samedi 3 décembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .





L'Archipel radieux ( suite ) .

Dans sa ville à Valence le mistral s’était apaisé et il ne s’étonna point que la chaleur soit devenue accablante.
C'est un courrier envoyé par sa mère qui détaillait la météorologie locale, et d'autres anecdotes susceptibles de l’intéresser.
Valence en était encore à l’apogée de son commerce chic.
Joyaux du centre ville , les Favorites , André , le Jardin de Carthage , la Bonneterie de l’Aube , Andrieu , les Nouvelles Galeries , les Dames de France , Caffarel , la Petite Marquise et j’en passe , sans oublier les grands limonadiers, la grande brasserie du Valence où André avait ses quartiers était une sorte d'emblème , il ne cessait de s'y distraire saisissant dès leurs premiers éclairs les reflets des chromes épais et étincelants de ses bruyants percolateurs.

Et puis ça pétaradait joyeusement dans les tripes urbaines, les rues n’étaient pas encore piétonnes, les commerces pignons sur rues recevaient une clientèle distinguée, apprise, acheteuse, soucieuse de qualité et séduite par les achalandages dédiés aux plus beaux articles.
La confection irréprochable des habits mode, les tissus aux trames irréprochables, la maroquinerie de luxe, les bijouteries et les parfumeries  ….
Que de séduisantes choses !!

A une quarantaine de kilomètres de Valence en Ardèche, on ne parlait plus de mistral, mais de bise et le petit village de ses grands-mères se ventilait en engouffrant dans ses ruelles le souffle violent propulsé par la gueule invisible …
Elles ne comptaient plus les heures interminables des cigales, ces insectes familiers du sud de notre belle métropole vibraient leurs abdomens continûment et à l'abri de quelque ombre bien choisie ils accompagnaient les siestes les plus exigeantes.
André était parti pour Papeete à la recherche d’un coiffeur, ce faisant il se déroberait des mains bien trop expertes et à l’expertise froide du coiffeur militaire !!
Le salon crânait un peu au centre de Papeete, il était spacieux et confortable, la patronne une dame blonde très apprêtée avait une quarantaine d’années. Sa jeune assistante était ravissante, et André se gardait bien de laisser paraître son trouble.
Il attendait son tour.
Le skaï rouge du siège était froid mais l’assise moelleuse, il aurait pu si bien installé attendre des heures et des heures !!
L’apprentie coiffeuse se divertit assez vite, il se dérobait sans cesse au moindre de ses regards ….
La patronne lui demanda sans le moindre ménagement de s’en aller attendre son tour à l’extérieur !!
Il s’en agaça et attendit sur le perron.
Plus tard la blonde revêche le fit asseoir et l’entreprit.
Il sortit l’humeur un peu maussade, au cœur de son histoire polynésienne odes et louanges mêlées firent comme un petit malaise.
Il se dirigea vers l’embarcadère fut surpris d’y revoir « l’Anjou » de douloureuse mémoire, reconnu le marin aux méninges torturées par le fauteuil d’Emmanuelle, bavarda quelques minutes et poursuivit sa route en direction de l’usine de retraitement du coprah.
L’odeur de cette amande broyée, délicieuse, imprégna ses narines presque à l'écoeurement
Il s’attarda sur le port …
La navette n’attendrait pas, il se dirigea vers le point de ramassage, la carlingue était toujours aussi pétaradante, elle fit rapidement le plein et prit la route en direction d’Arué …
Il était environ 16 heures.


Noël Vallier

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