jeudi 1 septembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite ) .

On vous parle de paradis cela peut faire sourire et que l’on évoque la liberté qui va de pair , aussitôt la messe est dite !!
Point de pommes à croquer la tentation est autre , contemplations ininterrompues , on pourrait y laisser l'iris de ses yeux ! Ève c'était la nature, ceinte d’une sorte de dépouillement parfait , parfumée d’un soupçon de salin et caressée longuement par de tièdes Alizés.
La vraie vie traîne dans son sillage tellement d'anachronismes pour certains encore féodaux où se mêlent confusément désordres, petites joies, plénitudes, tristesses, déceptions, injustices, trahisons, faits de vie glorieux douloureux souvent , qu'une plénitude venue depuis une somptueuse nature agit comme un baume miraculeux , une sorte d'onction !
Alors l'argent en ces temps nouveaux !!
Ici le temps était modelé au rythme de la croissance ou de l'érosion du corail , celui dispensé par la mer nourricière et les vents tièdes .
L'argent coûteux n'avait plus cours , cette prescription réservée aux élites devenait illusoire , adieu leurs shoots décadents , bonjour l'indolence , bienvenu au grand élixir de vie !!

Le vrai peuple rêve de palmiers, de cocotiers et de sable, point pour se les approprier non bien sûr , mais pour en jouir, sans craintes .

Aux premières lueurs du matin les persiennes du Faré filtraient les rayons tièdes du soleil polynésien renaissant .
André restait interdit !!

Point de reliefs à l’horizon , l’étoile incandescente semblait sortir de l’océan , la géographie du lieu était son miroir , l’osmose était somptueuse, la félicité était horizontale , seules les cimes des cocotiers tentaient quelques volontaires saillies, l’azur tirait ses traînes effilées et mousseuses , son bleu insondable était une merveille ...
Les alizés effleuraient le visage d’André, il entendait dans leurs souffles, les échos étouffés de lointains éclats de rire.
Le village indigène étirait sa paresse après une nuit parfaite. Incessamment les pirogues à balancier glisseraient tranquilles sur le velours du lagon et viendrait alors le temps de la pêche !!

André goûterait intensément de cette première aurore corallienne.
La base était calme, il avait croisé deux ou trois collègues, vivaient-ils des nuits plus courtes ou voulaient-ils saisir les premières plaintes criardes des frégates ou les gais gazouillis des petits oiseaux innombrables de l'atoll ? 
Les cocotiers prolifiques lâchaient leurs grappes de noix, mûres à souhait, nos amis les éclataient sur un corail pour en extraire le frais nectar.

L’heure du briefing était venu , le temps d’assurer une soigneuse toilette il serait fin prêt et d’allure engageante.
Le réfectoire s’animait , un gradé s’enquit de ses premières impressions , le rappela courtoisement à ses nouvelles fonctions , André s’informa des procédures en cours et s’accommoda au plus vite du principe des servitudes liées du protocole ….
Rappel de pure forme, les humeurs étaient dociles, la gouvernance bonhomme, les gens bien attentionnés, quand au scénario il était taillé pour le meilleur …
Il ne pouvait espérer mieux.

L’intendant lui fit découvrir les lieux, l'imposante réserve de vivres, une chambre frigorifique pleine comme un oeuf , un stock de produits congelés à tenir un siège ! Il devrait en assurer la gestion ....
Volailles , pièces de viandes diverses , achalandage incroyable , jamais de la Roupie de sansonnet ! 
La cuisine était spacieuse, aérée, bien équipée, à l’instar des cuisiniers étoilés André misait gros sur une gastronomie nouvelle, il sortirait de cet atelier se disait-il de quoi surprendre , des recettes à décoiffer , des saveurs inédites ! 
Le moment du repas si prisé dans nos pays d'abondance restait encore le plaisir le mieux partagé, il tenterait de les en convaincre définitivement . 
Sous cette voûte céleste peinte en bleu indigo , l'olfaction des hommes était souvent saisie du parfum soutenu venu depuis les embruns du large , au réfectoire les fumets élaborés depuis la profondeur des marmites prendraient toutes leurs places .
Et pourtant !!
Ses premières contemplations tropicales avaient ravi ses mirettes, détourné son attention et tintaient encore dans ses oreilles les fins cliquetis de ces ribambelles de perles, colliers précieux aux nacres épaisses et leurs reflets changeants.

Les appétits étaient déterminés , ils cognèrent sur les tables pour une bienvenue virile, au menu poisson cru, quenelles sauce Nantua, gratin d’épinards en crème et tartelette !!

Le service serait assuré par une charmante « Tureïainne » les hommes ne pouvaient que bien se tenir malgré les ondulations naturelle de son popotin , à faire se damner les anges !!
Mais ceci est une autre histoire …
Le repas fut grandement salué , nos amis avaient apprécié en gourmets , autour des tables il n'y avait finalement que des gentlemans !!

Plus tard dans l’après-midi le soleil cognait sur le récif , à l’abri dans son faré André prenait du repos.
Il avait décidé pour le lendemain de consacrer une ou deux heures de son après-midi à la découverte de la plongée sous-marine.
Pénétrer le lagon au cœur, remonter d'imposants bénitiers , prodiguer des caresses aux requins de sable de l'atoll radieux ! 

Quel délire pensait-il !!

Noël Vallier

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