lundi 5 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux (suie) .

Cependant il parcouru la ville, il avait tant de temps à gagner !!
Rien ne lui échappa ; les petites ruelles délaissées, les vitrines dispendieuses, les bâtiments administratifs, les habitations, celles en bois, celles en tôles, celles en dur ( les vraies maisons de maçon !!) enfin le boulevard celui de la grande brasserie, il passa ainsi Papeete au crible.
Cette capitale improbable que l'on pouvait presque qualifier de petite ville surannée si il y avait eu moins de bric et de broc s'agitait au rythme soutenu de ses innombrables chantiers,  Papeete la portuaire perdait ainsi  chaque jour et de son caractère et de son charme.
Les tubes néon,  les toutes dernières fluorescences, le matraquage publicitaire titillaient les premières ardeurs consuméristes, toutes et tous Polynésiens modérés, intégristes ou libéraux pénétraient en cortège les espaces  feutrés des supérettes et des boutiques.
Après tout l'autre perle , la cousine du nord Américaine capturée elle aussi , était inféodée au système USA cette ravissante succursale pourtant fortement dépositaire de culture et de traditions polynésiennes devenait  son dernier état , sa résidence secondaire en quelque sorte .
La Polynésie française s’était préservée, ses archipels disséminés constituaient une sorte de camp retranché somptueuse traîne, interminable, portée par d’éternels alizés, pépites incomparables, terres de contemplations inouïes …,
André se souvenait du moindre détail.
Son séjour d’une année complète en Polynésie avait été marqué par de nombreux évènements, tous marquants, toujours portés depuis cette immuable voûte bleue que nulle vilaine besogne ne semblait devoir venir troubler, désarmante pureté, formidable privilège, exceptionnelle unicité.

Il avait passé une après-midi entière en compagnie des Tahitiens de la banlieue.
Relégués aux portes de la ville ils vivaient dans des farés, mais ainsi évacué l’habitat traditionnel faisait désordre, un comble car il ne trahissait jamais la moindre pureté coutumière , pas un seul agrément sacrifié sur l'autel des servitudes urbaines, et pourtant il ressemblait à s'y méprendre à un bidonville ...
Papeete évacuait son centre ville au pas de charge , la capitale opérait une mue féroce et semblait vouloir jeter en quarantaine ses habitants inutiles , ses maillons faibles, celles et ceux qui ne trouvaient plus place dans les industries concentriques ou sur le port.
Quelques résistants peut-être qui faute de ne pouvoir s’accommoder des règles économiques nouvelles perdaient ainsi l'opportunité d'un emploi de commerce , ou d'autres jobs artisanaux la plupart déjà gangrenés par les produits manufacturés .
Et que dire des emplois administratifs que les blancs occupaient prioritairement, point n’était besoin d’être bilingue, la Polynésie vaste dépendance assurerait le portage.

André ne s’embarrassait point à cette époque de ces considérations, son inconnaissance de la réalité polynésienne et ses besognes personnelles l’occupaient à plein temps, il aurait cependant visité le bidonville planté dans le pierrier situé à deux pas de la ville prit la mesure de quelques vilains contrastes avant que d’en tirer de pertinentes conclusions.

Il préférait et de loin goûter les fruits juteux qui explosaient leurs saveurs au moindre besoin de soif, lait de coco qu'un coup de serpette bien ajusté libérait de sa coquille lisse ou ananas dont il aimait sans jamais s'interrompre tirer toute l'épluchure ...
Cependant, il restait une gourmandise légèrement pimentée dont il avait du mal à cerner et le goût et l'origine et la préparation !!
Ces fameuses brochettes que tous dégustaient en bordure de plage , souvent aux premières heures douces de la nuit quand le bruit se dissipe et que les odeurs s’affolent ce moment rare où le bonheur semble jouer des coudes !!
Allons ... ces fameuses brochettes n’était-ce pas du chien, simplement du chien ?
Il en était convaincu !!
Le bruit courait plus vite que les petits quadrupèdes qui pullulaient sur l‘île, alors ces menus morceaux de viande  mi-rôtis, mi-tendres, badigeonnés de moutarde douce?
Simple hypothèse il est vrai.
Jamais plus il ne mangerait de brochettes de plage !!


Noël Vallier






                                 

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