mercredi 31 août 2011

Classe Lévèque


Préaux foutus gels faits ils tombent les platanes
Cours raclées médusées plantées par le béton
Les maires pour leurs mères poussent mal quelques ânes
Sinistres classes amères qui clament ton sur ton

Oui nous nous enivrions au dessus des carcasses
Dépouilles du jeudi le maître avait raison
Musaraignes éventrées hannetons martres bécasses
A disséquer ces bêtes au rythme des saisons

Le tableau était noir les queues de craies très blanches
Nos blouses étaient grises en matière de nylon
Le monsieur qui savait se tenait fort les hanches
L’encre dans nos pupitres salopait nos crayons

Les fesses un peu tannées par l’assise très raide
Du bureau en vieux chêne où nous cherchions raisons
Élimaient fonds sur  fonds tous nos velours en aides
Jusqu’à la transparence pendant que nous lisions

Le poêle rond poussif entouré d’un grillage
Au maillage d’acier chauffait fort le plancher
Nous sentions au travers de nos galoches en nage
A peine nos petons sur le point de flancher

Mais quelles leçons belles  et quelles exquises écoutes
De l’homme dispendieux qui se tenait debout
Nul jamais ne songeait à dévorer les croûtes
Du pain doré promis avant le bout du bout

Gels promis neige épaisse ou torrides semaines
La maison communale et sa cour son préau
Les pires distractions nous paraissaient si vaines
Quand l’heure était venue du pierrot le pipeau

Noël Vallier


L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Le Berry s’était immobilisé à un demi mile nautique du récif corallien qui ceinture l’atoll.
Puis il poursuivrait sa route sur le Pacifique en direction de Tahiti , toujours au service de la marine nationale pour de longues années encore , avant que d’être désarmé, tel serait son destin.

A quelques centaines de mètres du bateau se détachaient les reliefs somptueux d'une barrière de corail partiellement recouverte d'algues rebelles et de lichen verdâtre . Exposée aux ressacs violents de l'océan elle semblait s'en amuser , les vagues venaient s'exploser sur ses crêtes et volaient en éclats avant de se répandre en écume , un instant mortes . Ne rien laisser paraître de son trouble eut été  une gageure de fripouille, jamais mots ordinaires ne furent à ce point inutiles , ce petit territoire méritait toute l'admiration des hommes , sa beauté était insolence , sa survenue improbable !!
Une forêt de cocotiers en prière , à fleur d’eau , André devinait le lagon, les habitants du village s'agitaient joyeusement , là-bas sur la plage .

Il avait enjambé le bastingage , lancé furtivement un regard en direction de l’équipage , saisi fermement l’échelle de corde et s’était retrouvé tel un acrobate dans la pirogue motorisée qui affleurait la coque du Berry .
Aidé par un indigène il retrouva son équilibre avant que d'être à nouveau projeté par le poids de son paquetage qu'il reçut plein coffre !!

Ce qu'il allait  vivre resterait gravé dans un coin de sa mémoire …
Il venait de comprendre quelle serait à l'instant l’énorme difficulté qui attendait le "pilote" de la conséquente pirogue ...
Le récif autour de l’Atoll constituait une barrière homogène, aucun passage n'était envisageable . Tahu  devrait patienter pour saisir la vague la plus tendue, la plus haute , cette redoutable vague , pour enfin la  cueillir , s’y installer , moteur à l'agonie !!
Elle est arrivée grondante, coiffée par une écume débordante .
Le fracassement de la pirogue sur le récif  n’était pas à exclure , André pourtant était serein quand l'embarcation prit une sorte d'envol avant de retomber lourdement en océan intérieur .
Il n’y eu aucun dommage !!
Cette manœuvre avait une vingtaine de minutes durant consommé bien des tentatives , certaines tournèrent court , cependant jamais André ne douta , le comportement des deux colosses manoeuvriers avait suscité  plus d’exaltation que de doutes !!

Ce moment intense , cette courte aventure furent oubliés aussitôt , les jolis minois des tahitiennes venues en délégation avaient détourné l'ordre de ses émotions !
Il fut accueilli gentiment par ses collègues militaires .

Ils étaient vingt ou vingt-cinq pas plus , la petite troupe semblait très heureuse de donner de l'hospitalité au bleu , il était dans le même état d’esprit.
Les jeunes tahitiennes fleurirent son encolure en colliers adorables de minuscules coquillages , que d'émotions  que de bonheur !!
Une charmante vahiné effleura ses joues, puis elle rougit un peu confuse, la petite station météo de Tureïa ne manquait pas de séduisantes vacataires, ce baiser spontané préfigurait-il la sensuelle fraternité que bien des récits se plaisaient à décrire ?
Il aurait pensait-il du temps pour s’en convaincre …
D'autres pirogues avaient assuré le ravitaillement , le « Berry » venait de reprendre sa route et se détacheraient bientôt à l’horizon les contours imprécis d’une masse sombre.

On accompagna André à son nouveau « domicile » .
Il serait , quel bonheur , logé dans un très coquet , un très confortable faré !!
Seul !! non il ne rêvait pas !!
Maçonné sur sa base , il fallait se défendre contre les violentes tempêtes toujours possibles , il conservait  tout de même une allure très polynésienne !

Il s’installa dans son logis , disposa son nécessaire , rangea ses vêtements , veilla à choisir une place sûre pour sa petite caméra , puis il prit du repos !!
Rien ne lui incomberait en ce jour d’arrivée.
Il s’endormit sur une vraie literie , pour de longues heures !!


Noël Vallier







lundi 29 août 2011

Souvenirs d'un soir d'été .


Une fois extirpé mon mal être de la voiture rieuse et grisée où nous embarquions souvent à cinq, je m’évadais un peu sur quelques dizaines de mètres à distance sanitaire suffisante de la marquisette puante qui moussait dans la barrique là-bas au bout du comptoir .
La sono crachait les standards de l’époque et le larsen lancinant pourrissait bien davantage encore l’équilibre précaire de ces mélodies merdiques.
Il fallait toutefois que je sacrifie au protocole des tournées anisées puis que je me mêle aux castagnes de comptoir (initiatiques disait-on)  avant que je ne puisse enfin m’échapper de cet endroit peu glamour qui déversait tant de vinasse.

Ma quête trouvait sa charité ailleurs, et sur la piste polyvalente goudronnée du village surgissaient quelquefois, venues d’ailleurs, des anges.
Comment pouvais-je m’en soustraire ??
Soudainement ces beautés, solistes mues par la grâce, dessinaient sur le macadam les esquisses presque abouties de leurs âmes, je mourrais aussitôt très lentement sur la frontière de l’amour.
Ces jeunes femmes qui me tourmentaient étaient jolies ou belles, éloignées et intégralement snobs, les insoutenables moiteurs de l’été transportaient leurs effluves et faisaient alors irruption comme dans un rêve leurs frimousses diaphanes et leurs vaporeuses silhouettes.
Le tintamarre sorti depuis la buvette ne m’atteignait plus, les inepties proférées leurs fonds graveleux, le rictus des « belus » souillés par un peu de bave ….
Je n’en pouvais plus !!
Ça cognait encore du côté de l’endroit à vinasse et les saillies dérobées à l’abri des cornues faisaient l’effet de quelques rurales piquettes !!
La brutalité des belligérants n’avait d’égal que l’arbitrage violent des gardes-chiourmes du comité des fêtes dégénérés de toutes obédiences, leur organe vociférant parmi les décibels bousculés couvrait les crachats infâmes sortis de la sono.

Les platanes phalliques et pomponnés de la place bruissaient un peu, leurs musiques bercées par la brise tiède de l’été n’était audible qu’à leurs pieds, je m’y tenais et cet abri subjectif me protégeait de la menace bruyante de la meute.
Scène étrange que celle que je vivais d’autant plus étrange que le souvenir qu’il m’en reste est flou, les éléments du décor justement transcrits résultent d’une concession de mémoire, cette mémoire largement défaillante en ce soir d’été sublimé n’avait probablement retenu que la partie inconsciente de cette version estivale .
Deux heures durant, une jeune femme d’une vingtaine d’année belle à se faire pendre interpréta seule, une chorégraphie envoûtante.
Elle dégageait une grâce peu commune, j’étais pourtant à peine distrait par les formes délicatement épanouies de son corps, je ne voyais plus que son joli minois et les éclairs furtifs de ses yeux.
Elle ne cessait de revenir vers moi, consciente j’aime le supposer de l’effet anesthésiant que ses arabesques produisaient jusqu’au tréfonds de mes entrailles.
Je n’entendais plus le vacarme des bordures, l’odeur prégnante de la marquisette s’était un peu dissipée, seule une ribambelle de silhouettes que je percevais à peine s’agitait, silhouettes confuses et définitivement inopérantes.
Je ne me souviens ni de l’année ni du lieu ni des circonstances, mais je garde en mémoire la ronde séductive de cette beauté, maudis encore l’insoutenable paralysie  qui m’empêcha, elle qui m’offrait ses lèvres ….
La vinasse devait être maintenant clairet, la marquisette de fin de soirée était une escroquerie admise, la viande saoule disjonctée ne voyait plus au-delà du mètre, cependant l’odeur du fond de cornue frémissait encore quelques narines …

Il était bien tard.

Noël Vallier



Dansons ,


Dansons

Soixante berges un peu tassé
Onze mille verges Guillaume assez
Appo happons grâce désormais
Je danse on danse Salsa … passez

C’est par la taille d’une taille aux pieds
Jean dit ma France tournez valsez
Ma France vrille toupie sifflée
Réminiscence corps âmes causez …

Tu mets un cha cha cha tu sais
Tu te trémousses et moi qui vais
Sur tes pas doux gracieux légers
Sans cesse en transe te retrouver

Du bout des doigts je redécouvre
Dans tes yeux bleus toi belle louve
Tes sons ton sang ourlées tes mains
Soudain tes ongles rouges qui couvent

Tu te souviens c’était hier
Trente ans peut-être une paille ….une mer
Un océan mais nul désert
Puis dates ou dattes fruits fêtes desserts

On s’en revient on est si bien
Meringué passe Tango d’hiver
Ta flamme leste et tes reins ceints
Tu tournes tu tournes tu es mon air



Noël Vallier


L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite ) .

A Mururoa, c’était comme la guerre , les autorités militaires françaises avaient annexé le territoire, les techniciens boulonnaient des aciers brûlants sous une voûte de rêve, d’autres protégés dans quelques bureaux ignifugés concoctaient des scénarios de fracassements et de destructions.
Les cocotiers se penchaient gracieusement au-dessus du lagon et les hommes entre deux réquisitions s’ébattaient joyeusement sur les plages voisines dans une eau limpide , transparente mais probablement pourrie par d’innombrables particules de métaux lourds.
Invisibles !

La séance de cinéma de 20h30 était impatiemment attendue , les humeurs étaient guillerettes , le parfum de la nuit sensuel et capiteux , sur l'assise raide des bancs en acier se trémoussaient des centaines de paires de fesses presque en cadence , ils ressentaient une sorte d'exubérance de patronage !!
La moiteur polynésienne en ce début de soirée déroulait ses premières soies , serpentins chimériques venus depuis le lointain large comme pour conjurer le suintement pourri de la corrosion des tôles infâmes .

Au programme « Le bon, la brute et le truand »

Psychologie et virilité à l’affiche , et le visage émacié de Clint Eastwood en illustration comme une sorte de clin d’œil au genre mâle .
Après cette avantageuse cinématographie les hommes ragaillardis quittèrent le pont , mains sur les hanches, prêts à dégainer , venaient de se mêler au miel de la nuit polynésienne d'autres rêvasseries , le bonheur des troupes était palpable !!l

Le « Berry » reprit sa route maritime le lendemain .

Ça s’agitait sur le pont arrière quelles étaient les raisons d’une telle effervescence??
Les marins avaient balancé l’ancre, hameçon géant aux pointes desquelles pendouillaient déchirés au cœur deux énormes morceaux de barbaque !!
Les requins infestaient le secteur et cette bidoche puante finirait tôt ou tard  par piéger leur redoutable instinct prédateur .

Une dizaine de minutes s'écoula , puis la chaîne se tendit , elle se déroula violemment sur toute sa longueur un
requin venait de se déchirer une partie de la gueule sur les arceaux crochus du leurre , il ne pourrait plus se défaire de l’acier tranchant !!

Quatre hommes tiraient sur la puissante chaîne, ils hissèrent difficilement la bête avant de le faire basculer sur le pont arrière .
Abîmé , en détresse, le squale beau spécimen d’une centaine de kilos tenta longtemps de se défaire de ses prises, ses dents acérés défiaient encore les hommes , il s'agitait en tous sens !!
Ils l'achevèrent brièvement .
Deux amis de l'équipage , des Tahitiens taillèrent le meilleur de la darne, ils détachèrent la chair de son cuir et préparèrent pour le lendemain une marinade odorante dans laquelle ils alternèrent précautionneusement fines tranches de filet et citrons verts ....
André ne serait pas de la fête, l’Atoll de Tureïa pointerait incessamment le bout de son récif .
Il avait passé une nuit calme toujours blotti au fond de la barque , ses affaires étaient bouclés , accoudé au bastingage il distinguait les premiers reliefs de l'impressionnante barrière .

Il reçut les dernières consignes du Commandant , il regagna le pont puis il le vit .... il fut saisi de stupeur et d'ivresse !!



Noël Vallier




vendredi 26 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( 11 )

Ils étaient en plein pacifique entre les Îles sous le vent et l’archipel des Tuamotu.
André s'était remis non sans peine de ses déboires digestifs , le corps finirait bien par s'habituer .
Sa vitalité retrouvée lui permettrait d'assurer les préparatifs du dîner , toutefois il devrait pour la seconde fois  se coltiner les sales humeurs de la lancinante cambuse .
Il tirait secrètement quelques fiertés de s'accommoder ainsi de ces conditions précaires et cette relative assurance lui donnait du coeur à l'ouvrage .

Oubliés ses démons d'introversion pensait-il , et par la force des choses il ne compterait plus sur les secours affectifs du proche entourage .
Il devenait un homme , oui un homme assurément !!
Un peu coquet le garçonnet , et ce goût prononcé pour le bel urbanisme , précieux le jeune homme , il jugeait volontiers de l’efficience de son spleen , un peu snob , joliment fagoté dans quelques préjugés , abonné aux brasseries les plus en vue , il ne pouvait trahir sa précieuse existence !!
C'était avant ...

Sous le masque , la vérité finirait sans doute par se révéler , il retrouverait l’ordre rassurant de ses apprentissages , ceux qui avaient concouru à ordonner sa petite source émue, rires larmes et sanglots mêlés, puis tranquille avec mémé sous l’ombrelle !!

L’heure tardive était à la contemplation , avant le sommeil peut-être mais pourrait-il le saisir dans cette cale à rats ??
Il était lessivé , flashé par le joli croissant de lune il maudissait le capitaine félon en ne se privant nullement de tailler quelques croupières à la discipline militaire.
Il regagna la cale, quel infâme destin, se blottit dans son Picot pourri et attendit les bonnes grâces de Morphée , en vain !!
Le vacarme était tel , le roulis si prégnant que Picot valsait au rythme de leurs cymbales , les rats débusqués circulaient en tous sens !
N'en pouvant plus il décida de remonter dare-dare sur le pont et d'y retrouver un clair-obscur somptueux tamis exceptionnel proposé par les choses mystérieuses de sa première nuit océanique .
Accoudé au bastingage il devinait encore l'écume haute des vagues , puis il ressentit les premiers engourdissements .
Il pris la décision de passer la nuit dans la barque de sauvetage, la haut au dessus des embruns.
Allongé à la verticale de la pleine lune, recouvert d’une couverture en laine râpeuse il rêvassa un court moment la tête dans les étoiles, puis en dépit de l'inconfort il parvint à s’endormir.

Tôt le matin vers six heures, il se réveilla, le soleil à l’est préparait son cagnard, il fit un brin de toilette et but le café en compagnie de l’équipage, le café ce n’était pas son affaire …

Il n’avait pas reçu de consignes particulières pour la préparation du déjeuner et déciderait ainsi de sa propre organisation …

Leur arrivée à Mururoa était prévue en fin de journée, il y passerait la nuit avant de repartir en direction de Tureïa destination finale de son périple.
Le « Berry » mouilla à l’endroit convenu, après quelques manœuvres communes le marin d’équipage jeta l’ancre.
Mururoa déroulait son ruban de corail , on jactait bruyamment sur l’immense débarcadère , le Berry était attendu , dans ses cales s'entassaient quelques tonnes de marchandises dédiées .
L’atoll avait été laminé par les industries et les nécessités de l'atome , des hangars en tôle jaune pisseux  pourrissaient sa beauté primaire , au loin des milliers de cocotiers lui rendaient vie et beauté , il présentait alors ses sublimes décors ... éternels !!
L'eau du lagon était turquoise , André en prit plein les mirettes !!



Noël Vallier


jeudi 25 août 2011

Un pas en avant , trois pas en arrière , un point de côté !!




Non ce n’est pas une sinécure, et c’est bien la raison de cet étrange paradoxe …
Vous débarquez poussé par je ne sais quelle impérieuse raison, une bonne assurément.
Il en va certes du parquet comme du tatami, de la terre battue ou du gazon, de l’élément liquide ou de la roche friable !!
Cependant en cette circonstance il n’est pas interdit de savoir , de déjà savoir , très bien même , on vous la dit et redit souvent , en de nombreuses circonstances , vous n’en tirez ni gloires ni vanités vous l’aviez même peut-être oublié , mais cette affaire la c’est un peu comme la bicyclette non ça ne s’oublie pas c’est en vous  dans votre peau votre cœur et vos tripes et quand la jambe vous manque le doigt ne cesse de tapoter l’élément solide qui se trouve à votre portée.
Dans le rythme c’est la seule condition.
Mais revenons à nos moutons non pas de Panurge, je m’interdis cette considération la chair et la raison sont souvent faibles il leur sera à peu prés tout pardonné !
Alors vous savez disais-je, atavisme ou hérédité probablement, pratique inspirée, furieuse envie de plaire et de séduire sans doute, vous bondissez tel un cabri, votre geste naturel compose avec l’élégance, votre déhanché accouche à chacun de ses mouvements d’un ange.
Bref les filles un peu éberluées, séduites sans doute viennent vous prendre la main .
Puis un coup d’ardoise tragique, tout s’efface tout doit s’effacer adieu gestes gracieux, virtuosités  charnalité dérobés (si un peu tout de même) atouts cœur et atouts maître, dépossédé vous n’envisagez plus qu’un «art triste ».
Hégémonique sans aucun doute, nécessaire dit-on …. L’enseignement et ses fourches caudines reprennent leurs droits !!
Sur les parquets la loi !!
Vous dansiez j’en suis fort aise, et bien dansez maintenant !!

Bravos aux profs !! (tout de même).

Noël Vallier


mercredi 24 août 2011

A notre .... grès !


On peut en reparler mon amour un matin
Un matin de printemps un matin de satin
Un samedi c’est mieux ton petit noir au lit
Croissants beurre confiture parlons-en, on relit

Tu la veux au soleil près du muret c’est chouette
Nous aurons chaud l’hiver vers midi il fait doux
Viendront pour picorer se poser des fauvettes
Nous ne serons plus seuls mon amour p’tit bout de choux

Sur le brillant du marbre les enfants poseront
Des bouquets d’écarlates des roses et passeront
Sur le sentier pierreux des flopées de silhouettes
Aux allures figées près des tombes muettes

Près du muret c’est sûr ou poussent quelques égrins
Loin des cyprès claniques et leurs humeurs, chagrins
Nous serons toi et moi blottis tout près des stèles
Sous la poisseuse argile tu seras toujours belle

Nos âmes vogueront au gré des vents malins
Il nous prendra souvent des envies de salin
Puis nous nous mêlerons aux cœurs des heures roses
Que les flamands gracieux sur l’azur radieux posent

On peut même languir mon amour ce matin
Sans se presser vraiment sans crainte sans patin
Freiner serait idiot après la vie rebelle
Tu m’aimeras toujours je t’aime tu es celle


Noël Vallier







L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( 10 ) .

Le « Qu’uenns » se situait à une centaine de mètres de l’embarcadère, bar immense fréquenté par une clientèle hétérogène , le troquet ratissait large , le comptoir dès son ouverture commençait très vite à poisser des débordements incessants de la mousse de bière . D'énormes quantités de bières , autochtones et touristes vissés sur les sièges , coudes plantés sur les épaisses corniches de cuivre , certains déjà vautrés , tous s'impatientaient de vivre d'autres aventures .
La légion était souvent présente , les bagarres fréquentes, s’y mêlaient quelques appelés , mais ils prendraient vite la tangente ...
Le Qu’uenns était un dancing réputé , cependant beuveries et débauche se taillait une bonne place , sa notoriété courrait loin las-bas vers les archipels les plus lointains , l'endroit était pittoresque et bruyant , très bavard , il affichait une structure en tôle grasse peinte de couleurs vives , en bordure de son avenue il était immanquable !!
L'impressionnant troquet avait ses règles, il n’aimait pas les contemplatifs , il préférait de loin se rassurer de la musique assourdissante de sa caisse enregistreuse ,  dès lors pourraient s'exprimer librement, sages, ethnologues ou philosophes …
Jusqu'aux premières lueurs de l’aube !!

Le « Berry » était là en situation d’amarre, cet ancien cargo civil appartenait désormais à la marine nationale française.
Il arborait une très seyante couleur « blanc Pacifique » et reprenait du service en officiant comme transporteur ravitailleur au compte du Centre d’expérimentation.

Le port de Papeete s’agitait en tout sens, les petits bateaux de pêche s’ébranlaient cabotant d’ici de là, sur l’interminable quai on tirait du filin à qui mieux mieux , bref une journée nouvelle démarrait, il était bien tôt et le soleil polynésien cognait déjà fort.
Ils étaient une dizaine en attente d’embarquement, se trouvaient sur le quai deux ou trois appelés et quelques   hommes d’équipage.
La passerelle grinçait sans vergogne, André passa l'obstacle joyeusement sans état d’âme, consolé, déterminé même !!
Il se réjouissait déjà de son nouveau statut , ne deviendrait-il pas dans quelques jours , et c'était pour lui un évènement , un primo-insulaire !!

La discipline paraissait bonhomme, ils s'étaient alignés accoudés au bastingage.
Après quelques manœuvres coutumières le « Berry » mis le cap à l’est flanqué de boucan et d’écume.
Le spectacle était formidable , le bateau s’était éloigné seulement depuis quelques minutes et se détachaient peu à peu les premiers contours de l’île.
Tahiti chapée de son bleu azur déroulait un écrin luxuriant , en partance , anesthésiés par l'odeur remontante de l'iode qui aurait raison des derniers effluves du coprah , les godelureaux rêvaient de leurs premières mousmés !!
Puis , rien d'autre , rien d'autre que le seul Pacifique , calme en ces premiers instants , il claquait ses premières vagues , roulis et tangages en petit sommeil, , presque silencieusement.

André put ainsi goûter pleinement les plaisirs de cette contemplation tranquille, après quelques longues minutes de rêveries ordre lui fut donné de se diriger ver la cale.
Il suivait son chaperon et allait découvrir quel serait son commun , merveilleux endroit de nuit !!
Seul calé au milieu de plusieurs tonnes de marchandises, un lit pliant vert dit « picot » ripant à la cadence du roulis le crasseux gras de sa bâche, se rinçait par l’eau croupie du fond de cale et renvoyait sans cesse sur le plancher moisi  les saloperies résiduelles de ses vieilles trames.
Ce n’était pas une punition, jamais il ne se résolu à en admettre l‘hypothèse, la promiscuité du navire imposait sûrement cette restriction , les places de couchette étaient réservées aux marins rattachés , il composerait donc avec l’humeur saline et daubée de l'endroit.
Il finit tout de même par s’avouer que son capitaine recruteur était pour le moins un homme .... peu recommandable !!

Il rangea son paquetage dans une espèce de caisson en tôle bringuebalant insuffisamment assuré, prit prudemment quelques marques et remonta sur le pont en direction de la cuisine, il passerait ainsi de l’intendance promise à la tambouille !!
Il assurerait de la sorte pendant ses trois jours de navigation la subsistance des personnels et devrait se familiariser dare-dare avec les inconforts embarqués de l’estancot de service.
Fricoter dans cinq m 2 quelle gageure !!

Il découvrit la complexité de la tache , il possédait certes un peu de technique mais ça bougeait dans tous les sens , le bâtiment n’était pas immense , sa coque complaisamment offerte aux coups de boutoir des premières lames lui permettrait-elle l’équilibre nécessaire ??
Il s’accommoderait de ces conditions précaires , faisant fi des giclées de gras brûlant , de ses douloureuses caresses et enfin de proposer une pitance sans gloire certes mais qui semblait satisfaire l’appétit et les gourmandises de l’équipage !!

Jusqu'au soir il se vivifia de l’air marin , observa longuement le ballet de quelques cachalots très au large et se ravit de cette flopée de dauphins qui cernait la frégate , toujours bruyants et gais !
Il oublia ses petites plaies et goûta longuement du spectacle offert sans la moindre lassitude…
Il fut heureux de visiter la machinerie, l’enfer est pavé de bonnes intentions, il y croisa quelques bedaines reconnaissantes, prit son compte de boucan sur ses tympans puis se sentit soudainement « tout chose » …
Il fit promptement demi-tour et parvint à régurgiter proprement par-dessus le bastingage et dans les délais impartis la petite charge du déjeuner ….
Sa résistance aux roulis ordinaires n’aurait donc duré que quelques heures !!
Quelques âmes charitables évoquèrent une vraie performance !!
La belle affaire !!


Noël Vallier




lundi 22 août 2011

Le lundi !!


Si l’étude statistique proposée par mon blog est fiable, à cette heure 173 visites courtoises, intéressées peut-être, curieuses en tout état de cause sont passées par "Songes".
J’ai bien pris soin de désactiver le comptage de mes propres incursions ….
Pas si mal, et sans être visible sur les moteurs de recherche …. Allez savoir pourquoi !!

Fort instruit de cette déferlante je vais donc vous confier quelques-unes de mes impressions du lundi …
Qu’ils soient phobes ou philes les gens du lundi sont des ânes !! Je sais j’en étais et considérant que c’est un jour proche du dimanche ( son lendemain ) mais aussi un sérieux coup de semonces donné à la fin de semaine prétentieuse qui suit ( il en sonne en quelque sorte le glas ) je m’étais donc entiché du jour de repos des coiffeurs !!
Cependant les semaines me paraissaient interminables ….
Oui, mais !
Tout de même quelle gratifiante sensation que celle qui nous fait retrouver chaque semaine sa sentinelle pas toujours très bavarde certes, mais pleine d’allant à l’aune de ses multiples espoirs, de ses innombrables projets.
J’ai pris en marche tellement de lundis , certes toujours très tôt mais en marche ( le sale bougre démarrait son travail de sape quelques heures avant au minuit du dimanche plus cette satanée poussière de seconde) des beaux , des pas beaux , des pingres , des généreux , des pleins d’espoir , des sinistres  des transparents , des opulents , des traîtres mais aussi cerise sur le gâteau des sales c… que je suis parvenu au terme de mes cotisations , de mes trimestres comme ils disent à dénombrer la bagatelle , à quelques unités près ( redoublement de scarlatine , de rougeole , de rubéole , fériés , ponts ou viaducs congés de 1936 ) la bagatelle disais-je de 2268 lundis théoriques !!
Oui mais quand on aime on ne devrait jamais compter comme le disait la cousine de la sœur d’Anatole  sainte femme plus philosophe que matheuse …
Le lundi est aussi la mère de tous les vices , il nous renvoie pleine face les premières affaires bêtifiantes du début de la semaine du monde , il en colporte les inepties primaires c’est aussi le jour favori du  renouvellement des permis en tous genres ( chasse , pêche , de stationner , ou non de le faire ) .
Vous n’avez pas dit sinécure ??!!

Considérons cependant cette affaire du lundi comme une affaire classée, le lundi parade certes mais qu’en est-il vraiment de son statut ??
Plus grand-chose aujourd’hui, une espèce d’ectoplasme, expédié par les amnistiés (traders) au cours le plus bas ou alors surcoté pour faire plus belle la semaine …
Je goûte depuis quelques années des lundis moins pédants, moins surs d‘eux, plus humains, des lundis domestiqués, apprivoisés, devenus complices amis même !!

Rien d’étonnant ce sont devenus mes lundis !!

Pourvu que ça dure !!

Noël Vallier.

Contre Culture


Limandes morues maquereaux c’est l’étal
L’écaille la mer planton ça ricane
Mémères notaires bobos qui détalent
Marché fleuri tout droit faut des cannes

Foie de veau  persil museau c’est cocagne
Pâté de croûte pistache Allemagne
Soudain devant mes pas une anguille
Cabas soleil un peu flottant sur ses quilles

Poulets rôtis chinois qui s’escriment
Des nems du frais du nioc c’est intime
Semoule manioc boulgour faut qu’ça rime
Épices rouges jaune orangines

Saveurs odeurs bontés ah divines
Senteurs couleurs bonheurs je câline
Osiers tressés jolis paniers c’est l’Automne
Cabas remplis petits farcis dans mes paumes

Chargé vrai mule je croise Paul qui s’étonne
Venu plus tard puis en pétard v’la qui tonne
Marchands bonheurs du lait brebis quelques tommes
Séchons bien secs sessions gourmandes quelques pommes

Samedi matin ça sent le thym l’échalote
De près de loin l’odeur du pain les parlottes
Des bancs parlants pépés chantants vieilles glottes
Tremblants souvent rieurs contents tous mes potes

Voici venue l’heure des pochtrons délicate
Classieuses gaies nos humeurs douces qui s’éclatent
Du Chardonnay, du vieux Viognier  pour nos rates
Amis nous sommes ce vieux bistrot nous épate

Noël Vallier





dimanche 21 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'archipel radieux ( 9 ) .

Quelques flaques d’eau !!
L’eau ne s'attarde pas en Polynésie, le soleil ardent éponge ses sanglots et qu'ils soient grande colère ou chagrin passager , avec autant de hâte .
Contrairement à l'idée répandue, le climat de l'île n'est jamais caniculaire, une moyenne annuelle de 30 degrés  c'est une constante , cependant cette récurrence annule quasiment les effets saisonniers et lui confère ainsi une particularité météorologique exceptionnelle .
Oubliés pour un temps l'ombre généreuse du district de Piraé , la petite route empruntée depuis l'aéroport de Faa'a , les regards appuyés de quelques déesses aux moules insolents .
Ils étaient en situation de transit, et devraient s’accommoder pendant une quinzaine de jours de conditions d’hébergement plutôt spartiates .
Cette précarité ne les troublait guère, l’azur et ses escortes dardait tellement de festons nouveaux, d’incroyables dentelles , la terre exhalait de tels effluves , elle exhibait tant de couleurs , que de leur temps , de leur attention ils ne seraient jamais avares ...
Un océan de bonté !!
Arué camp luxuriant était enserré notamment par une bananeraie naturelle, une monumentale cocoteraie , de très nombreux arbres à pains et une infinitude de baies gourmandes et de fruits divers qu'il leur faudrait apprendre .
Ils croquaient dans la chair juteuse des ananas qui pendaient en grappes, ces petites escapades gourmandes autour du camp n'étaient pourtant pas si fréquentes , la crainte d'un recadrage peut-être .
Cependant ils n'y croyaient guère !!
La légion partageait leur ordinaire, statutairement rattachée au transit du CESP, situation moins enviable que la leur , une discipline relâchée certes , mais des comptes à rendre , toujours des comptes à rendre !
Ils étaient relégués à la bordure nord du camp .
Ces hommes parfois brillants, baroudeurs,  meurtris, en souffrance pour certains auraient pourtant leur compte de paradis aussi , ils vivraient la Polynésie comme les autres ... intensément !!

Surmonter les petites séquelles causées par l'énorme décalage horaire , ils 'y employaient car muter ainsi depuis l’hiver français pour tomber comme une nèfle sur les latitudes polynésiennes n’était pas sans provoquer quelques troubles, et pourtant la nécessité d’une adaptation rapide s’imposait à eux .

André était convaincu qu'il passerait douze mois sur l’île de Tahiti et que ses anecdotiques antécédents  culinaires ne pèseraient jamais sur le choix futur de sa prochaine affectation .
Il serait bientôt fixé .
Les moustiques attaquaient durs, par escadrilles soudaines, ces minuscules diptères sournoisement venaient sucer les épidermes .
La moustiquaire s’imposait , en effet il n’aurait jamais pu assurer ses premières correspondances sans l’aide du filet de tulle placé comme un baldaquin au dessus du lit.

Il venait d’être informé grâce au colportage sentencieux des « anciens » de toutes les commodités que la discipline militaire du camp autorisait , c'est ainsi qu'ils pourraient notamment déambuler dans le camp en tenue civile, un appel matinal très aléatoire était au programme , mais qu'en resterait-il vraiment dans quelques jours ??
La journée de "servitudes" militaire débuterait vers 8h30 et s’achèverait mollement dans la moins favorable des hypothèses vers 16 heures …

Une navette des armées assurait toutes les heures une correspondance entre le camp d’Arué et la ville de Papeete, elle prenait en charge indifféremment les déplacements de nécessité et de services , mais aussi ceux destinés aux loisirs de tous ordres , la petite ville côtière capitale emblématique de la Polynésie française était tellement prisée , il faut dire qu'elle ne manquait ni d’atouts ni de charmes , elle serait ainsi continuellement investie , de son embarcadère et de son monumental port jusqu'à ses plus secrètes ruelles , sans oublier bien sûr son prodigieux et très odorant marché .

La tenue civile habituelle se limitait au port d’un short, d’une paire de tong ou d’espadrille, d’une chemise souvent imprimée d’immenses fleurs de tiaré .
C'était à leur choix , la tenue militaire présentait certes moins de fioritures cependant chemises et shorts kaki n’étaient pas sans intérêt , trames aérées , style déstructuré , assurément un peu de l'esprit du grand Pierre Cardin !!
La première semaine serait administrative, quasi consigne au camp, sollicitations diverses pour de courts entretiens , paperasses à signer , le temps du transit serait rondement mené !!
André se souvint à quel point ces petits rotations fréquentes restaient béates prises dans une ivresse enjouée se mêlaient aussi aux odeurs capiteuses du camp des relents miellés venus de Papeete, sans doute produits par l’industrie du coprah.
Le soleil pointait ses rayons sans trêve , quel extravagant privilège , quel dépaysement , les lois naturelles du pays semblaient régies pour les seuls agréments de la félicité.
Il était bien déterminé à en prendre sa part !!

A peine venait-il de s'acclimater qu'il fut très vite convoqué par le capitaine de compagnie, celui-ci l’informa doctement de son affectation finale en lui précisant qu'il se chargerait de l'intendance !
Direction l’Archipel des Tuamotu, l’atoll de Tureïa très précisément.
Il venait de recevoir une énorme claque, pensait-il , cet ordre militaire officiel serait sans appel … passerait-il ainsi du paradis vers l'enfer ?
Il manifesta un peu de dépit et fut assez maladroit pour en faire part à sa hiérarchie militaire.
Ce manquement aux usages lui valut quelques sévères remontrances, il provoqua incidemment le courroux du capitaine !!
Le départ pour Tureïa était prévu pour le début de la semaine suivante.
Un bon nombre de ses camarades connut des situations analogues, d’autres archipels seraient ainsi pourvus et leurs îles ou atolls !
Il fit contre « mauvaise fortune » bon cœur, rassembla son paquetage et se tint prêt .

Il était bien loin de se douter des aventures exceptionnelles qu'il allait vivre et ne savait rien , mais alors rien du temps réel que durerait cette mission !!


Noël Vallier



vendredi 19 août 2011

Sang !!


Rien de bien croustillant à se mettre sous la dent en ce moment, les mêmes faits divers sordides hommes pressés par leur libido, poissés salis par leur liquide pré éjaculatoire, têtes malades corps flétris un peu comme la charogne …
Ça tire en tous les sens, au propre (??) comme au figuré, sous les néons des réverbères les corps mutilés s’entassent pissant du sang comme dans les abattoirs …
L’émotion, la douleur, la compassion sont aujourd’hui choses convenues, il faut toutes affaires cessantes passer à d’autres propos, la main de sa sœur a-t-elle de toute éternité trempé dans la culotte d’un zouave, tiens le soleil ne tiendra pas aujourd’hui, sans compter les modèles réduits de Raoul subitement dévorés par la vermine !!
Rien ne serait vraiment grave si ne nous ne nous amusions jamais de notre propre duperie, las c’est aujourd’hui la règle !!
Combat d’arrière garde bien sûr, considérations nullissimes, les positions sont intangibles malheur à celui qui remue un tant soi peu la fange, l’odeur insupporte, relents de vieille peste, sueurs malodorantes imprégnées dans les trames serrées des chasubles d’antan, époque rustique et paradoxale où quelques gouttes de violette après la toilette faisaient se relever les têtes.
Certes je fais partie de la bande évitant cependant de la jouer trop étriquée (la vie !!) le salut c’est l’uniformité, évitons le piège permanent tendu par les ornières (depuis leurs fossés remontent de bien inquiétants tumultes) et tout devrait à peu près se passer, mal sans doute !!
Mais après tout le mal … qu’est-ce ??

Noël Vallier.


Ferrat


Ferrat Ferrat Ferrat la commune était belle
Commune restera commune restera pas
Les moustaches de Jean étaient comme des ailes
Village beau d’Antraigues gens de vie à trépas

Jean Ferrat vos férets sur ses collines tendres
Irradiaient leurs reliefs d’un carmin violacé
Aurores ou crépuscules laissaient un peu de cendres
Dès l’écho de vos vers feux d’amour cadencés

La place de l’église est-ce ainsi qu’on la nomme
De mes yeux je l’ai vu traversée de boulets
Des boules et des bolets racontés par des hommes
Paisibles dès Hélène hure en tête Jean gourmet

Gens de bien gens d’en haut Jean plus haut Jean vous aime
Jean dernier des géants Claude Charles et Léo
Et Georges embarque Jacques cortège sextet sème
Des graines à soigner bourgeons ténus paillots

Périlleuse effrontée pourtant sincère j’ose
En ce surlendemain de peine et de regrets
Glisser quelques rubans au revers d’une prose
A l’ombre de vos rimes joyaux rares rouets

La môme vient de Paris puis vous preniez Cerise
Moi je badais l’amour vers coquins qu’il voulut
Enrober d’un taffetas joli tulle belles prises
Prélevés dans l’armoire trésor de ses contre-ut

Je m’en retourne mal si mal que mes yeux sombrent
D’un chagrin embusqué sec comme nos genêts
Chamade redoutée ciel chargé glas pénombre
Du ciel ému saisi viendra pour vous l’été


Noël Vallier


jeudi 18 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( 8 ) .

L’escale Calédonienne fut expédiée, quelques formalités administratives, le débarquement et l’embarquement comme une routine , moins de passagers en partance cependant , pour la première fois la carlingue lâcha un peu de son lest , ses tôles et ses aciers ne feraient pas la différence !!
La dernière partie de la route allait après Nouméa ( que notre ami André venait insolemment de qualifier d'ersatz tropical !!) les propulser d'une traite sur le tarmac de l'aéroport de Faa'a  !
Les hasards de la vie feraient que le plus jeune de ses deux fils, trente sept ans plus tard séjournerait deux ans à Nouméa dans le cadre d’une mission militaire assurée par la marine nationale.
Le jeune officier marinier démentirait le propos de son père et avec quelle force, tous deux s'en amuseraient volontiers , le gamin n’étant point dupe de son parti pris facétieux ….
Il y vécu des tranches de vies intenses se mêlant au peuple authigène , en immersion disait-il , il fut enseigné de la chasse au cerf , partagea les soubresauts , peut-être , de leurs coutumes.
Il noua de solides amitiés …

La carlingue infatigable poursuivait sa route , André déclina l’offre cinéma préférant par la vitre épaisse du hublot se délecter du spectacle offert par le nuancier changeant de l’azur , de ses mailles soudaines tricotées peut-être sous le contrôle de quelque providence .
Le volumineux américain était toujours là, André s’était habitué aux conséquences de ses fréquentes aspersions de Fabergé , comme des frictions , il y avait dans ses manières, dans sa gestuelle , dans ses propos comme des répliques au jeu de l'acteur Jess Hahn.
Un coup de coude malencontreux et André aurait pu voir les étoiles, il en était si près !

Ah l’avion !! Merveille des merveilles, invention géniale aux allures supersoniques quotidiennes , illustre au point d’abonder son extraordinaire récit en y mêlant de fréquentes métaphores, engin en mission, mercenaire, espion des raisons impérieuses de la terre, et pourtant perdu parfois au point de piquer sans contrôle tel une flèche en explosant des femmes et des hommes venus pour expédier quelques affaires courantes ou pour nourrir quelques chimères …

A l’instant précis de ces lignes la Pologne vit un deuil tragique, elle qui vient de perdre son président, son épouse et une partie de ses élites dans un crash aérien.
Dramatique , cependant quand l’aurore pointe le bout de son nez illuminant le ciel encore sombre du bout de la nuit, tous les dangers semblent écartés , une telle somptuosité donnée à voir semble tout droit venue depuis l'indicible ...

Dernière escale …Papeete !!

Les passagers s’agitaient crescendo , Jess le conséquent baragouinait un français improbable qui amusait André , lequel tentait en yaourt amélioré de lui faire part du même contentement !
Les conditions climatiques étaient annoncées excellentes , le spectacle serait donc somptueux !

Au-dessus des archipels Tuamotu, et Gambier les coeurs battaient déjà une incontrôlable chamade puis ils vécurent comme une sorte d'ivresse .

Plus tard le commandant de bord fit son dernier briefing , les hôtesses leurs dernières recommandations .

André aperçut par le hublot au dessous de quelques traînes clairsemées un écrin vert d’une beauté absolue, l’azur éclatait son bleu le plus intense , l’avion posa sa carcasse sur la piste ….

Comme une plume !!


Noël Vallier

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( 7 )

Quelques heures après leur départ de Colombo les hôtesses préposées au service nous proposèrent les plateaux dîners .
Le repas n'était pas sans allure , ils prendraient garde de ne point se goinfrer , les militaires répartis incognito savaient se tenir .
Curieuse , étonnante même cette dégustation d'altitude , quel sort réserveraient-ils à cette gastronomie méthodiquement embarquée ??
Pourquoi douter ?? La cuisine française n’était-elle pas la meilleure du monde ,  UTA ne se devait-elle pas d'intégrer l’élite de ses meilleures ambassadeurs !!
C’était appétissant ,soigneusement disposé , servi avec adresse et précautions , ces portions se révélèrent fort goûteuses .
Ils venaient depuis quelques instants d’intégrer la journée de la veille, les méridiens facétieux en avaient décidé ainsi .
Cette étrangeté leur parut anecdotique .
André était tellement occupé à se distraire de quelques songes tout en observant du coin de l'oeil les tics et les manies de l’américain bedonnant , voisin de siège un peu engoncé , prisonnier de ses fripes froissées, ronfleur occasionnel , suintant de fréquentes chutes de sueur , qu'il ne ressentit jamais la moindre curiosité le moindre étonnement !!
Bougismes pour certains, somnolences pour d’autres, chacun et chacune trompaient à leur manière impatience ou ennui.
L’hôtesse de service proposa un masque de nuit , autres alternatives musique à l’écouteur ou séance de cinéma .
Au programme « Viva Maria » André ne résisterait pas au charme de Bardot et le casque collé sur les oreilles il goûterait pleinement une centaine de minutes durant la gouaille et la frimousse radieuse de la belle française …

Ils avaient survolé l’Indonésie, les premières lueurs de l’aube baignaient dans une mer de nuages que l’horizon le plus lointain ne parvenait pas à dissiper.
André conscient de sa chance n’en perdait pas une miette, le commandant de bord leur annonça qu'ils se trouvaient au dessus de Jakarta !!

On leur annonçait au micro les faits marquants, curiosités de tous ordres,  météorologie, jusqu'aux informations concernant les mesures hydrométriques .
Le commandant de bord qui pointait épisodiquement le bout de son nez ne cessait de s’enquérir du bien-être de toutes et de tous.
Jamais ils ne leur vint à l'esprit le moindre mauvais présage !!

Sydney parut enfin , immensément aplatie au rez d'un horizon turquoise , ils avaient parcouru les 2/3 de la distance .
Le « speaker Commandant » détailla les charmes touristiques de cette importante escale.
Mêmes sensations grisées au pied de la passerelle, mêmes vertiges et encore cette sensation nouvelle venue depuis une canicule ordinaire comme parfumée à l'essence de bergamote !!
Trente sept degrés !! Température officielle , pas un brin de vent, du soleil à gogo et sur les marches en acier de la passerelle , à peine engagés , ils pouvaient déjà se distraire d'un azur clinquant transpercé sur sa base par les flèches d’une forêt de béton en building .

Ils décidèrent une flânerie curieuse au cœur de cet immense aéroport , un attendu melting-pot animait les salles un peu délurées des secteurs de l’accueil et de l’embarquement .
André se souvint d’avoir croisé de ravissantes jeunes femmes , souvent grandes et blondes .
Cet étalage de joliesse n’était pas sans susciter quelques troubles parmi  la bleusaille il y aurait un peu de vague à l’âme incessamment !!
Le temps d’assurer quelques emplettes, cigarettes notamment, et de s’étourdir encore de longues minutes puis l’épisode Australien tournerait court . Ils s’envoleraient sans trop de regrets en direction de Nouméa.
Pointeraient assez vite les premiers prémices maoris !!
L’appareil décolla , André songea aux tamourés endiablés , aussi aux tahitiennes lascives , bienfaitrices ces petites connaissances livresques ...
Elles lui paraîtraient bientôt tellement modestes !!


Noël Vallier.


mardi 16 août 2011

Ordinaire !! vous avez dit ordinaire ??


J’ai un peu de mal à supporter la survenue de l’adjectif ou du nom « ordinaire ».
Tout serait donc peu ou prou … ordinaire !!
Nous vivons dans l’ordinaire entourés de gens ordinaires cernés par des meubles et des objets ordinaires et n’avons de cesse que d’espérer pour le pire (ou le meilleur) de mener une vie ordinaire !!
Pourquoi donc ??
Parce que l’extraordinaire est une situation improbable , parfaitement subjective quand au déclenchement de son alerte ou de son seuil , et si toutefois les avis convergent pour qu’unanimement il soit constitué un consensus autour d’un tel évènement , l’heureux (?? ) récipiendaire réfutera en prétextant les nombreuses servitudes liées !!
Être riche (très) n’est donc pas une situation extraordinaire, vivant pas davantage, doté de toutes ses facultés physiques et intellectuelles non plus, il n’est pas extraordinaire également d’être bon, désintéressé bienveillant, généreux, compatissant, honnête, loyal !!
Mettons les très riches de côté, en effet ce n’est pas chose extraordinaire mais plutôt chose anormale, restent en course cependant bien des comportements vertueux !!
Ces comportements ne seront donc jamais (reconnus comme tels) ordinaires ou extraordinaires à l’échelle individuelle ils seront étouffés par  l’oppression ambiante, toutefois ils seront validés et salués s’ils s’inscrivent dans le cadre d’une action associative ou caritative et dynamisés par des bénévoles, des partenaires ou des mécènes.
Il convient donc toutes affaires cessantes de rester médiocre avant que d’être possiblement répréhensible.
Cette loi ne sera jamais votée !!
J’ai certes un peu de mal avec le vocable ordinaire …

Noël Vallier .

Hasta pronto


dimanche 14 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( 6 )

Et pourtant ce bolide ailé , parvenu après quelques minutes de vol au maximum de sa vitesse le renvoyait aux souvenirs des autocars départementaux de son enfance !!
Certes le transport paraissait plus extravagant , plus surréaliste , ses commodités un peu bluffantes là-haut , si haut dans le ciel et pourtant l'engin déroulerait le ruban de sa longue route jusqu'au terminus Polynésien , protocoles embarqués maintes fois utilisés et garants présumés de la sécurité des passagers .

André détenait-il par le menu les informations concernant l’ensemble de son périple, oui sans doute mais pourquoi attacherait-il tant d’importance à cet organigramme, il choisirait de vivre chaque instant et se laisserait porter par les évènements !!
Dès la première collation matinale quelques heures après le décollage la plastique parfaite des charmantes hôtesses du palace avait occupée l'étroite allée centrale , un parfum délicat flottait dans leur sillage sans cesse émoustillé par leurs fréquents passages .
André assurément troublé venait d’en prendre l’agréable mesure .
Un douzaine d’heures de décalage horaire et vingt quatre heures de vol effectif tels étaient les paramètres familiers connus de tous , André compléterait le tableau en y ajoutant quelques théories fumeuses dont il avait le secret !!
Il était donc chose acquise que du service aimable de ces charmantes hôtesses il serait fréquemment gratifié, il pourrait aussi à loisir observer et saisir depuis  la vitre épaisse du hublot quelques surgissements de terre, quelques bribes de territoire ou quelques munificences inédites.
Il en aurait l'opportunité et le temps !!

Le précieux DC8 propriété de la compagnie UTA ne manquait pas d’allure, une première escale à Athènes et la ville grecque fut naturellement l'arbitre des premières élégances .
Un fuselage comme un corps de danseuse flanqué de deux ailes gracieuses, l’endroit du poste de pilotage à son extrémité constituait un ovale ogival et la ribambelle de petits hublots rieurs donnait à la carlingue un air aimable , une humeur très hospitalière.
Le temps de se dégourdir les jambes dans les limites strictes de l’aéroport , de griller une cigarette , d’acheter quelques revues locales , quelques babioles , de découvrir d'autres visages , et les nouvelles procédures de transit seraient ainsi assurées . Depuis le départ du Bourget l'avion ne désemplissait pas, au petit jeu des chaises musicales une clientèle enjouée se prêtait volontiers , la compagnie jamais n'eut à déplorer le sort malheureux d'un perdant !!
Comme une paix de cathédrale , chacun à sa place , d'autres visages , certains plus aimables , certains saisis par la trouille visiblement crispés , et quelques quidams sans le moindre complexe jusqu'à se vautrer dans le moelleux de leur siège.

On lui avait promis un dépaysement qui irait crescendo, il n’avait jamais refusé de le croire et naguère l’instant du choix de la Polynésie, décision inspirée prise lors de ses tests probatoires lui revenait encore en mémoire, c’était la destination la plus lointaine, la plus convoitée, la plus enthousiasmante , la plus improbable  et pourtant !!
Parmi les mots, les musicalités qui le faisaient rêver quand il était enfant il était souvent question de celles venues depuis l'usage de quelques vocables ; tropiques, Tahiti, océan, îles, archipels  …
La bibliothèque verte qu'il ne trahissait jamais lui avait donné tant d'informations , les œuvres condensées du capitaine Cook, ou de celles de Louis Antoine de Bougainville notamment .
Sa décision , ses choix ne relevaient pas du hasard !!

Ils étaient partis de Paris sous un froid de canard , le climat d’Athènes était étouffant , André avait enfilé un polo plus adapté , un lin délicat offert par sa cousine , femme rieuse , généreuse .... et tellement gourmande !
Pas une pâtisserie nîmoise reconnue n'échappa jamais à sa vigilance !!
C’est aussi avec elle qu'il prit son premier grand plaisir cinématographique . En cette délicieuse année 1964  « My Fair Lady » s'imposa en effet .
Le plus grand cinéma de la ville l'avait mit à l'affiche , la salle était immense . C'est dans un insondable fauteuil rouge qu'il retint ses premières larmes tant cette histoire était touchante , et l'interprétation inoubliable de la sublimissime Audrey Hepburn ajoutait à son trouble .

L’avion était désormais sur un axe de navigation qui devait les propulser jusqu’à « Colombo » capitale de l’île de Ceylan.
A leur arrivée, parvenus au pied de la passerelle une atmosphère lourde , étouffante ajoutait à l'extraordinaire vécu par leur sens et leurs mirettes , c’était oppressant mais étrangement enivrant.
Il avait mis son premier doigt dans la confiture, il pressentait déjà les sensations promises, l’aéroport de Colombo et son incessant tohu-bohu préfigurait sans doute le dépaysement radical sur lequel il comptait tant et tant .
En réembarquant il ne pu s’empêcher de se retourner pour une dernière contemplation , l’esprit de l’aéroport de Colombo en disait long sur la trépidation qui devait convulser ruelles et quartiers, il ne pourrait hélas que l'imaginer .


Noël Vallier.

Vers et proses


Vers et proses

Assez de vers tirés de l’écume des choses
Inutiles désordres bouillies quatrains savants
Tirades surmenées au-delà de la prose
Moi qui ne veux que toi guerrier d’amour servant

Le soleil qui t’inonde cet ambre qui te dore
Les effluves douceurs depuis tes seins tes reins
Ces parfums d’une peau aux doux grains que j’adore
Pour dire autant de flammes je veux des mots de rien

Chérie parler d’amour t’offrir des métaphores
Sur du Velin parfait laisser ma plume aller
Ces billets parfumés ces mots doux dans l’amphore
Sont-ce des jolies fleurs sont-ce roses en ballets

Vaines tirades belles entendent-elles filles femmes
Des tumultes urbains où saignent bêtes damnées
Les hommes bons, précieux et leurs cris et leurs flammes
Monter l’écho maudit de leurs tourments minés

Femme tu n’es plus celle du tissu que tu brodes
Des mailles tu n’es plus tricoteuse à l’envers
Les hommes verts de rage dans les orages grondent
Adam souffre Ève tremble perdus dans leurs revers

Assez de vers tirés de la beauté des roses
Laissons la Baccara aux épines acérées
Griffer l’amour saigner nos veines bleues ces choses
Ces sillons de souffrance aux routes apeurées

Noël Vallier



samedi 13 août 2011

Histoires de dards ( suite ) .


De l’abeille incongrue il voulut faire son miel
Répétant à l’envi que son dard magnifique
Aussi vite fut feu, las abdomen et trique
Ne font qu’un sur la mousse poissée d’un peu de fiel
C’est ainsi que meurtri je m’en pris à l’escouade
Branle-bas ce combat et de bander guimauve
Face aux assauts pervers des bourdons petits fauves
J’enfilais aussitôt jusqu’au fond la calade
Tant il était écrit qu’une dégelée royale
Infestée de venin darderait mon tricot
Que je couvris baisant une reine vitale
Laquelle vieille peau injecta mes calots
Mon humeur n’était plus comme elle fut frétillonne
J’enflais de l’ornement couvert des oripeaux
Que les infâmes grues bouffant fils et cretonne
Décalottaient en chœur sopranos et pipeaux
Quel butin ces mutines quelle colonne indigo
Que de frasques oh martyr hématomes ribambelles
Du menton j’opinais mirettes vers les belles
Me frayant des trouées usées de vertigos
L’interdit le fuyard l’observant botaniste
Que ne fis-je m’enivrant de nectars interdits
Du boccage pompeux de ses dons de ses pistes
Duquel j’extirpe fourbu faux tulles tristes organdis
Noël Vallier

Drôles de façons ...


Il est ma foi curieux que dans un creux d’oreille
Gouffre de l’ornement qu’est son pavillon mou
Circulent en tout sens des vies des jus de treilles
Des mots d’amour des drames de sots et vils remous
Ah cette anatomie ces tripes cette prose grêle
Que l’on prête à Eustache à son coeur roi des vers
Élégance insigne que d’un organe frêle
L’on puisse sauf conduit instruire fort revers
Tu entendrais Madame si d’Eustache tu lisais
Les incongrus les frasques et le si peu à dire
Des résonances basses et si tu médisais
Sur l’ouvrage de l’âme nous ne pourrions redire
C’est ainsi que d’un drame réduit au potiron
Du potager des mots ou vous fûtes imbéciles
Gente dame et complaintes tous deux un peu marron
Vous finirez réduits de cet obscur décile
Et ces amours ces sens ballottés en tous vracs
Que l’on instruit si mal et que d’autres malmènent
Survivront-ils misère au-delà de leurs tracs
Au piètre mémorial qu’un sire brame et traîne
Tudieu faiseurs de strophes les amis de talents
Sitôt fait qu’insupportent à vos sens vos oreilles
Le déboulé gênant des mots bêtes leurs relents
Indignez vous de grâce oh mes amis de veille
Noël Vallier

vendredi 12 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'archipel radieux ( 5 ) .

Il avait quitté Toulon en y laissant quelques tristesses quelques mélancolies, cette ville tout juste dévoilée méritait mieux que cet abandon soudain , cette hâte dopée par les impatiences grisantes du grand départ.
Les vieux Toulonnais sifflotaient dans les ruelles , d'autres assis sur les bancs publics près du boulevard échangeaient secrètement telles des dentellières jalouses de leur art de broderie  les plus belles histoires de leur vie agrémentant l'ordinaire de quelques récits d'aventures joliment inventées .
Les vieux ne parlent plus ?? Peut-être  … mais alors seulement sous la pression de l'horloge , jamais à Toulon ville bruyante comme une volière où les bavards Goélands finissaient même par renoncer !!

André arrivait à Valence  ….

Le froid piquait fort dans les avenues de la préfecture, la brasserie le Continental pleine comme un œuf donnait à prendre pour de longues heures le cuir tanné de ses banquettes et là d’innombrables séants parmi lesquels ceux frétillants et alertes des minettes pensionnaires qui n’avaient de cesse que de croiser et de décroiser leurs jolies gambettes, subtile gymnastique raison unique de bien des fièvres.
Le percolateur sifflait fort fidèle à ses habitudes, un huit tasses, vraie locomotive aux chromes impeccables lancée à pleine vitesse , au service de la correspondance la plus prisée de la journée celle du 12-15 heures !! Les petites faïences blanches à l'anse robuste valsaient comme collées aux mains expertes des barmans de l’établissement.

Dernière halte à la maison, embrassades, ultimes préparatifs, une valise remplie jusqu'à sa gueule véritable bombe à retardement, caméra super 8 précautionneusement calée, deux ou trois « San Antonio » pour préparer une route qu'il espérait spirituelle aussi , puis une courte nuit de sommeil sur la qualité de laquelle il ne se faisait aucune illusion, elle n'apaiserait rien ou pas grand-chose !!
Il s'accommoderait le lendemain des encombrements de Paris, il sécuriserait ses déplacements, veillerait à ne jamais se laisser distraire pour se retrouver enfin à l’heure exigée sur le parvis de la caserne de transit point de ralliement des troufions métropolitains.
Il était parvenu sans trop de difficultés à s’accommoder des contraintes que lui posait le dédale parisien, et tout ce petit monde installé pour une nuit dans une caserne de transit spéculait sur les surprises possibles que pourraient leur réserver leurs prochaines pérégrinations .

Il partirait par la route des « Indes » itinéraire confirmé , depuis l’aéroport du Bourget, un DC8 décollait le lendemain matin, passeport et vaccins à jour il embarquerait en sa qualité de fonctionnaire d’état sur un avion de ligne à vocation commerciale !!
Il avait si peu vu de Paris, le métro certes , un tohu-bohu incessant , il était tard le soir de son arrivée, il aurait  tout de même prit le temps de chaparder un peu du spleen de la capitale , il n'aurait pas entendu le moindre papotage , on ne papotait pas sur le macadam fourbu des grouillantes avenues ?
Il ressentait une sensation étrange, était-il vraiment observé comme il lui semblait ??
Depuis son arrivée dans la capitale il le vivait ainsi, était-ce sa gestuelle empruntée, son allure hésitante, ses curiosités fréquentes qui le plombaient de la sorte ?? Il en tirait de bien mauvaises conséquences !!
Il était une victime provinciale , une de plus , pourtant les dames élégantes de l’avenue ou celles plus furtives qui couraient les petites ruelles avaient mieux à faire , était-il seulement vu ?!
Tout compte fait il n’y attachait que peu d’importance , il appréciait le chemin parcouru depuis l'enfance se souvenait de la bonne éducation , de l'affection sans faille qui lui furent prodiguées  un père absent il est vrai mais des grands-mères tellement aimantes, une mère attentive à l’esprit vif et affûté, une jolie frangine de dix  ans sa cadette , groupie peut-être , et tellement de dentelles et de broderies , de gourmandises et de rires d'amusements et de stupéfactions !!

L’aéroport du Bourget brassait ses carlingues en tout sens, on s’agitait dans les cockpits, les conventions  et les protocoles laissaient à voir et à entendre des bruits étonnants , d'inédites chorégraphies .
Seuls les techniciens vissés sur l’immense tarmac pourraient décrypter ...
Ils s’étaient regroupés, une quinzaine peut-être, désormais mêlés aux passagers aguerris de ce vol commercial, l’ambiance était détendue.
Une navette s’approcha, deux autres suivirent , puis ils présentèrent leurs passeports et ordres de mission, des employés régissaient l’importante ondulation produite , ils venaient tout juste d’être reconnus en leur qualité nouvelle de « persona grata » !!
Ils montèrent dans les navettes, plus loin le corps de l’avion DC8 qui les attendait leur parut élégant.
De charmantes hôtesses les attendaient au pied de la passerelle, ils montèrent les marches suivant en cela leurs souriantes invitations.
Leur cœur battait un peu chamade, il furent aussitôt rassurés , ils se calèrent dans le moelleux de leurs fauteuils réservés.
A peine venaient-ils de s’installer, tout juste quelques instants , quand le commandant de bord se présenta .
Il leur souhaita la bienvenue, les hôtesses tout sourire récitèrent un court protocole, André se blotti contre le hublot, l’avion s’ébranla bruyamment prit toute sa vitesse et la carlingue en bout de piste leva du nez.

Peu après le monde du tarmac que l'on pouvait encore entrevoir , puis les crêtes parisiennes disparurent à la hâte , il s’apaisa et retrouva un peu de ses esprits …



Noël Vallier





jeudi 11 août 2011

La ronde des six ( souvenirs )

La ronde des six


En d’autres circonstances il fut juste de dire
Que onze nous étions cinq couples et un luron
Vers d’autres horizons on pu craindre le pire
Hommes murs et leur dame si loin de leur perron

La raison et le cœur nobles causes en tous lieux
Et l’envie si pressante de vouloir en découdre
Fit paraître leurs armes au meilleur de leurs mieux
Et du passé surgirent tant de choses à résoudre

La Cythère nouvelle et sa pointe et Vénus
Puis les trucks les marchands d’alizés et les routes
Parfumées de tiarés pour attendre Pétrus
Qu’au Four-Six nous pouvions harceler de nos doutes

Quelle étrange malaise quelle leçon de foi
A se heurter si peu et s’étreindre à la longue
Comment ne point d’hommages et sans le moindre effroi
Honorer nos aimantes nos belles fleurs oblongues

Puis ce fut un concert ici Jack et là Dom
Et si Dom fut distrait des myriades de bulles
S’engouffrèrent au col ah moiteur des flacons
Des flacons roses et blancs que nos palais adulent

En ce beau mois de mai vinrent les improbables
Ces cadeaux si furtifs que la vie s’en éprit
Poussons encore un peu ce destin délectable
Sur nos âmes conquises Dieu sait qu'il entreprit

Noël Vallier

Ce cher jeudi !!


Ils s’appelaient Daniel , Jean-Paul , Yves , Yvon , Jean-Luc , Christian , Claude , Alain , Raymond , Jean-Louis , Jean-Claude , Marcel , Gérard , André , Dominique , Patrick , c’étaient les copains du jeudi certains très proches , complices , d’autres plus épisodiques .
Elles s’appelaient Françoise , Martine , Viviane , Christiane , Évelyne , Roselyne , Michelle , Chantal , Jocelyne , Rolande , Béatrice , Régine , j’en oublie !!
C’étaient les copines acharnées et brillantes des classes primaires ….
Avec elles nous partagions des jeux plus éducatifs, quelquefois, quelquefois seulement  !!
Ne vous y trompez point, c’étaient des colin-maillard savoureux, des parties de cachette où les yeux dans les yeux nichés dans quelques planques improbables, de telles mixités révélaient sans crier gare le sentiment amoureux.
Petits amours platoniques , mais des cœurs qui s’emballaient , l’été souvent à l’heure sublime des parfums de pêches , à l’heure où giclaient dans nos bouches les jus savoureux des prunes des mûres et des abricots après que l’on eut mordu avidement leurs chairs …
Jour de relâche pour toutes et tous, cartables oubliés dans un coin de la chambre, le jeudi serait  l’affaire du curé et des sœurs, inoubliables patronages catholiques, libres sans aucun doute mais chaleureux et consensuels.
Balades éducatives, escalades sportives, parties de foot où le référent Pinède entravé dans sa soutane réalisait pourtant bien des exploits.
Cinéma du jeudi ; Fury, Joselito, Crin blanc entre autres nous transportaient  et notre brave curé de se battre souvent avec les pellicules qui ne s’en laissaient jamais conter !!

Brave jeudi aujourd’hui renvoyé à ses chères études, irréfutable jour de milieu de semaine, halte intelligente et bienfaitrice de nos tendres années.

Jeudi je crois que nous t’aimons encore tendrement.


Noël Vallier.

mardi 9 août 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'archipel radieux ( 4 )

Difficile d'imaginer ce que serait l'échelle émotionnelle des évènements futurs mais depuis l’appel de son nom il ne cessait de se projeter !!
La localisation du lieu magique où il venait d’être officiellement affecté, bientôt l’envol de la carlingue qui s'ébranlerait à l’aéroport du Bourget, et tous les préliminaires , ces prétendus détails qui comptent pourtant tellement !
Il lui fallait aussi prendre conscience de ce que son nouveau statut conférait à sa toute jeune personne  , ne venait-il pas en effet d’endosser l’habit , le statut d’un estimable représentant des services armées . La  consigne était fort claire , combien de fois répétée par les cadres ; le petit doigt sur la couture du pantalon ne serait certes plus de circonstances , elle ne correspondrait plus à la mission , ni aux humeurs et aux caractères de l’Île et de ses habitants, mais jamais il ne faudrait se départir de l'exemplarité requise , posture d’excellence sans sacerdoce particulier certes , non simplement vertueuse , elle l’aiderait en bien des circonstances à mieux connaître mieux comprendre ses futurs amis autochtones .
Il ne prenait aucune note, ne tenait aucun cahier, étaient-ils seulement majoritaires celles et ceux jeunes adultes de l’époque à se soucier de l’utilité de leur mémoire ?
Que sa famille lui pardonne, rien du souvenir de l’anniversaire de ses vingt ans ne remontait , l’armée n’en avait cure , elle qui n’avait rien concédé, ni permissions ni sorties exceptionnelles, curieuse fin d’année 1968 qui avait sonné le glas d’une réjouissance familiale qui fit long feu !!

A Toulon les affinités constituées tout au long de cette période de classe cédèrent un peu de leurs places, contraintes, et les nouvelles agrégations nées depuis l’annonce des dernières affectations soudèrent d’autres groupes.
Les informations circulaient en tous sens, quelques anciens peut-être dépités vilipendaient les tropiques sans en connaître le moindre arpent, en situaient-ils seulement les minuscules positionnements, les trouveraient-ils sur une mappemonde, savaient-ils la beauté de ces archipels au cœur de ce parallèle Sud du Capricorne ?

Les infirmiers militaires du 4 me Rima les avaient gentiment prévenus, une prévention sanitaire s’imposait, le peu sympathique vaccin  TABDT serait incessamment administré aux appelés en partance et tous redoutaient les conséquences quelquefois douloureuses de son injection.
Typhoïde , paratyphoïdes A et B , Diphtérie , Tétanos , l’inoculation ratissait large , trois injections avec rappels seraient nécessaires , un jeûne de vingt-quatre heures à la clef , une épaule possiblement fracassée et  de fortes fièvres pour faire bonne mesure , puis enfin prêts ils pourraient vivre toute l’intensité de cette exceptionnelle aventure !!

Ce fut en effet douloureux, il se souvint avoir fait l’impasse sur la dernière injection se faufilant au travers des mailles du filet sanitaire si redouté, il ne se soucia guère des conséquences de l’omission, quarante ans se sont écoulés depuis cette petite transgression et de ne s'être point conformé aux prescriptions militaires n'entraîna jamais la moindre des conséquences sanitaires !
Certains de ses camarades connurent d’autres fortunes le contrecoup était rude il leur fallût concéder un peu de repos avant de retrouver peu à peu toute leur vigueur.

Ils étaient sur le point de quitter Toulon, sans trop de regrets, Toulon et ses palmiers d’avenue, ses brasseries du centre ville aux odeurs sucrées, les rues sombres et populaires du quartier « Chicago » ses commerces pittoresques, ils pourraient enfin goûter un peu de paix après ces trois mois de classes rudes dites d'intervention .
Les parcours du combattant menés à train d’enfer sous la férule d’un caporal  fort en gueule ne seraient bientôt qu'un amusant souvenir et ils pardonneraient bien vite à la discipline intangible du système de les avoir tant bousculé.
Les plus chanceux d’entre eux  étaient en possession de leur " graal " le passeport militaire qui n’attendait plus que les tampons des administrations, le sceau de toutes leurs escales, et sur la première page duquel il était mentionnée leur qualité de fonctionnaire ….
Qu'avait-il vu d’extraordinaire notre ami André avant l'âge de ses vingt ans, peu de choses, la méditerranée, les vacances familiales à Valras-plage dans le beau département de l’Hérault , d'autres captivants séjours en colonie de vacances , l'apprentissage ou plutôt la révélation de l'Aficion , ses fréquentes visites à Nîmes chez des cousins cafetiers lui apportèrent tant .
Il allait fréquemment les visiter depuis Flaviac en micheline, le cœur toujours en joie, il avait aussi tissé de solides amitiés avec les clients de l’établissement , ils devaient apprécier sa gentillesse admirer son énergie et  ses services empressés , jamais il ne moqua la moindre de leurs impatiences .
Il s’en revenait chaque fois avec de nouvelles expertises , une fois compilées elles lui permettraient de posséder du milieu taurin une honorable connaissance , de quoi se défendre en tout cas contre les théories intolérantes avancées par certains opposants !!
Ah ces opposants , Don Quichotte en goguette détracteurs obstinés de cet art , haineux  pis que pendre , accessoirement amateurs de sauces fortes et de viandes crues .... saignantes !!
Curieux paradoxes .
Il ne faisait aucun doute que le sujet serait abordé et parmi bien d’autres à l’ombre des cocotiers et autres beautés polynésiennes !!

Il partait affectionné par les siens et ne lui échapperait pas à la veille de son départ combien dans leurs yeux familiers pointait l’expression d'une tendre compassion … presque grave !!!


Noël Vallier.






Le mardi .


Que peut-on dire du mardi ??
Peu de choses,
Il n’est pas jour du poisson certes, mais vous aurez noté qu’il peut être gras !!
Il précède le mercredi intéressante chose, mais il ne fait que suivre le lundi….
Le mardi somme toute est un jour finalement très ordinaire, sauf peut-être
pour  les mardiphiles !!
Peu d’études sérieuses, peu de statistiques nous donnent matière à réflexions
sur l’étrange singularité de cette « secte ».
Le mardiphobe n’est ni grand ni petit, ni gros ni maigre, ni plus bête ni plus intelligent.
Un mardiphobe (ou phile) passera inaperçu mêlé à une foule compacte, cependant surpris
seul dans un endroit très désert il devient aussitôt visible.
Et si par surcroît il possède un bel organe il pourra tenter un concert …
A mardi fermé bien entendu !!
Prochainement je m’intéresserai au sort des mercrediphobes.
C’est un sujet je vous l’assure qui ne manque pas de piments.

Noël Vallier


lundi 8 août 2011

Le chant du carreau


Le chant du carreau

Demain cet autre jour demain d’autres lumières
Avant que le néant enfante le malheur
Primesautières et gaies délicieuses et fières
Rendront plus bleu l’azur en l’inondant de fleurs

Ma quête est toute neuve et les ruses de l’âge
Cette glaise sournoise si prompte à nous glacer
Face à tant de soleil tant de remue-ménage
Battra lasse en retraite contenue courroucée

Je revois couleurs gaies les premières ombrelles
Tridulements ici j’entends les Martinets
S’arrachant aux corniches des nuées d’hirondelles
Virevoltent en trissant  au-dessus des minets

Depuis mes baies ouvertes à l’instant où j’évoque
Ces mille sensations et tous mes sens troublés
Quatre papillons bleus dont le printemps se moque
Volètent en cascade sur les épis de blé

Je ne vois pas la mer sa mousse et ses vagues
Depuis mon belvédère ou je construis ces vers
Mais la saison m’inonde et ses odeurs divaguent
Parmi les seringats les lilas les fougères

Demain certes incrédule tremble un peu sur ses bases
Le soleil est voilé au-dessus des cyprès
Mais il nous est promis encore bien des extases
Avant que les semonces nous pressent d’expirer

Noël Vallier






dimanche 7 août 2011

L'archipel radieux ( 3 )





L'Archipel radieux ( suite ) .

Toulon était encore douceur au cœur de ce mois de décembre 1968 , les capotes militaires les protégeraient bientôt d’une froidure annoncée , ils traîneraient donc le barda réglementaire , deux kilos de tissu pelucheux couple taillée ample , chaud .
Les  grassouillets , rondouillards , minces , les en forme de tonneau , les en forme d’asperge seraient plus ou moins engloutis sous cette triple vareuse !!
C’était le parti pris de l’uniformité , attifés de la sorte ils ne pourraient jamais séduire, mais au moins pourraient-ils inciter au respect et sait-on jamais être craints !! …

Les anciens avaient accueilli les « impétrants » de la classe suivante et les jeux de bizutage recouvraient leurs droits.
Même détresse et pareil effroi .
Les bleus tels des donzelles iraient chercher leur salut aux robinets des lavabos, le majeur dressé, stupéfiés par tant de culot, tant de transgressions tant d'apparentes cochonneries !!
Pour de faux certes mais ces jeux idiots conséquences fâcheuses , héritage débile venus de l’omnipotence régnante du caporalisme universel étaient tout de même rondement menés . Devant en première ligne une dizaine d'abrutis obstinés , encroûtés dans les us du bataillon, tous rompus aux exercices coutumiers de ces rites « initiatiques ».
Ils le savaient  l’annonce de leurs affectations définitives ne tarderait guère, les appelés de la 68 2C étaient survenus , impatients au seuil des derniers jours de ce mois de décembre languissant et terne . La période des classes s’achevait , ils avaient eu leur compte de vexations , de gardes, d’appels intempestifs nuitamment gueulés et ils avaient le sentiment que l’heure était venue de changer d’air.
Regretteraient-ils Toulon ? Rien n’était moins sûr. L’humeur maussade de son automne avait distrait leurs attentions et les servitudes imposées par le casernement avaient sonné tant de charges qu'ils se retrouvaient un peu nus , vulnérables ...
Ils leur faudrait encore espérer sur beaucoup d'énergie et c'est ainsi que portés par leur orgueil , dopés par d’impatientes espérances, ils boucleraient leur période de classe ….. c'était ainsi !!
Point de permission pour les fêtes de Noël, et au grand dam des attentes familiales , l’occasion ne leur serait donc point donnée de révéler à leurs proches l'importance du chemin parcouru , ce chemin un peu mutant où le gamin peu à peu devenait un homme !!

Ce n’était pas entièrement faux le brassage incessant de tous ces caractères ne modifiait en rien leur personnalité mais il mettait à l'heure de l'usine militaire toutes les pendules psychologiques .
Ils étaient désormais alignés sur l'heure juste des braves !!
Les fanfarons fanfaronnaient moins , les plus timides s’ouvraient aux nécessités du vivre ensemble , les plus experts exerçaient un coaching bienveillant , inspiré et fraternel , c’est ainsi que le groupe avait admis que puissent naître en ces lieux une solidarité complice .
Ce jour là le planton de service hissait les couleurs en plein cagnard, tous étaient aux ordres, le ciel de Toulon était immensément bleu, le clairon shunter allègrement les consignes du cahier musical et courait dans les rangs comme une humeur folâtre.
Cependant la brochette militaire qui officiait devant leurs guêtres s’était enrichie de quelques galons supérieurs et c’est un commandant qui s’avança .
Flanqué d'une belle escorte et portant une liasse de documents .
Les hommes étaient prévenus, dès l’appel de leur nom il leur faudrait selon les usages sortir du rang.
Les délibérations s’étaient-elles déroulées conformément à l'esprit de la coutume militaire ?? Jamais ils n'en doutèrent , quels furent les critères retenus? Ils n’en surent rien.
Un premier groupe composé d’une dizaine d’appelés, dès la première injonction fut informé de son nouvel ordre de mission …
Djibouti !! La république de Djibouti … la mer serait rouge assurément mais ce pays côtier de l’Afrique de l’est n’était pas sans connaître de nombreuses échauffourées le dépaysement tant attendu ne dérogerait pas à la règle certes il venait tout de même de prendre un peu de plomb ... il avait un petit goût amer !!
L’entièreté des troupes présentes  ne partirait pas, des hommes resteraient à Toulon, ils vivraient leur temps d’armée au rythme des saisons de la métropole.
Puis il y eu les élus de la Réunion , ceux de la Nouvelle-Calédonie , ceux de la Guyane française tous pris dans les vertiges d’un bonheur immense , mais un bonheur contenu !!
Restait à désigner une dizaine d’hommes, virtuellement en partance, et seule la Polynésie française n’était pas encore pourvue, Tahiti île exquise , île fantasmée , plombée de soleil , nichée au coeur d'un archipel féerique radieux !!

En seraient-il ?? ah !! cette oppression , pour quelques instants ,quelques instants seulement…..
Dés l’appel de leur nom il durent à leur tour tout contenir , de leur joie immense , de leur hébétude puis de leur frénésie .
L’azur au-dessus de Toulon s’était vêtu de son bleu de gala et les cœurs de nos amis à l’unisson étaient comme saisis ….
Au comble d'un vertige indescriptible .

Noël Vallier .

L'Archipel radieux ( 2 )

Page 2

Tout avait commencé à Toulon.
Une période d’initiation rude, dispensée par le régiment du 4 me Rima la discipline militaire était une affaire entendue, elle avait le bon goût de se montrer intraitable, rarement il se trouva des appelés s’obstinant à réfuter son enseignement et la grande majorité d’entre eux acceptait de bonne grâce que soient enfin rétablies les règles d’obéissance et de soumission auxquels ils s’étaient tant de fois dérobés, jeunes godelureaux contestant parfois timidement l’autorité familiale.
Cependant il convenait que les plus rétifs d’entre eux admettent le principe d’un élémentaire recadrage, que soit enseignée une méthodologie intransigeante  puis administrés toutes affaires cessantes les premiers bouillons amers mais utiles de la marmite républicaine.
Trois mois de classe, de plaisirs rudes, assortis de quelques séquences mémorables où ils se retrouvaient en missions, baroudeurs es qualité aux alentours du Mont Faron le plus souvent, sous la pluie, trempés, puis essorés par la bise glacée, rations de survies en sus harnachés d’un « lest » dont l’encombrement et le poids pesaient lourdement sur leur échine.
L’appel du matin après la toilette froide, une tenue dans les rangs impeccable, et le casernement devenait sacerdoce, grave à l’instant précis de la montée des couleurs.
C’était le rituel.
Les enjeux sportifs dopaient leur orgueil, le cross matinal du petit matin mené à train soutenu dans les rues désertes de Toulon donnait lieu à de sérieuses empoignades et ce qui n’aurait du être qu’un exercice bouclé sans zèle particulier finissait par prendre une tournure de compétition. Au  fil des kilomètres la cadence se durcissait, les plus expérimentés et les plus combatifs prenaient la poudre d’escampette et fréquemment une dizaine de lascars, toujours les mêmes pénétrait l’enceinte de la caserne avec une avance significative, vidés, extenués ils précédaient une flopée de groupes disparates, tous égrenant l’interminable parcours.
André dirait peu sur les bizutages que les « anciens » réservaient aux « bleus » ces traditions grasses ne l’amusaient guère et l’agaçaient même fortement, pour en avoir été à son tour l’une des victimes il pouvait témoigner combien pendant quelques minutes son dépit fut grand, ce n’était certes pas la fin du monde, ni celle des honneurs mais l’affaire avantageusement gratinée pouvait surprendre !!
Ils en sortaient malgré tout indemnes, un peu plus endurcis sans doute et conséquemment instruits d’une curieuse philosophie, mais n’était-ce pas le but recherché par les cadres, combien d hommes de troupe furent ainsi activement désinhibés.

L’humeur Toulonnaise n’en finissait pas de nous dévoiler son caractère.  Se mêlaient surprises, intrigues, truculences et bonnes humeurs.
Les palmiers de l’esplanade suggéraient des fuites tropicales, quelques brasseries chics présentaient une devanture de bon aloi, des fumeurs de pipe imprégnaient les salons cossus de l’odeur caramélisée de leurs tabacs, de charmantes et solitaires jeunes femmes renchérissaient mêlant aux brumes prégnantes exhalées par les hommes celles plus délicates de leurs cigarettes Craven, Dunhill ou Chesterfield.

Une fois sortis des quartiers préservés de la ville, les jeunes militaires cheminaient alors immanquablement vers l’endroit « tabou », le sulfureux quartier, l’étrange « Chicago ».
Le secteur ne sentait pourtant pas le souffre d’autres effluves pointaient doctement,  odeurs d’épices probablement, elles étaient contenues dans quelques ruelles sombres et flottait alors dans ce confinement comme une multitude de soleils.
Une enfilade impressionnante de bars, néons en façade, s’accaparait rue et ruelles, une gente féminine familière s’étourdissait sur ses arpents, hélant sans cesse les militaires et s’engouffraient alors dans le dédale des officines les ombres en fuite tirées par des couples improbables.

Noël Vallier

Chet ...

Chet

J’écoute Chet Baker et son sextet qui rogne
Peu à peu dans ma tête ma cervelle et sa lie
Qui s’entêtent  à pourrir à tempêter charognes
Contre Chet sa trompette qui font douce ma vie

Au-delà des fenêtres les peupliers sont roux
Doux les degrés d ‘Automne c’est la danse des poux
Les pollens virevoltent tourbillons jazz pour hordes
Pourtant j’écoute Chet pour contrebasse et cordes

Les violons de l’automne cette langueur détonne
Au moment où le Chet mets la charrue aux bœufs
Du haut de sa trompette dès que ses notes tonnent
Le vent dans les grands arbres se la joue sac de nœuds

J’écoute Chet Baker et sa musique qui gronde
Les peupliers des morts lâchent leurs feuilles moisies
Partitions dépeuplées jonchant les vers en rondes
J’écoute le grand Chet et ses versets choisis




Noël Vallier

samedi 6 août 2011

Samedi en Vivarais ..

Ciel mitigé ce matin , cependant d'intenses coins de ciel bleu ravivent les secteurs sombres de nos cortex , un samedi de marché peut-être , un samedi d'échanges , d'amitiés , un samedi gastronomique sait-on jamais !?
Tôt ce matin quelques coléoptères froussards ont décampé dés les premiers crissements du volet de notre chambre ....
Les limaçons auront un peu bavé dans le potager , tout ce petit monde furtivement prend son quart en pataugeant dans la rosée matinale !!
Et notre maison fleure délicatement des effluves d'Arabica .
9 heures sonnent .... carillon et cloches de l'église au diapason !!
Pas belle la vie ??!!

vendredi 5 août 2011

L'Archipel radieux ( 1 )

Les premières années de la décennie 70-80 coulaient , onctueuses et parfumées comme un sirop grenadine .
André revenait de Tahiti , ses quatorze mois de service militaire étaient désormais bouclés et traînaient encore dans ses narines les délicieuses odeurs du coprah et des fleurs de tiarés .
La réalité était saisissante , il redécouvrait la métropole , les apprêts et les affectations de la gente féminine et restait stupéfié par le souffle libertaire qui  semblait embarquer mœurs et charnalités .
Ces corps lointains si convoités, ces regards furtifs qu’un trait de mascara délicat fardait si joliment, leurs conversations plus gouailleuses , affublées d’une coquetterie plus effrontée mais pleinement assumée , allant même jusqu’à rogner sur leurs piteuses minauderies , les filles étaient , simplement , toujours gardiennes de bien charmantes manières mais tellement différentes .
André ne cessait de se remémorer les années sixties si précieusement consignées dans la partie tendre de son cortex et défilaient encore sur l’écran nostalgique de ses proches souvenirs les posters innocents et les ravissants minois qui tapissaient les murs de sa chambre .
France , Sylvie , Françoise et quelques autres , toutes douces compagnes , tendres passantes de ses nuits !!

L’inexorable charme de la Polynésie jouait sur une partition plus étrange plus  contrastée .
Exubérante , luxuriante, l’île radieuse modelait à son image les humeurs et les discrètes frasques de sa pittoresque et gracieuse population .
Gracieuses , félines tout autant , les Vahinés caressaient à peine le sol feutré de cette enchanteresse terre , leurs déplacements semblables aux vertiges mousseux enfantés par l’écume des vagues roulantes de l’immense Pacifique jamais ne cessaient de léviter .
Les hommes pêcheurs , bringueurs insatiables dotés d’une force peu commune vivaient au rythme de la sensualité féminine débordante de cet étrange paradis , les jeunes femmes à la plastique parfaite ondulaient effrontément leurs fesses et leur déhanché naturel réveillaient incessamment de pressantes libidos .
C’était ainsi, la Polynésie de la fin des années 60 était encore saisie par le roulis primaire des sens , elle était aussi très religieuse et les militaires venus depuis la  métropole restaient interloqués .
Tahiti était désir certes mais le fer brûlant des conventions et des coutumes semblaient veiller pour mieux prévenir les moindres transgressions .
L’arrivée de nos amis à Papeete leur parut semblable à un miraculeux pétillement , sitôt parvenus dans le hall de l’aéroport tamourés et sourires furent leurs premières escortes , instants de grâce que des vahinés comme dans un rêve ne cessaient de broder , puis elles s’avancèrent et les couvrirent de colliers de fleurs de tiaré fraîches , ces préliminaires les embarquèrent aussitôt dans le tournis de leur première ivresse !!

Ils venaient d’atterrir dans un autre monde , le DC8 en survol au-dessus de  l’ île quelques instants plus tôt leur avait offert une vision préfiguratrice , celle ouverte sur un écrin  somptueux à peine traversé par quelques nuages fondus , volutes figées  et aimables qui n’entamaient nullement la pureté de son azur confondant.

Après l’aéroport le truck de service traversa plusieurs districts dont celui de Piraï secteur plus ombragé qui les rafraîchit opportunément , l’atmosphère étouffante les avaient tant saisi, et s’ajoutant aux capiteuses odeurs de coprah de vanille il ne s’en fallu que de peu avant qu’il ne provoque un étourdissement général  , oh doux instants mêlés de stupéfaction et de béatitude !!
Le Truck  moyen de transport rude et pétaradant , joyeux et gracieux , semblable à un petit autocar était entièrement ouvert , les assises étaient constituées par quatre bancs parallèles sur lesquels les passagers se faisaient aimablement face ; l’engin coursait sans relâche .
Le bois de ses structures était imprégné par l’odeur du monoï , les paréos moulants et courts de ces demoiselles laissaient souvent apparaître et jusqu’aux limites décentes de leurs cuisses leurs chairs cuivrées , ces chairs cuivrées que nos amis pressentaient douces , tellement douces …
Le séjour semblait leur promettre des heures exquises à tel point que la mission militaire qui leur avait été confiée suscitait déjà quelques délicieuses amnésies !!
Le camp militaire d’Arué était de composition plutôt agréable, ils étaient installés dans des baraquements militaires nichés au centre d’un vaste espace arboré desservi par des équipements et des structures convenables qui leur assureraient un hébergement quotidien satisfaisant .
Les cocotiers innombrables, les bougainvillées et autres palétuviers s’ajoutaient aux massifs de tiaré , explosion végétale  luxuriante que des mains expertes entretenaient quotidiennement.
Une poste militaire couvrirait leurs demandes et les services de correspondance seraient ainsi efficacement assurés , le vaguemestre s’occuperait de la charge et se mêleraient à l’accueil règlementaire sympathie et attention .
Un vaste espace était dédié au cinéma, ouvert sur son périmètre il était pourvu d’un toit traditionnel constitué par l’entrelacement de végétaux divers ; essentiellement des larges feuilles de palme lesquelles recouvraient une charpente en bois dur , l’épaisseur importante de sa couverture végétale les protégerait jusqu’aux gouttes de pluie les plus insidieuses .
Il arrivait en effet que surgissent des averses violentes mais elles se calmaient et disparaissaient aussitôt leurs traces , l’ardente activité du soleil polynésien asséchait aussitôt et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire les nombreuses flaques éparpillées sur les petites excavations du camp.

Telles furent ses premières  impressions ….