mardi 29 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Stéphane l'ami de Marseille aimait bien les restaurants chinois.
Peu loquace sur l’administration de ses dividendes le dandy semblait ne jamais en manquer; il chaussait à l'évidence bien plus grand que la pointure moyenne un peu exsangue de la chambrée !!
Il embarqua plusieurs fois André tous frais payés pour quelques sorties « resto » sur Papeete !!
Comment aurait-il pu ne pas lui témoigner et lui conserver la plus grande estime ?!

Stéphane et Bernard, Bernard et Stéphane, parisien et marseillais tout aurait pu les opposer !!
Ils étaient deux excellents amis, Marseille courtisait Paris puis Paris après Marseille, au gré des conversations, le chic du Provençal le disputait à la superbe du Francilien et sans méthode particulière souvent ils échangèrent, rhétoriques contrastées mais d'égales consistances, et ces flambées de verbes enchantaient les curiosités et les envies de tous les bavards utiles du dortoir !!
Notre ami André souvent apprécia, il savait déjà certes les fondations intellectuelles étaient presque abouties mais au contact quotidien de quelques-uns de ces hommes il ne pu qu'amender la petite somme de ses connaissances .

C'est ainsi qu'il lâchait la bride, s’affirmait au sein de l’exigeante équipe, démontrait l’étendue de ses talents faisait se tordre de rire tout ses amis imitant par ci , imitant par là, il parviendrait même à dérider le bougon joufflu qui un jour tempêta pour ( ou plutôt contre!! ) un très ordinaire lit " en portefeuille " ...
André se régalait de son statut qui s'affirmait, pince-sans-rire .... sans rire !!
Il était à bonne école ...
Puis il en tirerait tout au long de sa vie bien des profits, de grandes estimes parfois, il séduirait également et les femmes et les hommes indifféremment !
Rien que ça !!
Seuls quelques pisse-vinaigre ou d’autres énergumènes bien trop raides trouveraient les leçons un peu saumâtres.
Il s’en amuserait bien souvent !!

Cette amitié générale que d'autres vivaient sûrement et sous des cieux moins cléments était pourtant tellement charmée en terre Polynésienne.
Elle puisait son engrais depuis le terreau ardent de ses entrailles brûlantes, plus haut dans le ciel un miroir bleu insensé de beauté renvoyait l'image d'un paradis, filtraient dans ses narines les parfums idéals de tous les bonheurs et surtout ceux à inventer, déjà imaginés par quelques prémisses ...
André m’en faisait-il écrire des tonnes et des tonnes ?
Non bien sûr, c’était une réalité sublime qu'il me rapportait , ne lui échappaient jamais le moindre parfum , le moindre frisson et à une odeur prêt sa mémoire olfactive se souviendrait de tout, quarante ans plus tard ils seraient encore bien présents les troubles et les envies de partance !!

Le restaurant chinois était chose anecdotique mais il était une part du tout il s’ajoutait jamais incongru sur l'offre extraordinaire que proposait l'archipel.
Et cet écrin était devenu au fil des mois un peu le leur !!
Au moins le deviendrait-il, narratif et littéraire, aujourd’hui précipité par l’impatience de sa nostalgie.
Sociologie de comptoir !!
Ah nos comptoirs auraient pu dire les colons !!
Les Polynésiens subirent quelques-unes de leurs turpitudes, cependant l’âpreté du négoce resterait humainement supportable, les intentions capitalistiques étaient à l'époque louables, elles purent ainsi se mêler aux coutumes et aux traditions locales sans commettre trop de dégâts.

Conséquemment apparurent des métissages heureux de plus en plus gracieux, les sangs mêlés sublimaient les grandes beautés de souche et la Polynésie radieuse gagnait ainsi définitivement son statut de grande épopée contemporaine .
Quelle réussite !
Colonialisme homéopathique, insidieux certes mais bienveillant, décisif apport de culture métropolitaine avec le risque d'un possible désenchantement, qu'en serait-il demain de la langue de l'habitat, de la culture tout simplement, ne subsisterait-il plus que le folklore?

C’était la fin du mois de juillet il ne ressentait aucune impatience, l’appel du retour ne s’était pas encore manifesté.
Point d’overdose les bontés spontanées de l’île satisfaisaient toutes leurs quêtes, le camp était toujours saisi de gaîté de bonne humeur, il restait tant de choses à faire, tant de projets intéressants à entreprendre et d'aventures inédites à vivre, il leur faudrait encore planifier, compter, prévoir ….
La cagnotte chichement octroyée tiendrait-elle la route ??
Ils avaient la peau couleur miel et certains d’entre eux se fondaient presque incognito au sein de cette chaleureuse communauté.
Stéphane était amoureusement attendu par une ravissante jeune femme, elle est encore à ce jour l’amour de sa vie ...

Lui était libre il penchait entre le désir et le coeur et le petit muscle artichaut qui cognait dans sa poitrine semblait ne jamais pouvoir nourrir de vrais projets !!
Il  butinait souvent de fleurs en fleurs, se libérant sans le moindre scrupule de l’emprise de leur hampe gracieuse, mais si une corolle chère à son cœur se refermait aussitôt ses peines devenaient souffrances !!

André était en somme un garçon très ordinaire !!


Noël Vallier




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire