dimanche 25 septembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite ) .

Les réveils au camp étaient joyeusement civils , il leur fallait simplement intégrer leur job à l'heure prescrite rarement dans la précipitation , c'est ainsi que livrés à eux-mêmes André et ses amis jamais ne virent l’ombre d’une barrette ou d’un galon.
La toilette du matin était tranquille , une douche en sifflotant , puis ils gagnaient le réfectoire , les odeurs  mêlées du pain chaud et des croissants étaient les mêmes , conformes à ses envies , comme celles qui transpiraient depuis les plateaux de la boulangerie Escudier à Flaviac , pétrin et finesse en moins et jamais l'amabilité de la boulangère ...

Il apprit l’existence d’un camp de loisirs militaire qui se situait quelques kilomètres en amont.
Vaste surface dédiée au repos et à la détente , épatant endroit où se croisaient militaires et civils , souvent vêtus de chemises paréo , manches flottantes sur leur peau cuivrée , séducteurs singuliers cheveux courts et visages joliment émaciés .

Puis venues depuis leur faré confortable resquillant peut-être quelques libertés , débarrassées pour un temps  de l'encombrant paternage militaire , une charmante clique de nanas , jeunes pousses en voie d'émancipation  venaient fureter et s’ébaudir de la présence des mâles …
Certaines étaient charmantes, d’autres jolies ou belles , d'autres telles des cruches étaient assises en rang d’oignons , inertes , transparentes.
Les plus assurées souvent jouaient l'indifférence , distantes , détachées elles finiraient pourtant par minauder aguicheuses chevronnées et les garçons aussitôt de s’extirper de leur misère !!
André et ses amis autour d’un coca s’amusaient de leurs manières , et pourtant ils s'échappaient tout juste de leur innocence , jeux partagés , jeux délicieux et se perdaient souvent dans l’eau brûlante de leurs yeux quelques quêtes ardentes , d'irrépressibles sensualités .
Ils les retrouveraient souvent au « Bounty » boite de nuit sélect de Papeete .
Le "Qu’uenns »  lui , près de l’embarcadère contenait son vacarme et le soir venu n'en pouvant plus il ferait se tordre les tôles de sa couverture !!
Lieu de grande liberté , souvent imprévisible il était un immense troquet confraternel.
Papeetiens, Papeetiennes, tahitiens des districts , filles en goguette , rae rae , militaires du rang , engagés et  légionnaires , se coltinaient toutes et tous les avantages ou les aventures provoqués par l'alcoolisation ordinaire .
Étonnante sociabilité que celle du rae rae , ces enfants mâles d’une fratrie promis à des destins plus délicats ces filles virtuelles ondulaient du popotin avec un naturel désarmant .
Ces étranges personnages totalement intégrés n'étaient que très rarement moqués , charmants ils intégraient avec bonheur toutes les sociétés .
Les vahinés elles étaient transportées par une grâce unique , un érotisme flamboyants , paréos très court enserrant les chairs à mi-cuisses , les rae rae ne feraient pas le poids , la sensualité torride des unes anecdotisait le statut androgyne des autres !!
André admettait cependant combien les mœurs de cette époque Tahitienne étaient libres ….
Le «Qu’uenns » bricolé de ciment et de tôles vivait au cœur d’une flopée de commerces , il échappait ses vapeurs et ses effluves , se mêlaient relents de bière et persistances suintées d’huile de Monoï.
Les bagarres étaient fréquentes , brèves et soudaines la police du port avait fort à faire pour rétablir l'ordre elle trouverait souvent l’endroit défait dans un charivari considérable !!

C’était ainsi le bar mythique de Papeete faisait résonner quelquefois le vacarme de ses tôles jusqu’au cœur de la ville.


Noël Vallier .

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