dimanche 27 novembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .

L'Archipel radieux ( suite ) .

Il était sur la route, l’engin de la navette militaire était de plus en plus poussif , gangrené par les vacarmes incessants causés par l'entrechoc des ferrailles en souffrance , les mécaniciens militaires finiraient bien par s’en inquiéter et peut-être resserreraient-ils un jour quelques boulons !
Même ambiance au camp, mêmes odeurs, mêmes troubles, les deux ravissantes vahinés que l’on retrouvait aux cuisines s’occupaient également, jardinières frivoles, des massifs fleuris et André dont j'évoquais quelques velléités anciennes de sacerdoce s’était affranchi de la charge une bonne fois pour toutes basculant par dessus bord les prescriptions assénées par le clergé de tous les diocèses.
Il était temps !!
Sinon comment aurait-il pu s'offrir ainsi à la sensualité polynésienne ?
Le redire une fois encore, il n’était question que de beautés , celles immobiles reliefs plutôt arrondis intégralement recouverts d’une foisonnante végétation , sans la moindre plaie , sans la moindre laideur , celles plus vacillantes qui ornaient les chemins et les routes , versions fleuries jamais ordonnées par les hommes elles prenaient corps à la dérobée , secrètes , la nuit peut-être allez savoir , une ultime touche de maquillage que le petit pinceau de la rosée matinale dessinait et les belles joliment apprêtées resquillaient ainsi faites sur les aménagements, voulaient-elles reconquérir une place perdue, celle qui mesurée à l’échelle du temps ne leur avait échappée seulement que depuis quelques veilles !!

Et cet immense océan qui semblait constant et pourtant sans cesse désassemblé puis à nouveau assemblé, ses vagues contenues puis brisées par le corail venaient mourir sur la plage caressant le velours mouvant du sable noir …
Et puis la beauté des vahinés, les hommes tout comme, mâles virils et aimables souvent sentimentaux, sans trop de mauvais énergumènes …
Il leur en fallait de l’habileté et des sommes d'efforts afin d'obtenir d'une belle qu'elle se décide enfin à jouer de la fleur de tiaré avec l'ourlet ravissant de ses oreilles ...
Pourtant les mœurs étaient libres, la sensualité insulaire était latente puis de construction soudaine, n'ayant jamais tenu la moindre chandelle André se garderait bien d'en évoquer les possibles protocoles, toutefois il m'avait confié ce qu'il avait pu vivre de charmantes expériences tactiles ...

Cette peinture excentrique était réelle, survivrait-elle après tous ces assauts, l’installation du centre d’expérimentation du pacifique, les hordes de touristes mal embouchées, les réglementations et les servitudes nouvelles, qu'adviendrait-il de leurs coutumes et de leurs usages ?
A cet égard le séjour à Tureïa fut éloquent.
La population de cet atoll vivait en effet sans tabou, il y avait certes le totem et de nombreux idolâtres mais il demeurait une sorte d'illustration très présente encore dans le cœur de quelques hommes, une providence peut-être pour la piété païenne mais définitivement désincarnée.
C’était le destin de la Polynésie et de son attachant peuple.

André ne connaissait pas les raisons de l’omnipuissance avérée de la population chinoise de l’île, il s’était cependant renseigné et avait appris …
Ces hommes et ces femmes venus de leur pays d'origine à la fin du 19 me siècle ne feraient pas de politique, ils feraient du commerce, ils s'affirmeraient ainsi avec force finesse et discrétion, leurs savoir-faire leur témérité leur permettrait très vite de s’imposer comme les maîtres incontestés du négoce et des affaires en général.
Ils représentaient à l’époque 3 ou 4 % de la population de l’île, combien sont-ils aujourd'hui guère plus sans doute mais de sangs mêlés, heureux métissages qui font les hommes et les femmes plus beaux encore !!
Ils s'affairent encore et de plus belle assurant ainsi la prospérité de leurs affaires.
La Polynésie opérait ainsi une sorte de transformation , le charme était égal et sous la voûte bleue les jours qui passaient toujours en beauté ravissaient encore, avec le même pouvoir de séduction!!


Noël Vallier.

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