mercredi 7 septembre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L'Archipel radieux ( suite ) .

Dans les cabines circulait « Emmanuelle ».
Le livre !!
Il se souvint l’avoir lu.
Réputé érotique, il l'était !! La nouveauté n’était pas tant les intrigues sensuelles que son contenu révélait et quand bien même ne manquait-il qu'un joli ruban rose autour de sa jaquette pour précipiter quelques fantasmes de bordels luxueux , non ce fut le marketing un peu sous le manteau qui prenait la pudibonderie ambiante à revers .
Plutôt bien écrit ses coups de boutoirs grivois suscitaient bien des troubles .

En d’autres circonstances André aurait participé de l'émoustillement général , et pourtant l'ouvrage comme les choses lui paraîtrait terne , ses camarades pourraient glousser leurs sous !!

Cette tentative de diversion habile étant pourtant généreuse ....

La mémoire est redoutable mais elle reste fragile , abandonnée au destin de sa loque elle ne restituerait rien des évènements ordinaires qui avaient jalonné son retour . L'Anjou sa frégate fantôme avait du se coltiner quelques creux , et ses roulis et tangages d'habitude . Il n'avait rien vu , rien entendu crispé sûrement au creux de sa couchette , habité sans répit par le tambour assourdissant venu depuis ses entrailles ....
Ou étaient-ils les souvenirs des acrobaties incroyables de la pirogue au-dessus des récifs , ceux rattachés à la mémoire du lagon paradisiaque , la sourdine jouée par les alizés que les cocotiers en s'arc-boutant pouvaient sublimer .

Qu'adviendrait-il des artisans du village , et les pêcheurs du lagon harpons et filets en proue survivraient-ils à la pollution atomique , et les filles félines connaîtraient-elles un jour les délices d'Emmanuelle , la jolie vahiné ombre fondue planquée nuitamment à l'abri des persiennes de son faré , se précipiterait-elle vers le prochain mignon ?
Saloperie de troubles !!

L’Anjou coursait sans escale, André retrouverait son commandant dans quelques heures.
Il ne se faisait aucune illusion, il serait humilié , catalogué recrue récalcitrante, affabulateur .
Il en fut ainsi .
L'homme ne vit rien , ne comprit rien , impitoyable et discourtois il n'eu d'autre recours que de l'expédier à l’infirmerie militaire du camp d’Arué.
C’est ainsi que les évènements se déroulèrent.
André traîna son paquetage dans les rues de Papeete , oubliée la muse tropicale  il se hâta en direction de l’arrêt navette.
Le médecin militaire qui l’accueilli manifesta de la compassion .
André décrivit ses symptômes , l'informa des doutes de son commandant ce qui eu pour effet de déclencher l'agacement sinon la stupéfaction du praticien.
André s’effondra en pleurs , larmes et douleurs tellement contenues depuis tous ces jours .
L'homme providentiel le rassura .
Il fut hospitalisé sur la champ .



Noël Vallier


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