seulement que depuis quelques veilles !!

Et cet immense océan qui semblait constant et pourtant sans cesse désassemblé puis à nouveau assemblé, ses vagues contenues puis brisées par le corail venaient mourir sur la plage caressant le velours mouvant du sable noir …
Et puis la beauté des vahinés, les hommes tout comme, mâles virils et aimables souvent sentimentaux, sans trop de mauvais énergumènes …
Il leur en fallait de l’habileté et des sommes d'efforts afin d'obtenir d'une belle qu'elle se décide enfin à jouer de la fleur de tiaré avec l'ourlet ravissant de ses oreilles ...
Pourtant les mœurs étaient libres, la sensualité insulaire était latente puis de construction soudaine, n'ayant jamais tenu la moindre chandelle André se garderait bien d'en évoquer les possibles protocoles, toutefois il m'avait confié ce qu'il avait pu vivre de charmantes expériences tactiles ...

Cette peinture excentrique était réelle, survivrait-elle après tous ces assauts, l’installation du centre d’expérimentation du pacifique, les hordes de touristes mal embouchées, les réglementations et les servitudes nouvelles, qu'adviendrait-il de leurs coutumes et de leurs usages ?
A cet égard le séjour à Tureïa fut éloquent.
La population de cet atoll vivait en effet sans tabou, il y avait certes le totem et de nombreux idolâtres mais il demeurait une sorte d'illustration très présente encore dans le cœur de quelques hommes, une providence peut-être pour la piété païenne mais définitivement désincarnée.
C’était le destin de la Polynésie et de son attachant peuple.

André ne connaissait pas les raisons de l’omnipuissance avérée de la population chinoise de l’île, il s’était cependant renseigné et avait appris …
Ces hommes et ces femmes venus de leur pays d'origine à la fin du 19 me siècle ne feraient pas de politique, ils feraient du commerce, ils s'affirmeraient ainsi avec force finesse et discrétion, leurs savoir-faire leur témérité leur permettrait très vite de s’imposer comme les maîtres incontestés du négoce et des affaires en général.
Ils représentaient à l’époque 3 ou 4 % de la population de l’île, combien sont-ils aujourd'hui guère plus sans doute mais de sangs mêlés, heureux métissages qui font les hommes et les femmes plus beaux encore !!
Ils s'affairent encore et de plus belle assurant ainsi la prospérité de leurs affaires.
La Polynésie opérait ainsi une sorte de transformation , le charme était égal et sous la voûte bleue les jours qui passaient toujours en beauté ravissaient encore, avec le même pouvoir de séduction!!


Noël Vallier.

samedi 26 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .


Il disposait d‘un peu plus de quarante huit heures pour se réjouir une fois de plus des plaisirs inouïs de ses prochaines contemplations .
Cette petite sœur de la grande Tahiti n’était pas moins tapageuse de somptueuses luxuriances , sur l'échelle  des émotions elle lui damait même le pion et  avec un certain culot, il en fallait ...
Les mêmes trésors , merveilles , reliefs , couleurs , perspectives, mais en plus intimes, alors petite soeur peut-être cependant sa taille réduite lui donnait un caractère , une personnalité, une densité que Tahiti pouvait jalouser elle dont on avait de cesse de toujours convier à la première place du palmarès .
Les habitants paraissaient plus tranquilles, plus chaleureux peut-être, la présence militaire n’agaçait plus  l’autochtone elle était engloutie digérée, les fantassins du dimanche renaissaient métamorphosés et avides de grâce.
André et ses amis étaient attendus sur un motu, un éclat de perle planté à quelques centaines de mètres de l’île de Bora, là ils trouveraient le faré mis à leur disposition , puis ils planteraient de longues minutes sur le petit embarcadère, avant que de ranger quelques menus bagages .
Comment était-ce possible que l’existence de telles splendeurs se demandait souvent André? Il aimait y répondre lui-même et se disait-il les peintres et les architectes de la Genèse épuisés par la grande œuvre de la fresque du Monde avaient mis à profit un peu de leur répit pour s’abandonner à rebours de palettes et de pinceaux à commettre quelques premières touches impressionnistes …

Une fois rangés les petits accessoires et bagages, les mirettes provisoirement contentées, il s'en retournèrent au centre de Bora ils prirent un rafraîchissement entre canisses et cocotiers, lait de coco et gin, ils flânèrent une petite heure au village avant d’enfourcher les vélos de location mis à disposition.
Ils pédalèrent au cœur de l’île …


André ne retiendrait du bonheur de ses contemplations que le seul souvenir d’une jouissance, unique comme un concert de sens.
De Tureïa amour contrariée de l’Archipel des Tuamotu , à Tahiti beauté unique et bavarde de la terre Polynésienne , puis Bora Bora tellement ressemblante et promise à des langes éternelles il n’avait connu que vertiges et grands bonheurs.
Ces terres lointaines, ces îles luxuriantes, ces atolls surgis lentement érodés depuis l’enfance du Pacifique remueraient à jamais les cervelles et les tripes de leurs habitants et ne cesseraient de séduire et convertir les  quêteurs de passage ….
Le retour vers Papeete fut accompagné par d’incessants crachins , le temps était instable mais ils avançaient sans trop de difficultés, les délais seraient tenus et ils retrouveraient bientôt le port grouillant de la capitale.
André se doutait bien que des beautés Polynésiennes il venait après Bora d’en connaître l'une de leurs meilleures parts.
Quel militaire chanceux je suis se disait-il que pourrais-je bien encore attendre ou espérer …
Et pourtant les évènements ordinaires de son séjour lui feraient encore la route belle.
Ces ordinaires, ce quotidien avaient une saveur unique il en convenait, des contraintes certes ou petites servitudes, des devoirs bien sûr mais était-il concevable d'imaginer que l'armée puisse un jour cesser d'en imposer??
Combien étaient-ils ceux de son contingent, les nombreux appelés de la 68 2 c à se morfondre dans quelques casernes, à répéter inlassablement le maniement d’armes, à subir peut-être de sévères trempes.

Enfants qu'apprenaient-ils André et ses amis sur les livres d’histoire sinon  batailles et guerres, ils étaient pourtant friands de patriotisme, le mot ne leur était pas familier mais les victoires leur paraissaient justes et belles, la faconde du maître transcendait, sublimait même l’ordre cynique des affrontements, les petits soldats de plomb ni ne pleurent ni ne saignent, comment auraient-il pu ces adorables gosses s’interdire et sans le moindre drame possible de rêver ?!
L’histoire de France disait-on, histoire de conquêtes, belles fresques écrites et dessinées sur le thème des grands hommes, le maître lui-même ne s’interdisait nullement de se gausser de quelques personnages plus falots, il disait l’histoire subjective celle des manuels celle de l’ordre républicain celle de la raison !!!
Combien de fois André et ses camarades sortirent de classe en guerroyant sous pluie et soleil indifféremment, quelquefois traînant leurs godillots dans les flaques et rentrant chaussettes et blouses trempées !!
C’était ainsi , six ans , sept ans , huit ans , les années bonheurs celles de l’insouciance  celles des tartines d'une confiture épaisse, dégoulinante, celles des jeux éternels , celles aussi de la tendresse , cette tendresse qui inondait les yeux indulgents des gens aimants,ce sentiment fort qui faisait courir le long de son corps de doux frissons .


André était salarié à l’époque de son incorporation, il rompait depuis longtemps déjà à bien des ordres soumissions et contraintes, et n’envisageait jamais sa contribution au service national sous un angle bien différent, il concevait fort bien que pareil système puisse s’organiser autour et entre les hommes, et à fortiori en temps de paix où il n'y voyait même que des vertus !!
N’avait-il pas lui-même mûri sous la férule bienveillante et affectueuse de ses grand-mères, servi la messe avec conscience et gravité auprès du curé de son village pendant ses jeunes années, admis et même aimé sans restriction l’autorité et l’enseignement fleuri de ses instituteurs.
Il avait le sentiment d’être un très bon élément souvent farceur certes mais droit fraternel et discipliné ….
Moins farceur serait-il devenu curé ?? Pas impossible en effet son goût précoce pour les prêches , sa subordination à l’institution et à l’influence religieuse , son désir du paraître , l’exactitude et la bonté de ses jugements , son éloquence peut-être, beaucoup de conditions paraissaient remplies !!
Mais à dix ou douze ans frappent à la porte de la vie d’autres chimères et deviennent soudainement intrusifs bien des tourments …

Noël Vallier

lundi 14 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite ) .

André venait d’être invité pour une croisière de trois jours.
Il embarquerait sur une goélette à destination de Bora Bora, île sous le vent proche de Tahiti, autre perle, autre merveille !!
Le deux mâts appartenait à un commerçant chinois, il serait pris en main par un barreur expérimenté.
André rassembla quelques effets, acheta plusieurs rouleaux de film pellicule et se promit le jour venu d"en faire le meilleur des usages .
Ce jour-là l’odeur du coprah titillait fort ses sens, elle embarquait en chemin tous les effluves capiteux de l’île, ceux qui s’exhalaient depuis les limons acides, les fruits mûrs, ceux qui suintaient depuis le port de Papeete , monoï gras et bois de coque noyés .
Rien de nouveau sous la voûte polynésienne mais de fidèles répliques, toujours égales, grands moments matinaux, constructions de jours limpides nés de la terre et du soleil.
Que pouvait-il espérer de mieux que ce bonheur parfait ??!!
A 260 K au nord-ouest de Tahiti se dresse fièrement l’île de Bora Bora considérée comme la perle la plus aboutie du pacifique.
Quarante kilomètres carrés de superficie elle donnait et donne encore aux touristes de quoi satisfaire leurs envies de vertiges, sept cent mètres de foisonnante verticalité pour le point culminant, André pourrait s'ébaudir devant tant de panache et pris de grisants vertiges il se souviendrait une fois encore du spectacle plus dépouillé des dentelles basses des Tuamotu …
Une passe unique peu profonde autorisait le chemin des cargos, en revanche l’accès en amont leur était interdit, ils stationnaient dans le chenal.
Combien de touristes restèrent ainsi saisis, André visiteur privilégié de cette année 1969 n’imaginait pas combien ces beautés deviendraient statistiques et comment la fin du 20 siècle traiterait de ce tourisme luxueux en rigoureuses prospectives économiques.
Quelle formidable horlogerie !!

Le voilier s’était immobilisé du côté de la baie d’Hitiaa après une traversée sans histoire.
Parti de Papeete vers cinq heures il pointerait le bout de sa coque à Bora Bora une dizaine d’heures plus tard.
Les deux tahitiens manoeuvriers avaient tiré un espadon d’une vingtaine de kilos, ils avaient levé les filets les plus tendres et préparaient un gourmand poisson cru.
Mariné au lait de coco et au jus de citron, mêlés à quelques aromates et épices, les tranches taillées en carpaccio prendraient ainsi jus dans cette odorante marinade.
L’océan tout au long du parcours avait giclé ses écumes par-dessus le petit bastingage, ils étaient trempés, les embruns fouettards couraient sur le pont, ils vivaient ces péripéties en s'en amusant, leur short en tissus de paréo collait à leurs fesses, mais de leurs fesses ils n'avaient que faire !!
Quelle suite en trombe, il venait de passer l'âge de ses vingt ans !!

Il fallait en convenir, cet âge avant la fin des années 70 n’était point encore celui de la majorité, l’autorité des parents n’était pas discutable et jusqu'à bien tard dans la vie de leurs progénitures, et pourtant se souviendrait-on du moindre petit problème ?
Jamais en effet ou si peu, l'emploi ratissait encore large il y en avait pour toutes et tous et pour les plus ambitieux même en retard d'une guerre le savoir faire et le talent finiraient par payer !!
Le service militaire se révélait en outre pour beaucoup comme une longue parenthèse formatrice et la conscription considérait souvent cette servitude comme un moindre mal, André lui y trouverait de substantiels avantages !!
 
Ce n’était plus le temps de la guerre, il suffisait pour s’en convaincre de lever les yeux vers le ciel.
Point d’encombrement , nulle pétarade , et sur terre pas la moindre trace du premier fantassin , cependant la France expérimentait , il arrivait hélas qu'entre ciel et océan de sinistres champignons taillent la route , une variété nouvelle probablement, très très vénéneuse...
Plus tard ils apprendraient que leur fumet était de la famille de la vérole.
André petit bonhomme candide, épargné des sinistres charniers d'antan, douloureux lendemains de guerre vivait-il vraiment le meilleur ?

Noël Vallier

lundi 7 novembre 2011

Petite fatigue ...


Poésie je m’en veux c’est un peu ridicule
D’aligner sitôt faits les mots que l’on surprend
Et des maux de nous deux épuisées particules
En afficher des pages en dire tant et tant

S’émouvoir convenus au seuil de leurs alcôves
Si peu les voir jaillir à l’heure des tourments
Qu’un peu de joie venue face à nos gueules torves
Serait le soir baissant comme un meilleur moment

Cette mine affligée et ses traits que l’on tire
De la plume emplumée du soleil de Satan
Baguenaude en misère avec quelques sbires
Pour enfin céder lasse deux ou trois mots tentants

Ah j’en suis revenu de ces littératures
Que me suis-je empêtré tant de fois redondant
A donner au ciel bas un goût de confiture
A l’azur empêché quelque élan bondissant

Poésie de mes deux de mes quatre de mes douze
Belle prose en bel ordre rimes et mots indécents
Prendre si peu de pieds pour de telles partouzes
Me laisse tout hagard m’accable de torts récents

Dire l’art est litote voyons ceux qui bâtissent
Depuis le gris du crâne quand ça monte peu à peu
Par tournis et étages aimons ceux qui ratissent
Du gravier et du sable si peu sont-ils pompeux

Range donc ton pupitre pour un temps d’oxygène
Plies tes bagages et d’armes plus jamais ne consens
Inonde de salpêtre tes sens et tes hygiènes
Va donc voir petit scribe tout là-bas … et ressens !!


Noël Vallier

dimanche 6 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .




L'Archipel radieux ( suite ) .


La journée à Papeete serait libre de toutes contraintes militaires, il en profiterait pour passer chez le disquaire, à l’intuition il se fendit d’un vinyle, dans les reflets de son carton glacé s’embarquaient deux visages de femme .
L’une était noire, l’autre était blanche, elles étaient belles et s’amusaient toutes deux de l'échange conjoint d'un regard complice.
Il repartit vers Arué empruntant la première navette et négligeant pour une fois son tour de marché.

Il connaissait le trajet par coeur, tellement fréquentable ce long tunnel d’ombre vers Pirae, providentielle fraîcheur que la tôle du bastringue ambulant absorbait hélas en partie.
Il aurait préféré le truck, fraîcheur garantie pour le coup, parfums faufilés entre ses étroites claires-voies, une,deux, trois peut-être elles seraient là, jamais les mêmes mais toujours ravissantes les vahinés à la peau cuivrée, dorée jusqu'au derme allez savoir, souvent parties pour quelques escapades à travers districts .

Quelques éclats de rire, des regards fuyants ou invitants c'était selon leurs humeurs les circonstances ou le charme des garçons, elles les feraient souvent tourner en bourrique !!
André serrait fort son vinyle, comment chanterait le microsillon, musique en tête il swinguerait de la soul musique, il voulait bien le parier.
Il se distrait encore!
Souvent les tahitiennes étaient assises, le tissu de leur robe paréo en partie enfoui dans leur entrejambe, rien de leur anatomie intime ne serait ainsi dévoilé, craignaient-elles des indélicatesses de quelques gredins ?? Sans doute !!
Parvenu au camp, il se précipita en direction de l’algeco, puis il se saisit du Teppaz cala le microsillon et s’appuyant d’une fesse contre son lit se réjouit de ce qu'il écouta, les deux "nanas" se disputaient un vibrato étourdissant de jazz, l'ambiance musicale lui parut novatrice, la course rapide du 45 tours le contraint à recharger une vingtaine de fois.
Il était heureux.
Toujours la même routine aux cuisines, Napu n’était plus depuis deux mois, Hatani autre colosse avait pris du relief.
Lui serait-il venue la soudaine idée de se laisser aller à distribuer quelques claques que les gringalets de la brigade se seraient retrouvés sur orbite Tahitienne en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Mais Hatani était un brave...

André avait guéri ses plaies, traînaient encore quelques courbatures qu'il oublia bien vite.
Au camp la petite chambrée vivait une belle fraternité, Stéphane de Marseille traînait fort son accent , de belle allure il chaloupait un peu comme aux meilleurs moments de Panisse, son chic était épatant bien loin de celui recommandé par les injonctions culturelles de Marcel Pagnol , cependant André aimer situer le coeur battant de Stéphane cognant du côté du vieux port, cette belle rade toute en couleur semblait vraiment lui correspondre.
Bernard plus rond était pourtant souple comme une liane, ses lunettes cachaient un peu ses yeux rieurs, sa superbe intellectuelle s'imposait à tous, il était fraternel et attentionné, il exerçait au civil le difficile métier d'instituteur.
Les deux amis tenaient depuis le premier jour de leur arrivée au camp un volumineux registre exclusivement dédié au septième art, ils annotaient tous leurs ressentis, le film du soir passait au crible de leurs jugements seraient ainsi reconnues quelques séries B ou d’autres polars mésestimés, rejailliraient ainsi à la barbe des incrédules les vertus de nombreuses pellicules que beaucoup ne concevaient plus!!
Les étoiles chichement attribuées faisaient belles les pages de cet abécédaire, pertinemment argumentée la bible faisait référence...

Oubliées les moustiquaires , les petites bêtes fouineuses s’en étaient allées voir plus loin pour trouver un peu de pitance craignant tant désormais des redoutables machines à fly-tox …
Il venait d’apprendre que de sévères frictions avaient ébranlé la veille le fameux « Quenns » à Papeete, de la viande saoule avait traîné tard sur le quai et autour de l’embarcadère.
On y avait relevé des tahitiens des légionnaires et quelques énergumènes hybrides, tous remarquablement agglutinés !!
Les tôles de l’établissement avaient souffert, le comptoir s’était un peu disloqué mais l’endroit ne ferait pas relâche, dès la nuit tombée le dancing sulfureux reprendrait du service.
Le camp recensait quelques gueules cassées, le commandement de la légion avait ordonné des consignes pour que cesse un temps cette épidémie de distribution de mandales !!
Au camp chez les appelés c’était plus distingué, plus précieux, plus coquet, pour tout dire plus tendance !!
Huile de monoï couleur miel protection 0, c’était leur ambre solaire de référence , gare aux peaux laiteuses, gaffe à celles que le soleil aimait tant rosir, elles seraient rongés le soir même, d’autres plus résistantes seraient toujours au meilleur.
Ils étaient ainsi quelques éphèbes à arpenter le camp, leur bronzage noir cuivré patiemment travaillé flattait leur ego!
Parviendraient-ils un jour à devenir tous blonds?

Noël Vallier

mercredi 2 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .



Ils repartirent tard, très tard, elle prit son scooter il lui saisit la taille, la nuit était douce, à peine ressentaient-ils la petite fraîcheur que la vitesse de l’engin brassait.
Elle le déposa prés de l’entrée du camp lui souffla un baiser puis elle repartit en direction de Papeete.
André consulta sa montre, il était trois heures, il veillerait à ne point troubler le sommeil de ses amis.
Ils dormaient tous profondément, il lui restait un petit bout de nuit pour se requinquer …
Pauvres grands-mères , sa conduite de la veille puis les jeux qui suivirent eussent été qualifié de turpitudes par les saintes femmes, il aurait écopé sous leur tutelle et en de telles circonstances d’une très sévère pénitence, le péché de chair n’était-il pas à leurs yeux le plus haïssable ....
Le tarif ordinaire délivré par l’arbitrage clérical aurait alourdit la peine il aurait en effet retenu des circonstances aggravantes pénalisant lourdement ses humeurs folâtres et sa conduite indigne .
Mais on ne confesse plus sous la contrainte à son âge , il songeait au redoutable tarif syndical , il échappait ainsi à la vingtaine de « Notre Père » requise puis une autre vingtaine de « Je vous salue Marie » que le redoutable curé n'aurait pu dissocier !!
Quand il était gamin à confesse après la sentence il s’agenouillait bien calé contre le dossier de la chaise et il récitait les louanges prescrites , il aimait se laisser distraire pour les "confesses" des fins d’après-midi d’été par les reflets du grand vitrail de l’église magnifié par les rayons du soleil déclinant .

C’était le lumineux mois de juillet et la métropole connaissait peut-être ses premières canicules !!
Amédée avait déjà disposé ses tréteaux et leurs couvertures de bois d’hêtre , rassemblé la main d’œuvre saisonnière et c’est dans leurs mains expertes que serait étalonné le calibre parfait qui conviendrait si bien aux niches capitonnées des cagettes .
Les pêches de la vallée de l’Ouvèze étaient les meilleures , l’arboriculture du village fière de ses dizaines d'hectares contribuait au développement du label .
Etaient écartées sans concession celles dites du « retrait » , énormes et charnues, trop mûres pour l‘expédition , elles finiraient au commerce de détail à la grande satisfaction des gourmets qui savaient combien ces fruits dépareillés contenaient d'exceptionnelles saveurs !!

Les géraniums des mémés devaient se répandre en cascades débordant sur toute sa longueur le muret de la terrasse.
Réduiraient-elles cette année encore quelques tuiles pour colorer les hortensias et auraient-elles la force de sarcler une fois encore les mauvaises herbes de la petite cour ??

Il se réveilla à l’heure prévue, il ne pourrait s'y soustraire ...
Endormissement tardif , nuit expédiée mais réveil collégial.
André en manque de sommeil se retrouva sous la douche, comme les autres, à peine prit-il un peu plus de temps pour se défaire à regret des dernières petites poisses de monoï qui collaient à son cou …

Il partirait ce matin à Hao, un avion militaire l’emmènerait sur cette île lointaine pour une journée sportive qui engagerait son équipe dans le cadre d’un tournoi de rugby.
Ah ces merveilleux moments de castagnes !!
A ce jeu les tahitiens étaient redoutables, félins, puissants les gaillards  des îles plantaient des mailloches en pleine poire, les piliers de l’équipe militaire répliquaient de concert ...
André et ses amis fraterniseraient avec leurs opposants du jour, le temps sans concession du match était une épreuve, celui de l’amitié effacerait aussitôt les conséquences de quelques querelles.
Un impressionnant « Tamara’a Tahiti » serait servi en leur honneur à la tombée de la nuit !!
Cuits à l’étouffé dans un four de circonstance creusé à même la terre, enveloppés dans de larges feuilles de bananiers posées sur des pierres brûlantes, recouverts de feuilles de palme, puis de terre et de composts végétaux les cochons de lait seraient longuement apprêtés avant que d'être répartis aux convives en portions généreuses .

La fête se terminerait tard, au moment unique où le lagon frissonne saisi par la fraîcheur des heures profondes de la nuit, à l’instant ou clapotent un peu plus bruyamment ses vaguelettes, viendraient alors lointaines résonances, se répandre les sons étouffés de quelques musiques étranges comme accouchées depuis l'encre noire du ciel polynésien .

Ils repartiraient tard le lendemain, l’avion militaire embarquerait la troupe encore éteinte en direction de Papeete, au fil des minutes l’azur radieux de la Polynésie claquerait dans leurs mirettes sa transparence mystique, puis saisis par des vertiges incontrôlables, ils contiendraient pudiquement leurs émotions …

Noël Vallier .

lundi 31 octobre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ,

Ah ces longs moments passés à rêvasser à l'ombre tiède , si près des foisonnements fleuris , un peu en repli André paressait aussi , les narines saisis par des parfums en sieste , le regard dévoré par l'étalage d'une ribambelle de beautés .
Dans les allées du marché de Papeete les étals regorgeaient de fruits , des centaines d'effluves mêlés suffoquaient le chaland , c'était une sorte de vertige , un festival de couleurs , une fête ..

La petite caméra super 8 offerte par son aïeul  traînait hélas trop souvent dans son armoire , il s’en était servie pour immortaliser les beautés du petit atoll de Tureïa , cette pépite l'avait inspiré si fort qu'il avait  consommé toutes ses pellicules , liquidé son stock et bien avant son retour sur Papeete !

Les fêtes de juillet approchaient et la capitale polynésienne préparait cet évènement avec une ferveur et un enthousiasme extraordinaires .
Les courses de pirogues , les danses tahitiennes accompagnées par les rythmes sourds des tambours et les plaintes amoureuses des ukulélés , les tamourés lascifs magnifiés par la plastique parfaite des danseuses et danseurs , les chorégraphies somptueuses , ce spectacle foisonnant peu à peu devenait quasiment immatériel la foule captive , saoule de liesse danserait et chanterait jusqu'aux premiers frémissements de l'aurore ...

Des touristes gras et mal fagotés , chemises tahitiennes enfilées à la hâte sur leur chair grasse , débordante se   déhanchaient , grotesques , et venaient resquiller un peu du bonheur des anges .
Les danseuses sourires figés chaloupaient leurs hanches , elles frôleraient ( suivant les termes établis du protocole )  les panses considérables de ces clowns , leurs femmes aussi niaises se tordaient en tout sens  vilaines canes , et semblaient telles de vieilles catins attendre que quelques danseurs montent …

Les sottes !!

Il était tard , les bedonnants touristes s’étaient sûrement vautrés sur quelques sofas , épuisés par leurs pitreries , les dernières heures de la nuit seraient ainsi préservées.
Après plusieurs heures de danses ininterrompues les artistes firent la pause , ce court répit ne troublerait point l’extase , au repos danseuses et danseurs se déplaçaient encore comme Cupidon …
Puis tard dans la nuit ils repartiraient vers Papeete , instruments soigneusement emballés , ils ne leur faudrait pas moins de trois trucks pour embarquer matériels et artistes !!
Ce soir là  André et deux de ses amis miraculeusement resquillèrent chacun une place …
André ne cessa jamais de me confier de si belles images sur les odeurs et les miracles de la nuit Polynésienne  que je ne peux résister à l'envie de vous en conter encore !!
Il s'émeut toujours quarante ans après à la seule évocation du vent , ce vent tiède fouetté par la vitesse de déplacement du truck , cette brise lui caressait la nuque , elle fuitait par les ridelles de l‘engin , cet alizé  charmant , il en rêvait déjà quand il était gamin avant que les heures ne soient chambardées , en plein été sous les platanes , près des étoiles à l’heure des grillons ...
André et ses collègues finiraient leur nuit au « Bounty » seul endroit de la ville ou pouvait se concevoir un noctambulisme délicat et préservé .
André invita une poupée .
Ils se collèrent l’un à l’autre , quittèrent précipitamment la piste , puis ils se bécotèrent goulûment s'abandonnant sur l’une des banquettes profondes du night-club.
Elle parlait un français impeccable , ils sifflèrent un whisky-soda pendant l’attraction.
Une belle blonde s’effeuilla minaudant jusqu'au dernier accessoire et ce fut le moment excitant de sa nudité la plus expressive .
André ne ressentit jamais le moindre trouble , il préférait plonger dans les yeux humides de sa danseuse …
La piste était bien trop encombrée, elle le prit par la main ils remontèrent deux ou trois rues puis elle l'invita au seuil de sa porte ....


Noël Vallier












samedi 29 octobre 2011

Les Martiens et la Sécu ...


Les Martiens débarquent !!!

C’est semble t-il la vague migratoire la plus importante à laquelle nous allons devoir faire face ….
Se posera alors un nombre incalculable de nouveaux problèmes, de nouvelles difficultés ….
Sale temps pour les daltoniens par exemple , eux qui pestaient et à juste titre de ne pouvoir qu’au prix de grandes difficultés discerner le noir du blanc , le blanc du jaune , le jaune du noir devront désormais compter avec le vert …
Et quid de leur intégration, voudront-il en effet passer sous coupe ??
Notre modèle social ne risque t-il pas d’être définitivement mis à bas, en effet qui se portera volontaire pour accueillir sa part de nouvelle population martienne devra investir dans le froid électronique états-Unien …
Car nous savons bien que sur Mars ça pèle grave …
Et nous savons aussi depuis bien longtemps que nos régimes grelottent.
Et sauf à considérer que les pôles pourraient leur être acquis, j’imagine aussitôt la tête des Inuits, on voit mal comment pourrait être répartie la nouvelle masse !!
Le stade GEOFFROY GUICHARD pourrait certes prendre sa part mais c’est à ma connaissance le seul complexe sportif français susceptible de consentir un tel effort.
Encore que ne seraient point réglées les difficultés liées à la rotation …
Et le stationnement de leurs engins ??
Quelques visites impromptues nous apportèrent les preuves visibles d’une détérioration scandaleusement géométrique de notre environnement, conséquences de leur atterrissage vertical, s’en suivirent des champs de luzerne tondus en u en v en y en o, combien d’agriculteurs devinrent sitôt mabouls, combien de vaches surprises nuitamment, choquées, se mirent soudainement à braire et combien de laids se mirent à tourner … sans raison !

Oui notre modèle social est en berne, nous avons déjà tant de mal à réguler les équilibres précaires de nos différents régimes qu’il convient me semble t-il de pétitionner sur une grande échelle (ce n’est pas sans risque plus l‘échelle est haute et plus elle tangue) pour exiger que tout soit mis en œuvre afin que cette migration verte soit reportée dans le temps.

30000 ou 40000 ans par exemple, le temps qu’il faudra à nos gouvernants pour redresser les comptes, après nous verrons bien !!


Noël Vallier.


vendredi 28 octobre 2011

Désolations ...



Puis la gadoue s’en vient et ses flaques livides
Peinent à préserver quelques cristaux fondants
La vie presse le pas sur les bordures vides
Que l’hiver blanc déserte en ce jour confondant

Nous sommes blancs venus tombant comme la neige
Agrippés aux flocons nous aimions tout comme eux
De cette averse vierge faire quelques solfèges
Portés par mille croches et leurs rondes des cieux

Nos yeux d’enfants encor étourdis par l’ivresse
Du silence brodé cousu par ces fils blancs
Ont cédé aux carreaux de folâtres paresses
A s’ébaudir sans cesse de voir couvrir les bancs

Quand elle tombe rien de nous lui oppose
Ce procès destiné à l’éphémère vie
Qu’une beauté trompeuse ce que dure une rose
Ni ne vaudra clémence ni doutes ni survies

Nous la verrons très grise après quelques souffrances
Vengeresse épinglant sur ses crêtes gelées
Ses épaisses rondeurs leurs verglas et leurs danses
A damner nos cadences et flirter nos coulées

Pourtant l’hiver prochain quand les belles semaines
Chanteront leurs flonflons qui le gui qui le hou
Viendront blanches torpeurs ces désirs blancs de traîne
Avant que l’on patauge, maugrebleu dans leurs boues

Les cloches ..


Ah ce soir quelle allure il fut question de cloches
De celles qui agacent les gentils riverains
Les sons le do le fa ces gammes fieffées de  mioches
Ce vibrato insigne ces sons lointains ces trains

Ces trains dieux de la nuit et du jour qu’on espère
Ce rythme sacro-saint parjure de vauriens
Cette trempe de la vie de la mort ce diptère
Bourdon grave nocturne boumeur de maux pour rien

Je n’entends nulle voix pas d’écho outre-tombe
Ni plaintes ni ordures déversées par les saints
Je n’entendrai jamais gémir sous la dalle les zombis
Ou pleurer les braves hommes de s’être éteints sous tain

Les cloches de deux sous ou celles d’or qui casquent
Ding Dong Song qu’ont-elles fait de bienfaits sous les masques
Song Dong Ding les voilà les volées les voilures
Ces bonheurs hauts de vol  ces cintres ces parures

Que jamais rien ne manque au sommet du beffroi
Du sommet de ces cloches où les croches larmoient
Que jamais Dieu vivant il ne soit de blasphèmes
Que la place encombrée puisse aimer comme on sème

Et si de bruits s’égrènent les heures de la nuit
Et si le marteau Song du Messie trop ennuie
J’irai hurler ma peine comme geignent les chiens
Dans les buis vers les grives aux matins aoûtiens


Noël Vallier
 




L'Archipel radieux ( suite ) .


Sept mois !!!
Sept mois s’étaient écoulés depuis le jour de l’atterrissage du DC8 sur la piste de l’aéroport de Faaa.
André aimait revisiter les épisodes de cette longue séquence aérienne démarrée au  Bourget en ce mois de janvier 1969, et qui s"achèverait sur le tarmac de Faaa à Papeete capitale de "OTahiti E" en Polynésie française !!
Il devenait parmi d'autres chanceux l’un des acteurs de l'histoire inachevée d'une hégémonie , humble représentant de la France , cette métropole souvent héroïque , redoutable , riche d'une histoire de plus de mille ans , conquérante , ambitieuse , souvent irrésistible !!
Que d'émotions , une par escale pour le moins et tous les impromptus souvent des éclairs de soleil déchaînant de soudaines peintures d'azur toujours nuancées jamais tout à fait les mêmes ...
Et la carlingue prétentieuse traînant son fuselage et toutes ses structures , qui filait droit , déterminée , telle une flèche , maquillant le bleu du ciel d'une vaporeuse traîne blanche , immaculée .
Tant d’insolites circonstances saisies depuis l’œil curieux du hublot  !!
Cet épisode marquerait sa vie, une belle claque pour ses vingt ans , ébranlée à jamais sa toute jeune conscience !!

Les souliers traînant dans la boue des campagnes , la frimousse souvent mâchurée , les fesses et les cuisses râpées par le grain grossier des petites collines du sable jaune , puis chouchouté , "mercurochromé" par les mains expertes de sa mémé il se consolait ainsi de ces quelques mésaventures , enchanté par l'odeur de la violette et étourdi par les élégances de ses robes fleuries .

Il s’était souvent cogné les genoux en effet , premier cuir arraché , chairs sanguinolentes , hématomes et bosses , picots accrochés dans les fils de ses chaussettes , caresses des orties veloutées qui faisaient s’arrêter le jeu toutes affaires cessantes tellement étaient irritantes ses soudaines allergies .
Combien de fleurs de Lys furent ainsi pansées et autant de conjurations , mémé était une experte , elle réussit même un jour à stopper le processus douloureux et les conséquences déformantes occasionnées par les venins d'une vingtaine de guêpes !!
Etonnantes techniques empiriques , observances , transmissions , c’est ainsi que bobos , tourments de tous ordres , désordres intestinaux divers , coups de froids , coups de chaud , piqûres d’insectes , abeilles  guêpes ou frelons furieux , jamais aucun de ces désagréments ne connut la moindre impunité !!
Épiés, traqués par la médecine des campagnes, les maux et les bobos étaient éradiqués en toutes circonstances …

A onze ans André devint citadin !!

Il lui faudrait quitter ses grands-mères , oublier les criques et les fricassées de patates du jeudi , les salades de pissenlit , celles du cresson délicat cueilli dans les petits fossés courants du Crau , les odeurs de violettes qui imprégnaient tant robes corsages ou chasubles , il s'en allait à Valence découvrir les odeurs et les charmes de la ville.
Il pourrait découvrir d‘autres perspectives , connaître d’autres camarades , d'autres impressions bien sûr , celle si particulière du macadam mouillé par les pluies fines et ses exhalaisons d’odeur de suie , celles plus capiteuses qui couraient depuis le seuil de quelques boutiques , dont le fameux "Air du temps" de Nina Ricci  parfum coutumier de sa mère , absolument enchanteur , et cette colombe nacré superbe cabochon légendaire de l'éternel flacon.
Et les émotions que lui procurait l’hiver urbain , cet hiver contenu puis réduit par les façades haussmanniennes , ballotté par les néons multicolores des enseignes , ces ballets alternatifs de lumières vives encouragés par le tempo vif et joyeux de l’humeur consumériste …

Sept mois s’étaient écoulés en effet depuis son arrivée à Papeete , il aurait voulu faire plus de tourisme , visiter les îles voisines de Huaniné ,  Moorea , repartir dans les archipels , pousser jusqu'aux Gambier et  s’enquérir de l’humeur des beautés contrastées des îles Marquises .
Las , il n’était pas touriste , pas très argenté , mais l’armée lui avait déjà tant offert et il en convenait sans réserve , il se contenterait de son fabuleux ordinaire !!
C'est ce qu'il fit avec bonheur et application , il obtint ainsi son diplôme d’honneur de soldat de première classe!!
Son Commandant avait-il enfin compris les vraies raisons de sa regrettable déconvenue vécue sur l’atoll de Tureia ?
Il en était désormais persuadé .

Noël Vallier .

jeudi 27 octobre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Les deux aventuriers désormais ressaisis la crampe relâchée avaient retrouvé les copains , puis ils relateraient avec une certaine gourmandise leurs péripéties sous-marine .
Il se souvenait des requins de sable du lagon , familiers presque sympathiques , la gueule hermétique dessinée à la manière d'un insondable sourire , une interminable virgule comme pour mieux dissimuler leur ribambelle de crocs toujours redoutables , acérés et tranchants comme les diamants du vitrier ...
Les rencontres avec les squales n’étaient pas si fréquentes , il s’en produisaient cependant , dieu merci la taille des requins restait humaine le danger n’était point celui d’être dévoré mais celui d'être légèrement entamés peut-être !!!
Pas de quoi fouetter un requin ....
Que devenaient les anciens collègues d’André , le début du mois de mai était bien entamé , les petits farés de l’atoll participaient-ils des mêmes fêtes , la petite équipe était-elle toujours solidaire , soudée , les jolies vahinés de l’île pareillement curieuses et nouaient-elles quelques flirts ??

André envisageait les amitiés au sein de l’équipe militaire de l'atoll , elles avaient probablement débordé le cadre du camp pour s’en aller flâner jusqu'au village !!
La solitude collégiale de Tureia d'un côté , ses coraux dressés comme une dentelle grise , bataillon immobile briseur de vague et de lames , sentinelle immobile , semblant passive , redoutable bave de calcaire comme mortifiée , solide comme l'acier et vénérée par les polynésiens des îles , puis au centre disait-on un paradis de verdures , de fleurs , de senteurs tout juste capiteuses comme on les aiment , de panoramas grandioses et de fêtes sans fin ....
Une population généreuse attachante oh combien exubérante , puis une minorité de militaires , drôle de bataillon , définitivement convertis , jamais belliqueux intégralement désarmés et chaussés de tongs !!

Mais son récent souvenir de l'atoll !!
Il aurait pu sans relâche découvrir, comprendre, aimer ….
Il aurait lu , beaucoup lu , écrit sans doute , le panorama sans relief autour du cordon corallien eut été une source d’inspiration constante , il aurait aimé cette solitude il en était sûr aujourd'hui .
Il n'avait pas vu grand chose du lagon , pas assez ,quelques visites seulement , il le regrettait , il le regretterait longtemps ...
Il se doutait bien de ce qu'il aurait pu obtenir de ses convives du coquet réfectoire ..... une métamorphose !!
De bâfreurs ils se seraient transformés en esthètes , le boudin aux pommes ainsi réhabilité , le salé sucré expérimental unanimement reconnu et apprécié , le repas un vrai moment de fête ,
Il aurait toujours aimé la majesté des frégates , leurs cris , vu tous les jours le soleil baigner ses rayons à l’est puis à l’ouest et au ras des vagues s’inonder et inlassablement renaître .

A Tahiti c’était touffu, luxuriant, embaumant, les végétaux somptueux et les fleurs uniques croisaient jour après jour tendrement le fer avec l’azur et de leurs blessures légères survenait l’esprit de la volupté.


Noël Vallier













mardi 25 octobre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux (suite) .

Napu prenait son scooter pour se rendre à son travail , il venait rejoindre André et la brigade depuis son faubourg de Papeete .
Il ressentait tel un ingénu le bonheur que la griserie de son petit engin pétaradant lui collait à ses basques , il moulinait au ras du macadam , à la limite de l'emballement , le boucan pulsé comme celui que libère les vieilles cafetières .
Toujours nonchalant , califourchonné sur son siège en skaï , c’est plein gaz qu'il croisait à l'entrée du camp   les plantons du poste de contrôle !!
Sans casque , tignasse au vent , cheveux corbeau , Napu taillait la route comme un gamin , son scooter c'était sa meilleure sucrerie , sa vraie gourmandise .
Ce colosse de deux mètres était l’ami des militaires du camp , orfèvre culinaire il s'amusait en cuisine et déclinait une palette de virtuosités confondantes . Pourtant les louches , écumoires et autres ustensiles un peu perdus dans ses mains semblaient comme des accessoires de dînette , l'acier trempé à la vue de la prochaine poigne tremblait comme le fer blanc !
Napu était un chef , quiconque en contesterait l’usage ..... mais jamais personne n'en contesterait l'usage !!
Un jour il fut absent , puis le lendemain , André et ses amis apprirent qu'il s'était fracassé sur le bitume , le scooter en miettes , tôles et chairs éclatées à l'intersection de la route littorale pas très loin de la base .
Les fleurs de tiaré le temps de son agonie avaient du frissonner d'horreur , lui qui les aimait tant ne saurait pas que pour lui rendre hommage elles avaient exhalé ce soir là les meilleures essences de leurs sucs .
La brigade fit désormais sans Napu , Hatani pleura , la brigade était triste , l'atelier leur parut soudainement géant .
Ils récupérèrent ses affaires personnelles , elles furent rendues à la famille.
Napu avait souvent évoqué son île , il en connaissait tous ses beautés et depuis ses cimes il pouvait disait-il être aussi fort qu'Orio Mata ( oeil du cyclone ) .
Pénétrer l’île n’était pas si facile , terre sauvage et préservée en son centre elle comptait une multitude de végétaux , pour avancer dans cette jungle il fallait à la machette faire un chemin , il donnait invariablement une fois les broussailles dégagées sur de somptueux édens .
Les espèces d’oiseaux étaient innombrables et les gazouillis tremblaient les mares fréquentes que les pluies soudaines avaient composé au gré de leurs humeurs .
De spectaculaires chutes d"eaux giclaient depuis les falaises , certaines sans le moindre répit , naissaient ainsi d’impétueux torrents que la saison sèche ne parvenait jamais à réduire .
André s'impatientait de connaître l’île sur toute sa circonférence, il s"amusait déjà des pétaradants teufs-teufs lâchés par le truck.
Connaissait-on manière de transport plus charmante ??
Sur les routes étroites à l’écart de l’axe principal , il se souvient encore des caresses fortuites des frangipaniers , des virées chaotiques tellement amusées sur ces portions de routes défoncées par les pluies puis en chemin toujours le rire des vahinés , une fleur de tiaré autour de l’oreille , moquant sans cesse les espérances des « faranis ».

Le gars de Beaucaire avait une personnalité trempée , la démarche légère il prenait délicatement appui sur la pointe de ses pieds et ainsi chacun de ses pas lui assurait une prise de félin .
Il donnait cette impression agréable que de se mouvoir en apesanteur , à la manière des plus gracieuses tahitiennes !!
Amateur de plongée il sollicita André pour l'accompagner en direction des premiers fonds , bien après l’embarcadère.
André qui était encore un néophyte hésita un court instant puis il opina , sans doute pensait-il posséder une maîtrise suffisante .
La faune sous-marine était exceptionnelle , le festival de couleur prodigieux , des poissons par centaines semblaient suspendus au courant de ces petits fonds , immobiles , puis il taillaient la route à la vitesse d'une torpille dès les premiers remous gênants de leurs palmes .
Les deux copains remontaient en surface pour reprendre souffle , ils limitaient la profondeur de leur exploration à sept mètres ( et des poussières d'eau ! ) .
Ils étaient encore à distance proche de l’embarcadère , une centaine de mètres environ , il distinguaient déjà les premiers bénitiers .
Jacques fit un signe et ils poursuivirent leur balade sous-marine .
André sans grand enthousiasme , Jacques avec culot !!
La petite église cédait peu à peu sa place à une sorte de cathédrale et s’ouvrait ainsi devant eux une apparence de gouffre .
Une cinquantaine de mètres tout de même !!
Et de soudainement ressentir quelques sueurs froides !!
La faune semblait plus hostile , les proportions paraissaient décuplées.
Jacques le brave après avoir imposé de fréquentes séquences d’apnées jugea opportun d’indiquer le signal  du retour.
Tout se déroula pour le mieux, ils finirent par toucher les piloris de soutien de l’embarcadère, avant que de ressentir les premiers symptômes d’une crampe massive , carabinée …


Noël Vallier

dimanche 23 octobre 2011

A toi


A toi

L’amour l’amour n’est rien en dehors de soi-même
Si je t'aime c’est moi que je contourne un peu
Inceste douloureux comment dire je t’aime
A l’ombre de son ombre sait-on que l’on est deux

Si je m’accroche à toi quand près de toi je tremble
C’est que je m’aimais tant toi que j’ai confondu
Au reflet du miroir tant ton cœur me ressemble
Cœur que j’ai façonné à mes moments perdus

Cette note qui flotte survivante aux remous
Ces manies ces manèges et ces chagrins qui cognent
A la porte fidèle aux verrous un peu mous
M’emprisonnent aux barreaux que peu à peu je rogne

Cette progéniture ces enfants qui nous lient
Ce potentat factieux et ses larmes rebelles
Élèvent nos deux âmes si haut après les cris
Que tu pourrais hurler je te trouverais belle

Miroir l’amour est tout à l’intérieur on s’aime
Et si tu me ressembles je te ressemble tant
Biseaux glaces biaisées tes reflets flottants sèment
De l’ivraie sur mes notes que tu claques en riant

Toi et moi c’est nous deux n’ergotons plus ma crème
Cette ombre cette silhouette qui se pend à mes bras
Et qui traîne à mes pieds dès les premières flemmes
Du soleil qui paresse c’est toi mon ange …tout bas


Noël Vallier



jeudi 20 octobre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux (suite) .

Les plus charmants ou les plus acharnés parviendraient peut-être à capter un peu de leurs attentions mais ils seraient confrontés à d’effrontées espiègleries , parades très élaborées qui des jours durant se joueraient de leurs impatiences avant que ne surgissent les premières frustrations.
Un flirt , André n’en demandait pas davantage , il lui suffirait d'un flirt , mais d'attentions délicates elles n'en réservaient qu'à leur miroir ...
Étrange miroir présent comme une ombre , cette ombre partenaire exclusive de leur charme , de leur sensualité , conséquence heureuse de la fronde ininterrompue d’un soleil amical , intrépide …
Il attendrait quelques heures , quelques jours , pour enfin pouvoir frôler du bout de ses lèvres le goût de l'épice sucrée salée du velouté de leur peau .
Les militaires n’étaient pas en odeur de sainteté , leur présence sur l’île était jugée assez sévèrement , leurs projets leur paraissaient singuliers et hostiles , certains n’hésiteraient plus plus à dénoncer un comportement despotique !!
Seules les barrettes blanches ou dorées flanquées sur des épaulettes plates impeccables trouveraient grâce ces symboles de pouvoir élégamment affichés ne laissaient jamais la population indifférente et pouvaient alors  circuler dans des haies de "Oh" les héros des anciennes campagnes !!

André se trouvait ce soir là sur la plage grise près du « Royal Tahitien » c’était la fin de l’après-midi , le soleil rasait encore l"écume , s'abandonnaient sur sa peau quelques moiteurs perlées , il s’approcha des lèches éclatées et s’assit les fesses collées sur le sable.
Le petit ressac des vagues le faisait amusément rebondir, cette gymnastique marine dura le temps d’une grande bouffée d’iode , puis il se laissa sécher par le petit vent marin .
Il regagna le camp vers 18h30 , toujours un peu saoulé par l’odeur vanillée des amandes pulvérisées venue depuis Papeete…

Les haut-parleurs d’Arué diffusaient en boucle Otis Redding .
Le rythm and blues connaissait ses heures de gloire, et les vinyles de la collection «Terrible" ou
" Formidable" » vampirisaient le genre , tournaient sur le diamant du camp tous les succès du maître .
Nos amis ne s’en lassaient pas !!
L'homme , l'artiste remuait les coeurs et les tripes , André n'en pouvait plus d'espérer " Try a little Tenderness" à ses oreilles le titre constituait l'une de ses orfèvreries principales parmi bien d'autres joyaux et c'est ainsi qu'une méthodique sarabande faite de géniales lignes syncopées toucherait sans jamais cesser l'âme et le coeur du contingent .
Le cinéma du camp  projetait un soir donné  « Les Tontons flingueurs »  la petite chambrée avait fait une conséquente provision de bières Hinano , nos amis étancheraient leur soif au rythme des crochets , des directs ou des uppercuts de Lino Ventura .
Lino tombait les coups comme la pluie disperse ses gouttes , sur le même rythme les amis tombaient les canettes , et la société Hinano de se frotter les mains , la 68 2 c ne faillirait pas , elle contribuerait à sa modeste mesure à l'aide au maintien de l’emploi local sur ce rafraîchissant secteur économique !!

Ils avaient décidé après le cinéma de se rendre à Papeete , au « Bounty » plus précisément , c’était la dernière navette militaire, ils reviendraient en truck.
La route de la plage entre Arué et Papeete était sur tout son long bordée par les stands de marchands de brochettes , le Drive-in voisin avait comme à l'accoutumée rempli ses tribunes , en chemin les sensations ne changeaient guère , étourdis d’ivresses tropicale  juchés sur leurs petits nuages nos amis s'en allaient en conquête !!
La fraîcheur fidèle du district de Pirae une fois encore leur caressa le visage.

Le Drive-in du district d’Arué qui se situait à quelques centaines de mètres du camp envoyait de l'écho, Mélodies nord-américaines , musiques traditionnelles locales , elles ne cessaient de titiller leurs oreilles chargées du souffle parfumé des alizés , cette brise nocturne qui traînait dans son sillage des odeurs de monoï fin et de berlingots.
André y voyait souvent défiler ses amours , celles du cinéma des années 50 et 60 , l’enceinte du Drive était comme une arène , et depuis l'espace des automobiles montaient des volutes de fumée de cigarettes blondes jusqu'aux tribunes pour s'y mélanger et soudainement s'y perdre .
L’écran surdimensionné n’en finissait pas d'envoyer ses lumières vives très haut vers les cimes des cocotiers comme des éclats parfaits d’arc en ciel .
Que la fin du film soit funeste ou délirante elle était toujours ponctuée par de grands éclats de rires , rires détachés presque fuyants , rires redoutables et les ravissantes polynésiennes à peine vêtues que de faire tourner en bourrique tous les hommes du stade !!
A deux pas du Drive en bordure de plage les marchands de brochettes piquaient sur des jonchets en bois de menus morceaux de viandes , après cuisson ils enrobaient l’ensemble d’une moutarde douce , le rendu visuel était agréable et la préparation fort appétissante.
Les baraques ambulantes fournissaient sans répit , l’humeur était bon enfant , par petits groupes les festifs du soir trouveraient vite les meilleurs coins de bringues !!
Il connut souvent pareille ambiance , les bâtons frappaient à l’unisson la peau de requin tannée des Pahus et cette cadence animale entraînait le fol , l’incendiaire roulement de hanches des insolentes danseuses .

La soirée s’était prolongée deux heures durant , André n’était plus seul , il tenait dans ses bras une ravissante   tahitienne , elle était fine , tendue comme une liane , l'iris de ses yeux pur comme la transparence bleutée de l’océan , elle lui caressait la nuque tendrement il ressentit une sorte une fièvre.
Ils s’embrassèrent longuement puis elle disparu ….
Il s'en retournerait vers Arué le cœur gros , cueillerait sur sa route quelques pétales de tiaré , les réduiraient en charpie afin d’en tirer tout le suc.
Puis il s’en enduirait le visage et le cou ...


Noël Vallier.