mardi 6 septembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite )

Ses amis ne cessèrent de l'entourer , il s'en souvient à peine englué qu'il fut des jours durant dans un cirage noir !
André restait sourd .
Il avait perdu le goût de l’île , quel gâchis ,
Il ne quittait plus son faré.

Aux frégates s'étaient mêlée une colonie d'albatros , ces oiseaux aux habitudes voisines venus des Australes poussaient des cris dissonants , leurs courses incessantes depuis la cocoteraie vers le large en d’autres circonstances auraient excité sa curiosité .
 .
Il ne vit rien ou pas grand chose


Le village aux premières lueurs du jour résonnait déjà de nombreux rires , toujours d’humeur égale nos amis autochtones conjuraient de la sorte la crainte du « fiu » redoutable baisse de tonus semblable à la mélancolie Il pouvait débouler comme ça d'un seul accès et terrasser y compris les colosses .
Le peuple de ces îles vivait au quotidien une félicité presque « christique » , la carte postale de leur jour celle-là même qui faisait se lever si tôt les métropolitains agissait-elle avec la même magie dans leur coeur et leurs tripes ?
Mieux encore comme les somptueux bouquets de coraux et ce depuis des siècles ils s'étaient agrippés à ces terres océanes et de leur ressembler à la fois tourmentés et immobiles , chanteurs et danseurs , ils étaient heureux et fiers .

Peuple migrant , périples , errances maritimes, puis cette sédentarité du bout du monde enfin rendue , ces hommes sympathiques et leurs femmes formèrent un peuple et quel peuple !!
Qui n’a pas rêvé , rêve encore hélas de prendre pleine face la claque exotique absolue  c’est peu dire en effet que d’évoquer les parfums , la beauté et l’extraordinaire dépaysement dont ces archipels jouissent .

André en cette année 1969 découvrait une sorte de paradis, en 2010 il me chargerait d’en commémorer le troublant souvenir.

La métropole Polynésienne donnait régulièrement de ses nouvelles , il était question d'une vie plaisante , de son commerce florissant , du travail qu'elle pouvait fournir  des plaisirs et de l’argent …
De quoi susciter bien des convoitises .
L'habitant de l’Atoll grand voyageur devant l’éternel habité par sa bougeotte voulait voir , peut-être même voulait-il y vivre !
Le miracle de la prospérité ...
Rares étaient les réussites , les expériences tournaient courts , déchéance pour certains , d'autres s'en retourneraient bien vite auprès de la fratrie , d'une femme ou d'une compagne , pour retrouver le bonheur promis .
La situation économique de Papeete était certes satisfaisante mais les emplois de l'île étaient comptés . Les chinois économiquement dominateurs captaient toutes les gouvernances , celles du commerce notamment , les tahitiens de sang étaient leurs employés .
Comment nos amis auraient-ils supporté telle servitude ?

André attendait « L’Anjou » le bâtiment militaire qui le prendrait en charge pour le rapatrier sur Papeete .
Il était encore en débris , et c'est une sorte de légume qui avait trouvé l'énergie syndicale pour rassembler affaires militaires , paquetage , coquillages divers et un énorme bénitier .
La hiérarchie avait fait preuve de compréhension , ses copains magnanimes , tous étaient désolés  il était venu et repartait bien vite , plein d’entrain il avait été et s'en retournait tel un ectoplasme , son horloge interne en errance .
Il attendait « L’Anjou » comme on attend un autocar à la gare routière , sans émotion , ni plaisir , ni grande hâte .

Comment la pirogue franchit-elle le récif au rebours du déferlement des vagues , il n'en su rien .
Il se souvint avoir aperçu ses amis militaires las-bas sur le rivage .

C'est tout !


Noël Vallier.





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