mercredi 14 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ).

Le centre de loisirs du Cesp et toutes ses commodités était un endroit rêvé pour les militaires et assimilés on y trouvait des tables de ping-pong , des billards à trous , des jeux de baby-foot, trois courts de tennis, et bien d'autres déprises de tête !!
Réserver un espace de détente mixte était une gageure, certes les hommes savaient se tenir, les femmes raisonnablement aguicheuses, mais envisager que les différents protagonistes soient à ce point déterminés à mettre près du feu toujours possible une telle distance réglementaire pouvait apparaître comme une précaution sidérante.
Les idylles risquaient donc de faire long feu et en admettant qu'il y en eu !!
Cependant la charmante faune était bien présente, jeunes vahinés aux beautés carabinées et non moins jeunes métropolitaines filles de gradés, toutes minaudant sans vergogne et venues bien sûr avec la ferme intention d'allumer quelques mèches !

Le centre d’Arué endroit chic et impeccablement pourvu se présentait donc comme une alternative heureuse face à la capitale polynésienne ... Papeete!
Il ne désemplissait pas.
André et son collègue de Beaucaire étaient retournés en direction de la barrière de corail, toujours équipés de leurs tubas et de leurs palmes, ils avaient prudemment réduit le rayon ne voulant plus jamais vivre de retours si pénibles.
La dernière cueillette avait été bonne, ils étaient revenus avec une belle collection de petites nacres toutes désertées par leur mollusque et que l’on ramassait sans trop de difficultés à quelques dizaines de mètres seulement du ponton, ils avaient fait chou blanc pour les bénitiers et les sept doigts, ce ne serait que partie remise, les cueillettes parfaites étaient aléatoires ils ne s'en formaliserait nullement.

La journée s’était terminée par un concours de chant, André était un concurrent redoutable.
Il excellait dans l'interprétation « When Man loves a woman » de Percy Sledge, la maîtrise des aigus constituait une performance technique telle qu'il pensait jouer sur du velours..
Il rata lamentablement, trahi par le trac jamais il ne pu mettre le moindre vibrato, il brada les octaves les plus périlleux et définitivement dépité il prit la tangente ...

La vahiné responsable des parterres de fleurs du camp d’Arué connut sa mésaventure, elle était de service ce soir là, elle manifesta bien des bontés à son égard.

Papeete by night n’était pas la nocturne la plus trépidante du monde, mais le charme tant de fois décrit opérait aussi la nuit.
Si la ville manquait de lumières et de strass, elle proposait pourtant d’excellentes  adresses.
C’était le cas du piano bar, petit établissement du centre ville fréquenté par une clientèle éprise de blues, de jazz,et de bourbon !!
Il y régnait une atmosphère chiquement détendue, les deux barmans en redingote shaker en mains nous la jouait cependant très Maraca !!
La maison proposait de savoureuses recettes de cocktail, une bonne vingtaine au moins, les clients pouvaient aussi suggérer d'autres mélanges, les acrobates n’étaient jamais pris au dépourvu ..
Le piano était disposé plein centre, deux mètres environ le séparait d’un comptoir circulaire gaîné par un superbe cuivre , une trentaine de consommateurs pouvaient s'y ranger.
L’acoustique était parfaite, sur l'épaisse moquette d'interminables tabourets d’altitude surplombaient le piano ils ressemblaient à des personnes, leur précieux bois pourpré soutenait un épais cul de siège en cuir rouge assise enviable partenaire douce des fesses nomades ou celles plus immobiles.
Combien de fois André et ses amis, s’arrêtaient au seuil  pour finalement renoncer faute de ne pouvoir présenter le compte, il faut bien dire que quelques heures de tabouret et de zinc coûteraient l'équivalent d'une petite liasse !!
Il céda plusieurs fois et ne le regretta jamais !!
Une des nombreuses soirées fut animée par un pianiste noir à la technique étourdissante, André distant d'à peine deux mètres de l'explosif épicentre ressentit fort l'auréole de l'artiste, vissé sur son siège il passa une partie de la nuit à se secouer gentiment les tripes en sirotant quelques bourbons!
Le coût de la soirée ne lui parut pas insurmontable !!

Cependant il ne retourna plus au piano-bar, il prit dorénavant grand soin d’éviter les enluminures de ses néons, modifia les trajets de ses itinéraires en ville, il lui fallait urgemment reconstituer à tout prix un peu de pécule …


Noël Vallier

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire