jeudi 16 février 2012

L'archipel radieux ( suite ) .

L"archipel radieux ( suite ) 

Le souvenir de la Polynésie fut tenace mais jamais au point d’encombrer par de futiles nostalgies le chemin de sa vie. .
Cependant en de nombreuses circonstances il fit référence à cette parenthèse tropicale, il en rappela souvent son exotisme, ses splendeurs, il en contait à la demande la vie simple celle qu'il avait eu la chance de vraiment connaître.
Quelle sinécure, chacune de ses évocations lui donnait un peu le tournis comme ça, il connut tout de même épisodiquement des envies de partances.  
S'en aller avec sa femme, ses enfants, fuir les prescriptions de la métropole, ne plus se coltiner l'austérité du modèle, botter son cul à notre cher hexagone, fuir ses saisons et ses raisons ...

Il aimait comparer les deux versions, certes il était bien vrai que la modélisation occidentale n'était pas sans avantages ni vertus et pourtant souvent elle lui paraissait légèrement rance un peu racornie, les vieux faisaient cortèges en proie à d'immenses doutes, placardés ils étaient tout juste en repêchage, quel infâme statut !

En Polynésie les seniors faisaient référence on les consultaient ils pilotaient le pays,s'imposaient comme les gardiens et les perpétualistes des coutumes et des traditions. 
Le territoire était un sourire, on pourra toujours mégoter sur les avantages dérobés d'un pays de soleil s'agacer du dépouillement fantastique de sa nature, parier sur les handicaps supposés de cette indolence si souvent et injustement décrite, il en mettait tout de même plein la vue et attirerait vers lui pour l'éternité tous les porteurs de fantasmes !!
En quarante ans de métropole André ne croisa pas plus de quatre ou cinq messagers fortuits, authentiques polynésiens venus depuis l'archipel.
Il rencontra Jacques le plongeur cascadeur à Valence, tous deux se croisèrent en plein boulevard ils échangèrent quelques mots, l'homme de Beaucaire lui parut égal, souriant et sympathique, prirent-ils le temps de boire un verre il ne s'en souvient plus .

La distance était certes encore courte, nous étions en 1978, huit ans seulement après l’éparpillement qui suivit le retour, les choses en restèrent donc là .

C'est Stéphane de Marseille qui se manifesta fermement, le premier, dans les deux ou trois ans qui suivirent il montait sur Paris croit se souvenir André.
Le sémillant marseillais et sa charmante épouse suggéra à André et France de déjeuner ensemble sur Valence.
Ils en furent très heureux.
Stéphane le dandy et madame garèrent leur grosse berline allemande avenue Pierre Semard, l'avenue était rieuse ce jour-là le soleil cognait sur les bâches et chauffaient les grands tilleuls, ils avisèrent un restaurant rue Célestin Poncet.
Stéphane et son épouse ne pouvaient pas ne pas être très confortables ... ils l'étaient assurément, André relevait du domaine bancaire, son épouse était secrétaire, tout allait donc pour le mieux dans le plus ordinaire des mondes .
Ils se souvinrent de tous les protagonistes de cette belle aventure , Jacky , Patrice ,Maurice , Bernard , Gérard , l‘autre Maurice , Jacques , Didier et ceux dont le souvenir s'était dissipé , peut-être moins présents dans la ronde .
André n'avait pas oublié le registre cinéphile de Stéphane sur lequel étaient consignées ses précieuses recommandations, cette encyclopédie fut donc restituée à son propriétaire.
Ils se séparèrent au début de l'après-midi , André très calmement sortit la BMW série 7 de son inconfortable impasse.
Ils poursuivirent leur route en direction de Paris ...


Noël Vallier .





































 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire