dimanche 26 février 2012

Rêveries ...


Je ne peux à tous crins et chaque jour vous rendre
Ce que de mes émois mes doutes ou mes fureurs
De ces irritations mes douleurs à me pendre
Non je ne peux vous vendre tous mes soirs de terreurs

De vous rendre en ce jour et si prés de la sève
Au printemps espéré à l'heure des bourgeons
Des drames assurés mes cauchemars ces rêves
Qui engagent si près les fleurs de mes raisons

Je sais que vos tourments ici bas sont les mêmes
Que les miens que j'agace au fil de mon crayon
Je ne puis pourtant taire mes fêtes et mes carêmes
Et ne pas vous céder quelques doutes en rayons

Si nous sommes de même en mal de belle errance
Et si mettre sabre au clair il est notre intention
Des mots ne craignions rien et de maux et de transes
Souffrez que nous aimions gifler ces tristes pions

Alors nous voguerons en belles goélettes
Sur tous les océans les mers et les marées
Nous porteront là-haut vers l’azur et goguettes
Deviendront nos humeurs et d’amour fort parées


Noël Vallier.














mercredi 22 février 2012

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite )


Béni soit Internet !!!
En de nombreuses circonstances il faut le dire et bien que l’outil galope en direction de je ne sais quel précipice la toile aujourd'hui vocable presque suranné nous éclaire mieux sur le monde et sur les événements que les chandelles et les bougies ...
Les purs sangs que nous somme devenus, par goût et par nécessité, aiment cette liberté des nouvelles et quand ils en ont jouent de leur crinière sur les réseaux de maternelle et sur quelques forums plus spécialisés plus sérieux ...
En cette année 2009 André naviguait communément sur la toile, il parcourait donc le "Net" poussé par une impatiente nostalgie.
Mais fichtrement curieux, tout y passait les pages blanches, jaunes, il aurait bien aimé d'autres couleurs encore, Copains d'avant, Trombi, même Wikipédia peut-être certains d'entre eux étaient-ils aujourd'hui connus ou célèbres ?!
Il retrouverait sans doute Stéphane et Bernard assez vite .
Stéphane était toujours marseillais mais peut-on quitter Marseille?
Il laissa, tout à son contentement deux ou trois informations le concernant sur le site des copains espérant ainsi raviver la flamme polynésienne puis il laissa la bouteille voguer ...
Il aurait pu téléphoner, l’ami Stéphane était bien sur l'annuaire, mais faire ainsi irruption fut une décision malséante, trente ans s'étaient tout de même écoulés depuis l'épisode valentinois !!
Il préférait prendre quelques précautions .
L’ami marseillais se manifesta sans tarder, ce fut chaleureux, cependant l’interposition de l’écran posait un problème, fallait-il rompre la glace sans le moindre détour ?
D'autres correspondances retenues suivirent, puis il y eu une longue pause.

Bernard était invisible, indétectable, rien sur Paris dont il était originaire ne semblait probant cependant à l'opposé de l'hexagone un homme répondant de la même identité et qui avait pris soin de laisser une photo sur un site, un berger sympathique, ressemblant, attira son attention mais cet indice concordant ne connut aucune suite
Bernard était enseignant au moment de son incorporation, cette reconversion paysanne ne lui avait parue ni saugrenue ni improbable, André n’avait pas à rougir de mener de telles investigations.

Le marseillais et le valentinois avaient donc renoué leur contact et à l’initiative du provençal il décidèrent de tout mettre en oeuvre pour tenter de réunir quarante deux ans après les protagonistes de cette belle aventure.
Ils pouvaient espérer qu’une dizaine de conscrits tous emblématiques de cette mémorable chambrée se dressent comme un seul homme et répondent avec empressement.
Encore fallait-il les localiser, qu’aucune des vies n'ait été dérobée, que la providence ait jalousement veillé sur leur destinée.
Stéphane et André conjuguèrent leurs efforts et ils purent sans trop de difficultés retrouver Maurice, Didier, Gérard et Patrice.
Tous étaient remarquablement disposés, heureux sans doute de s’immerger une fois de plus sans doute dans l’azur bleu de leurs charmants souvenirs.
Les voix étaient les mêmes, les humeurs égales pas le moindre salamalec c'est ainsi que quarante ans pendant quelques minutes furent gommés.
Ils eurent à déplorer une vraie dérobade, l'homme paraissait amnésique, traînait-il encore cette sorte de dentelle qu'il aimait accrocher à ses basques, était-il encore suffisant??
Ils apprirent la mort accidentelle de Bernard survenue une vingtaine d’années plus tôt et ce fut aussitôt un violent coup de tristesse, c’était un garçon charismatique, une des jeunes personnalités les plus abouties de la chambrée son absence serait une sorte de drame.

Ils ne purent joindre ni Didier, ni Jacques, et pour deux ou trois autres la tâche paraissait bien difficile.
Sur une douzaine de pressentis ils comptèrent une défection, apprirent un drame et renoncèrent faute de  réussite pour quatre autres.
Stéphane se mit en quête pour trouver le meilleur compromis géographique et la meilleure offre conviviale possible ...


Noël Vallier
 





















mardi 21 février 2012


"Le barbare, il faut bien l'avouer, n'a pas de peine à bien se porter, tandis que pour les civilisés, c'est là une lourde tâche."
Sigmund Freud, Abrégé de psychanalyse.

lundi 20 février 2012

Belle sans fard ...


Elle avait sur la tête une espèce de calot
Mais joli et gracieux loin d’être militaire
Elle avait dans les yeux un désespoir pâlot
Elle était nom de dieu belle à nous faire taire

C’était un samedi elle venait de Clermont
Ferrand s’entend du centre l’autre bandait guimauve
Son amant très servant rêvassait à ses monts
Moi je logeais ce soir dans un court shetland mauve

Il y avait une fête très champêtre au Gaucher
Bal sous les marronniers arrangé par l’orchestre
Il y avait du trèfle à deux pas les pêchers
Effluvaient des senteurs décharges jus sylvestres

Avant nous étions dix près de douze au bistrot
Accoutrée d’un tricot en jersey à se pendre
Marilyn c’est ainsi une paille au sirop
Rendait aux guéridons marbres et fontes plus tendre

Pour moi c’était rengaine j’étais posté minet
Semblant indifférent aux jeux de la déesse
Jetant son dévolu dans cet estaminet
Elle prit mon regard en otage mes paresses

Nous avons fait le vide sur les planches aux pêchers
J’avais le torse nu et ses seins et son ventre
Comme braises attisées sur trois slows à lécher
M’inondaient de sueur de ses perles et mon antre

De caresses en caresses et de caresses en jeux
Nous sommes repartis d’humeur très hôtelière
Au village où frémirent les giclées d’un enjeu
Où le charnel suintait déjà ses sources claires

Ma main s’abandonnait dans ses cheveux dorés
La sienne me cherchait au plus près de ma terre
Mes lèvres au plus bas près du puit mordoré
Sur les siennes dressées fleurirent l’ardent parterre

A l’aurore succinct à travers les volets
Filtrait doux le soleil et ses poudres de braises
Sur le grain de sa peau dessinaient un corset
Nous paressèrent tard tous deux ivres de glaise.

Puis elle partit …..




Noël Vallier









jeudi 16 février 2012

L'archipel radieux ( suite ) .

L"archipel radieux ( suite ) 

Le souvenir de la Polynésie fut tenace mais jamais au point d’encombrer par de futiles nostalgies le chemin de sa vie. .
Cependant en de nombreuses circonstances il fit référence à cette parenthèse tropicale, il en rappela souvent son exotisme, ses splendeurs, il en contait à la demande la vie simple celle qu'il avait eu la chance de vraiment connaître.
Quelle sinécure, chacune de ses évocations lui donnait un peu le tournis comme ça, il connut tout de même épisodiquement des envies de partances.  
S'en aller avec sa femme, ses enfants, fuir les prescriptions de la métropole, ne plus se coltiner l'austérité du modèle, botter son cul à notre cher hexagone, fuir ses saisons et ses raisons ...

Il aimait comparer les deux versions, certes il était bien vrai que la modélisation occidentale n'était pas sans avantages ni vertus et pourtant souvent elle lui paraissait légèrement rance un peu racornie, les vieux faisaient cortèges en proie à d'immenses doutes, placardés ils étaient tout juste en repêchage, quel infâme statut !

En Polynésie les seniors faisaient référence on les consultaient ils pilotaient le pays,s'imposaient comme les gardiens et les perpétualistes des coutumes et des traditions. 
Le territoire était un sourire, on pourra toujours mégoter sur les avantages dérobés d'un pays de soleil s'agacer du dépouillement fantastique de sa nature, parier sur les handicaps supposés de cette indolence si souvent et injustement décrite, il en mettait tout de même plein la vue et attirerait vers lui pour l'éternité tous les porteurs de fantasmes !!
En quarante ans de métropole André ne croisa pas plus de quatre ou cinq messagers fortuits, authentiques polynésiens venus depuis l'archipel.
Il rencontra Jacques le plongeur cascadeur à Valence, tous deux se croisèrent en plein boulevard ils échangèrent quelques mots, l'homme de Beaucaire lui parut égal, souriant et sympathique, prirent-ils le temps de boire un verre il ne s'en souvient plus .

La distance était certes encore courte, nous étions en 1978, huit ans seulement après l’éparpillement qui suivit le retour, les choses en restèrent donc là .

C'est Stéphane de Marseille qui se manifesta fermement, le premier, dans les deux ou trois ans qui suivirent il montait sur Paris croit se souvenir André.
Le sémillant marseillais et sa charmante épouse suggéra à André et France de déjeuner ensemble sur Valence.
Ils en furent très heureux.
Stéphane le dandy et madame garèrent leur grosse berline allemande avenue Pierre Semard, l'avenue était rieuse ce jour-là le soleil cognait sur les bâches et chauffaient les grands tilleuls, ils avisèrent un restaurant rue Célestin Poncet.
Stéphane et son épouse ne pouvaient pas ne pas être très confortables ... ils l'étaient assurément, André relevait du domaine bancaire, son épouse était secrétaire, tout allait donc pour le mieux dans le plus ordinaire des mondes .
Ils se souvinrent de tous les protagonistes de cette belle aventure , Jacky , Patrice ,Maurice , Bernard , Gérard , l‘autre Maurice , Jacques , Didier et ceux dont le souvenir s'était dissipé , peut-être moins présents dans la ronde .
André n'avait pas oublié le registre cinéphile de Stéphane sur lequel étaient consignées ses précieuses recommandations, cette encyclopédie fut donc restituée à son propriétaire.
Ils se séparèrent au début de l'après-midi , André très calmement sortit la BMW série 7 de son inconfortable impasse.
Ils poursuivirent leur route en direction de Paris ...


Noël Vallier .





































 



Souvenirs glacés ...

J’avance à petits mots et ne suis nulle trace

Depuis le temps marmot encombré par mes glaces

Chocolat et pistache double cornet gourmand

Sandalettes affûtées culotte courte droit devant


J’aimais tant de ce temps de ces sons faire l’éloge

Et ne cessais jamais bousculant dans les cordes

Les ivraies les orties horreur miséricorde

D’espérer et d’attendre des musiques l’horloge


Celle du jeu béni à courir les minutes

Celle qui tinte à l’heure celle qui geint aux maux

Du premier mal des mies qui ronge et qui s’incruste

Des aiguilles du mal celles des temps brumaux


Mais les bruits ont couru traînant dans mes galoches

Sous leur semelle raide sous leurs tannes carmin

Des grelots de musique des blanches et des croches

A me faire voler sur sentiers et chemins


Me saisi du barda en fis du bénéfice

Cultivant de bonheur vers verdures vermisseaux

D’arbustes me complaisais ici Acanthes Alysses

M’étouffant de bonheur auprès de leurs ruisseaux


Aujourd’hui je m’épuise à errer sur leurs berges

Dés ce temps décompté aux foutraques erreurs

D’opprobres suis couvert de doutes et je gamberge

De ne pouvoir du temps remonter aux clameurs



Noël Vallier









 



mercredi 15 février 2012

L'amour naît du malheur ...





Une salve d’amours fous tel était mon domaine

A chaque joue frôlée sa frimousse choisie

Ces beautés qui tombaient sur mon cœur oh fredaines

Emballaient coronaires ventricules en saisies


Dans mon paletot en cuir j’égrenais fonds de poches

Espérais des doublures parfumées de jasmin

C’était ainsi je le sais rien ne fut jamais moche

Et mes dégaines aigries portaient beau en chemin


Les filles aimaient me voir d’autres voulaient me prendre

Jusqu’à l’écharpe large qui couvrait jusqu'aux reins

Les sanglots de mon cœur qui coulaient pour se pendre

Inondant l’âme morte qui mourrait dans leurs mains


Cette quête incongrue d’amours fous cette guerre

Cette épique bataille menée en tous sentiers

Me fit aimer ces fleurs que leurs calices austères

Aimaient à surmonter leurs pétales foliolés


Quand un sépale ivre battait un peu de l’aile

Je m’arrêtais aux soies des étamines hardies

Et mes doigts caressants fondaient tôt sur l’airelle

Du fruit juteux offert depuis leurs paradis


Le sentiment d’amour les charnelles révoltes

Mes désirs encombrés par les plus doux refrains

Laissent à ces refrains que mon âme colporte

La ritournelle aimée de mes élans éteints



Noël Vallier

 

samedi 11 février 2012

Psychanalyses et colifichets ...


Fumisteries à l’usage des cortex et des thalamus désespérés …

Quand l’homme vénal s’assied l’homme souffrant se rassure, il ne sera jamais mesurée la tension artérielle, ni la température, pas la moindre palpation des entrailles, l’homme est supposé sain de corps il sera donc vraisemblablement guéri des tourments nés du désordre qui prévot dans son esprit …

Puisque tourments il y a !!

L’ectoplasme susdit, le mandarin supposé, le ponte arrogant, le mercanti en d’autres termes s’impose le silence pour mieux exercer son écoute …

L’homme souffrant est couché, puis il déblatère sur son moi sans répit encouragé par l’homme assis effrontément détaché et qui se gausse …. sans bruit !!

C’est à raison d’une trentaine de séances de même acabit que ce séditieux, autoproclamé maître dans le domaine de l’aide au rétablissement des déficiences psychiques ou psychologiques entamera son interminable prospective sur la mesure de ses rentes …

Concomitamment l’homme couché n’en puis plus, le divan est devenu paillasse, il se sent dépossédé, nu, proie offerte aux mites et aux cafards, de ses oripeaux existentiels en balluchon rigoureusement répertoriés sont aujourd’hui survenus les fatras divers de ses drames …

La belle affaire !!

Rien n’est réglé en revanche les désillusions et les déboires commencent, sur l’épaule le poids de la charge pèse puis le mal irradie le long de l’échine et revient en flèche pour fracasser la cervelle ….

Surmonter ses problèmes relève de l’ordre de la raison, si la raison est atteinte il faut aimer pour mieux être aimer, aimer passionnément, aimer encore et toujours …

Et le fruit de nos entrailles est béni .

Se réparer soi-même , ne jamais renoncer , certes Dieu est un recours possible , mais il sied bien davantage à nos forces , à notre âme qu’il se tienne là-bas en bout de chemin pour venir le plus tard possible nous cueillir après une vie de luttes et de doutes .

Ne point juger, ne jamais juger certes, mais ne point se complaire dans les registres de la compassion de la pitié, de la commisération ….

Pour les autres et pour soi-même !!

Braver la vie et surmonter ses pires étiages …

Surviennent alors d’incomparables et euphoriques accalmies .



Mais il est bien tard ...



Noël Vallier





jeudi 9 février 2012

Arles en XIII


Ramener des émois de ce grand pays d’Arles

D’une plazza romaine en gratter sur ses murs

Par mon ongle petit sur l’âme cadastrale

En ses coursives lentes coller une mordorure


Le sable sent le sang sur la piste ovalaire

Et depuis les gradins des hommes épris ruent

Vers les brancards étroits des picadors par paire

Quand leurs piques défaites sur le fauve ont mu


Depuis le toril haut sur l’arène encyclique

La bête ce seul dieu du dimanche hésitant

Vers les fidèles assis qu’il voit comme une clique

S’enfile mugissant dans l’antre des migrants


Le rouge que l’on propose par la cape sublime

Aux furieuses saillies du seigneur Andalou

Souillé en son milieu par les charges s’abîme

Et par les cornes crève tant ses pointes allouent


Sur le flanc noir tanné de la bête indicible

Coule et gicle le sang depuis le trou béant

Laissé par l’impudent que sa pointe au crible

Perce comme une cible sur sa bête geignant


Sur l’échine courbée poissée par les marbrures

Les banderilles ripent à peine s’agrippant

Dans le cuir rétamé du derme et ses brûlures

Que l’artiste effrayé déchire en sautillant


Que vienne la muleta que l’on puisse en découdre

Par la charge du fauve de ses cornes acérées

Enfin que l’on agrège El Toro et ses foudres

Aux broncas picaresques grondantes et ulcérées


Le taureau prie soudain en proie cataleptique

Vers la lame indécise du tueur virevoltant

Fait mine d’une charge et s’écroule édénique

Meuglant à peine aux pieds du matador tremblant



Noël Vallier

























lundi 6 février 2012

L'archipel radieux ( suite ) .

L'archipel radieux ( suite ) 

L’arrivée à l'aéroport du Bourget ne connut aucune fête, il pleuvait , une pluie glaciale, une pluie de janvier déversant des trombes d’eau lourdes et mordantes pressées par un ciel bas, presque affalé .
Tous se dispersèrent comme saisis par une amnésie nécessaire, comme si des coeurs et des âmes nouvelles surgissaient, chacun à sa tâche, à son urgence.
Téléphoner en 1970 n'était pas chose simple il fallait soit s'engouffrer dans un troquet et solliciter les bonnes grâces du tôlier, soit trouver une cabine soit pousser la porte d'un café plus cossu, y consommer et obtenir ainsi du loufiat de service un jeton ou une accréditation .

Janvier serait maussade et froid, la grenouille d’Albert Simon était formelle elle lui souffla à l’oreille de vilains présages, l’homme imperturbable à la voix de crécelle nous en dit au détail près tous leurs maux ...

La navette militaire embarqua les hommes de la conscription, il fallait satisfaire à quelques formalités administratives, restituer les petites propriétés prêtées par le ministère et signer le document de pré-démobilisation.
La correspondance ferroviaire était prévu pour le soir même, ils disposaient donc de quelques heures dédouanées et pourraient ainsi flâner dans quelques quartiers de la capitale.
Tous prirent leurs dispositions, André se retrouva seul, il traîna place du Tertre connut enfin Montmartre et se souvint d'une dédicace dont il fut gamin l'un des destinataires. Il y était question des beautés et des charmes du lieu, le livre offert par un couple de parisiens amis de la famille était abondamment illustré des plus belles photos de Paris.
On y parlait de Montmartre bien sûr mais aussi de tous les lieux méritants de la ville lumière, de leurs splendeurs , les champs souvent vides de personnages sublimaient les pierres, les ornements, les calades, les vieux meneaux, ces très inspirés clichés savaient leur rendre une âme absolue.

Les femmes et les hommes de la rue semblaient pressés, toujours pressés et sous cette pluie battante les cirés et les parapluies valsaient, le vent giclait les averse glacées contre leur toile, certaines décrochaient arrachées par la bise parisienne, des peintres tranquilles à l’abri sous quelques porches croquaient les mêmes scènes jouant comme de vrais artistes avec leur palette de gouaches. 

Puis ce fut Pigalle, quartier de Paris festif qu'il trouva un peu glauque, le temps et les mouvements lui parurent suspendus chacun semblait jouer sa partition, André au coeur de cette apparente confusion cru souvent avoir été épié suivi peut-être, pressenti allez-savoir !! 
Délire de jeune provincial sans doute, le danger se trouvait ailleurs, dans quelque arrière-boutique, bars dédiés, ou dans les dédales de quelques ruelles sombres !!,

C’était la fête votive Place Pigalle, dans son Ardèche natale on appelait ça la vogue, cependant tout était semblable, les manèges, les badauds, les cris, les mystères, la joie et la tristesse.

La pluie acculée par le vent fouettait les aciers et les bâches, André se souvint furtivement de l’azur indéfectible de la Polynésie !! 
Cette brève pensée fut vite dissipée, il retrouvait les agréables sensations de l'ivresse olfactive, celle provoquée par le macadam trempé...
Il s'en remplit les poumons jusqu'à l'écoeurement .
Il arpenta longuement le quartier fluorescent de ce vieux Paris, ses néons alternatifs, déjoua les offres empressées des marchandes de sexe, ignora les bateleurs de cabaret qui promettaient des histoires à faire imploser les libidos les plus expérimentées avant d’aviser l'affiche d'un cinéma.

Il lui fallait tuer quelques heures, il attrapa la séance à son terme, puis il revit la programmation depuis son début, court-métrage, publicité celle gentiment orchestrée par le poulbot piocheur de Jean Mineur, dévora quelques caramels pendant l’entracte et se cala pour un temps en espérant des folles aventures proposées par le film de l'affiche .

Quelques heures plus tard il prit sa correspondance gare de Lyon, récupéra une place assise, se régala de la présence de quelques jolies françaises, il fut ainsi heureux et s'en contenta .. 
Quelques heures plus tard le train siffla en gare de Valence, il descendit du wagon complètement étourdi aima la crasse noire des ses quais, puis il prit le tunnel piéton

Il ressentit à l’endroit de l’horloge en poussant la porte monumentale une joie indescriptible , tout était revenu sans aucun désordre , les odeurs familières , le marchand de barbe à papa , les élégantes , le trafic urbain et les encombrements de la ville , et ces femmes et ces hommes à l'expression gourmande , le vertige commercial n'était pas démenti au contraire, vendeuses empressées et courtoises en embuscade, gérantes  directrices, directeurs, tous au front ces experts que la clientèle voulait à tout prix consulter !!

Ils s’étaient donné rendez-vous au Continental avec sa mère et sa sœur, l'ambiance était classieuse comme toujours il aima redécouvrir les odeurs mêlées du café et de la maroquinerie.

Il les vit très vite, les retrouvailles furent joyeuses mais toutes en retenues, c'était l'esprit de la maison .
Sa mère sentait bon "L'air du temps" du parfumeur Nina Ricci, sa beauté était à son zénith.
Sa jolie petite frangine paraissait épatée de revoir son grand frère, elle tenta de lui soustraire ses premières confidences.
Il alluma une Winston, posa nonchalamment le paquet sur le bord du guéridon en marbre, et il put ainsi juger de ce que rien n’avait vraiment changé.
Il était toujours dans le monde du paraître, dans la ville insouciante et heureuse qu’il aimait tant !! 
Il prit du temps pour siroter son Coca puis tous trois décidèrent de faire un tour de ville.
Près du  kiosque Peynet à l’aune des premières heures du soir ils prendraient leur correspondance.
En chemin il se rappela le tendre souvenir de ses grands-mères.
Il ne tardera pas à les revoir .



Noël Vallier





















 



vendredi 3 février 2012

L'archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite )

La large parenthèse radieuse se refermait.

Ils repartaient de nuit et ne purent s'empêcher de jeter un dernier regard à travers le hublot en espérant apercevoir les halos des projecteurs de l’aéroport de Faaa.
Ils prirent in-extremis leurs ultimes lumières, brèves éclaircies dérobées à cette nuit grave , nuit de velours et d’ébène , pour eux la dernière probablement, sans lendemain du moins pouvaient-ils le craindre.
La carlingue était bruyante, les services de bord absents, ils n’étaient plus en baguenaude l’avion était militaire, l’équipage ne faisait pas mystère du caractère expéditif de ce retour !!
Le couloir de vol empruntait la route la plus courte celle qui passait  par Los Angeles et Montréal …
L'avion fut secoué par d'impressionnantes intempéries, ça crissait et ça grondait dans la carlingue, ses capitons élimés jusqu'aux mites probablement ne pouvaient plus réduire le bruit assourdissant des aciers et des tôles !!
Bref cet avion assurément un peu vioque ramènerait peut-être la troupe à Paris, du moins l’espéraient-ils fermement !!
A  Los Angeles l’escale fut brève, tout juste le temps le temps de faire quelques emplettes, du Made in Los  afin de surprendre les impatiences de la famille et celles des proches …
Ils remontaient la nuit ils vécurent une fois encore cette impression étrange, ce phénomène tellement divertissant qu'imposent les fuseaux horaires, cette remontée du temps cette mise en conformité de l’endroit et du soleil, ils en furent définitivement avisés !!
Après l’escale de Los, la carlingue bringuebalante prit son envol en direction de Montréal, ils s’étaient assoupis, André rêvassa, défilèrent alors les méandres de L'Ouvèze et les petites maisons de Flaviac le village de sa naissance et de ses premiers jeux.
Il se souvint alors .
De part et d'autre de la vallée deux montagnes aux humeurs contraires, l’une coiffée par le «Pigeonnier" lieu-dit désignant une propriété et ses quelques hectares, un bel endroit offert à la curiosité du village, on y accède en empruntant un sentier de chèvres bordé de thym et de petites fleurs ...
Il pensait à Emile son copain d’école le pitchoun du Pigeonnier son conscrit qui avait fait sienne cette trace  ce chemin interminable et tellement étroit qu’il contenait tout juste la largeur de l’essieu d’une charrette.
Mais Milou n'en avait cure, qu’il neige qu’il pleuve qu’il gèle ou qu’il vente et la fatalité cumulait-elle ces difficiles conditions qu'il ne manquerait jamais l’école, il ferait avec et s'accommoderait de quelques frayeurs possibles quand les retours d’hiver le surprenait à l’heure du crépuscule .
En face à l’exact opposé la montagne dite du "Serre Valenche" il se souvint encore de son impressionnant éperon rocheux, comme un R monumental sorti d’un alphabet minéral.
Il fallait se coltiner une grimpette sévère en partant de Mûre ou de Fort-Mahon, les premiers arpents de ce chemin mousseux laissaient vite place à quelques sentiers semés d'éboulis et parmi les bruyères et les genets, griffés aux chairs par les picous des ajoncs ils parviendraient au bord du Serre et pourraient redécouvrir le minuscule monde d’en bas .

Le Cotam un peu poussif envoyait son vacarme, le moral des troupes n'était pas au mieux ...
L'escale à Montréal ne tarderait guère.
Il étaient partis de Papeete sous une chaleur nocturne pesante, l'avion atterrissait sur un tarmac quadrillé par d'énormes congères, sous une tempête de flocons serrés et par moins 10 degrés !!

L’escale fut brève comme la précédente, ils firent quelques emplettes dans les galeries marchandes douillettes de l’aéroport et connurent ce plaisir éphémère de quelques foulées canadiennes !!

La boucle serait bientôt bouclée …


Noël Vallier

jeudi 2 février 2012

Farine divine

"Dans la symbolique occidentale, le blanc est généralement associé à la pureté, à l'innocence, à la chasteté, à la paix (drapeau blanc), à la virginité, au mariage, à la spiritualité (couleur de la papauté), à la sainteté et à la vie"( citation de Wikipédia ) .
La farine n'est-elle pas l'une des illustrations idéales de cette nuance immaculée ?
Heureux soit l'homme enfariné et heureux soient ses fidèles , le bonheur et la satiété se trouvent souvent là , juste derrière la porte du moulin ....
Puis la farine lève , après que soit observé le temps de la maturation , sans heurt , sans violence !!

Pour un pain doré qui fait beau et bon le dimanche quand la croûte craque et que la mie caresse les muqueuses du palais .

A l'opposé on ingurgite de la méthode Coué , on se casse poursuivi par la racaille ( disent-ils ) et l'on apostrophe l'homme du gradin ( descends si t'es un homme ) ...
Le cordon sanitaire à fleur de peau , comme une ceinture de flanelle l'homme n'est plus fragile il se protège puis il se chauffe .
Dernière facétie du maître " pouf il prend de la farine "

Étonnant ... non ??

Noël Vallier

mercredi 1 février 2012

80 printemps !!


Je ne sais quoi te dire l’instant est tellement grave
Tout aussi merveilleux là le jour heures braves
Je parlerai pour plaire à ton coeur nostalgie
Des mûriers de Cheylus de l’Ouvèze qui rugit

Sur les petits chemins qui mènent à la Martre
Aux crassiers jaunes et gris à l’Agau qui s’entartre
Chez l’école des sœurs un peu avant Flossac
Combien de cailloux ronds tu glissas dans ton sac

Servirait-il vraiment pour glorifier la cause
Qu’imprudemment je cède à fourbir une glose
Je dirais vingt quatre fois mais du tout premier vingt
Je sais que tu t’honores frissons doux et chagrins

Tu vivais de cousins de grands oncles et de tantes
De Sophie de Julienne ces souvenirs te hantent
De ton père précieux tu gardes le satin
Sont-ce ces rubans rouges encore dans tes mains

Si de Fifi tu tiens cette rage cette hargne
Si de la vie fleurie de ses senteurs, Cocagne
La cigale si belle des murets de Pansier
Tardera d’une belle à l’endormir … Valsez !!


Noël Vallier
                                                                                             




L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Et tout ne serait pas perdu !!
Sa petite caméra avait saisi ici et là quelques essentiels , certes il ne solliciterait jamais que ses pellicules soient exploitées comme des monuments de propagande et pourtant de quelques couleurs saisies, de l'esprit de cet endroit magique qu'il avait voulu réglementairement chaparder il pourrait ravir ses proches, les mêmes pourraient voir, images fuyantes, un peu floues, ses intimes têtes à têtes avec cette nature exubérante ses plages chahutées par les écumes mordantes de l'océan, fouettée par les alizés et le plus souvent apaisée par la douceur de ce climat porté par les rayons d'un soleil somme toute assez raisonnable !!
Incidemment on y verrait aussi sa bouille, celles de ses collègues, le camp d’Arué souvent saisi le dimanche à l’heure où l’épigastre chahuté par l’obsession des souvenirs lointains ou des impatiences se rétracte avec douleur, pour finalement accoucher d'une boule de mélancolie.

Le capitaine du camp les renvoya chez le coiffeur, cette affaire était convenue, il ne faisait qu’appliquer le règlement, peut-être en rajoutait-il sur ses prescriptions "plus ras que court disait-il !"
Il ne plaisantait pas ...
Cependant l’artisan du camp ne s’acharna point, il raccourcit les pointes, tailla dans la ridicule tignasse sans chercher des poux, ce ne fut pas le régime imposé par le bagne !

Ils étaient prêts, le moment du départ serait douloureux, mais l'appel du pays était le plus fort , il triompherait de l'attraction que l'île exerçait encore sur les humeurs des conscrits, l'heure était venue de regagner ses pénates !!
Ils avaient effacé l’ardoise magique, d’un coup sec comme à l’école déjà une dizaine de jours avant le grand retour…
Il fallait bien ça !
André reçut des témoignages d’amitiés tous émouvants, les mamas de la cantine s’en étaient mêlées, il fut un moment débordé par tant émotion partagée , celles qui d’ordinaire mettaient un peu de distance faisaient dans la tendresse, l'impudeur même !!
Elles ne contrôlaient plus leurs larmes, ces larmes à flots qui inondaient leurs prunelles, comment pouvait-il ne rien entendre de ces adieux ??
Elles les chantèrent soutenues par le cliquetis mis en musique par la brassée de colliers de coquillages que notre ami portait, comme on porte une minerve, tête et cou saisis, le ciel au-dessus du camp était d'encre il était tard après le dernier service , il se maquilla de l'or de ses innombrables étoiles.
Il était mignon et gentil disaient-elles, elle avaient apprécié qu'il les respecta autant, il leur témoigna toujours en toutes circonstances considération et respect .
Ces femmes le nez plongé dans leurs vaisselles, s’étaient tellement démenées manches de serpillières et balais devant briquant sans cesse le vaste carrelage du réfectoire,
Il fallait le voir, ouvrir un peu les yeux, et de les embrasser en leur disant merci, on vous aime !!

Ils partirent un soir, leurs maigres cheveux au vent, sur le point de leur échapper à jamais les odeurs de coprah et de vanille offraient leurs meilleures odeurs, l’autocar embarqua tout son monde puis ils furent  tristes et heureux.
En passant devant le district de Pirae, ce fut un moment de grande nuit noire, quelques autochtones plantaient là sur les bords de la route, ils leur adressèrent des saluts amicaux et d'autres manifestations de joies bruyantes.
L’un de hommes du cortège baissa pourtant son short et se tournant ostensiblement vers les vitres de l’autocar nous montra son énorme séant.
Tout était dit si j’ose le dire ainsi les jeunes appelés du contingent seraient encore vilipendés par quelques irréductibles admettant mal la présence française sur leur terre, ce merveilleux endroit du bout du monde où les petites gens, le peuple, étaient pensaient-ils méprisés, moqués, et soumis à d’incessants brocards.
André ressentit cette provocation fessue comme une injustice et surmonta mal son trouble, il avait tant consenti pour sa part en volonté de se fondre avec beaucoup d'humilité.
Ils parvinrent au bout de quelques minutes sur le tarmac de Faaa, ils furent à nouveau saisis par les vahinés présentes pour d'autres colliers, d'autres embrassades, d'autres chants d'adieu, l'affaire était rondement menée et cette fois-ci de façon très professionnelle, ils se retournèrent une dernière fois et se dirigèrent vers la carlingue du DC 8 Cotam.


Noël Vallier