mardi 11 octobre 2011

L'Archipel radieux ( suite ) .


L"Archipel radieux ( suite ) .

André serait définitivement envoûté par les musiques et les danses Polynésiennes , il y trouvait un rythme , une profondeur , un exotisme , une émotion , très singuliers . Cet art chanté et joué ne pouvait pas ne pas être la propriété exclusive de son peuple .
Combien de fois avait-il été traversé de frissons , saisi de chair de poule à l'écoute des sons cristallins venus depuis les cordes des Ukulélés ...
Il était pourtant à cent lieues des influences inspirées par la poésie et la musique de l’immense Léo … il s’était cependant pour un temps affranchi du vampirisme culturel de l’artiste et de le laisser là un peu sur la touche afin de goûter pleinement du plaisir à croquer les choses belles et simples de la vie.

Il pensait à sa mère , à sa petite sœur , que devenaient-elles , comment se portaient-elles , le soleil de la Drôme parviendrait-il a adoucir leurs tourments , pourrait-il assécher ce qu'il leur restait de larmes , ces larmes venues depuis le choc provoqué par la grande douleur ??

Il courait sur Papeete souvent comme une sorte de spleen , sans mauvaise conséquence , sans tristesse . Sitôt survenue une part d'ennui et la magie des sens opérait à nouveau , un embrasement de félicité dès les premières nouvelles musiques survenues les portaient soudainement vers le meilleur , une fois encore et toujours , le corps et l'esprit en fête , remués par d'irrépressibles feux intérieurs.
Ils passaient ainsi de quelques torpeurs aux temps délicieux des palabres , et les faits divers de la veille ou les rumeurs du jour alimenteraient bien des conversations !

Il arrivait souvent que des paquebots de croisière en provenance des Etats-Unis fassent escale à Papeete , puis des hordes de touristes snobs et impatients fourbissaient leurs précieux dollars en cliquetant ostensiblement leur ferblanterie …
Les échoppiers de la ravissante petite ville côtière verraient avec ravissement leur recette du jour décupler et déborder leur tiroir caisse ...
C’était une escale de plusieurs jours , ces insulaires de circonstances débarqués le temps d'une quarantaine dépensière , ces touristes captifs assureraient bien des avantages , et peu d'inconvénients , l'armateur serait ravi , le capitaine du navire garderait ses ouailles , déplorerait peut-être quelques manques à gagner , mais reprendrait bien vite le contrôle , et la boutique flottante que de rafler une fois encore les reliquats , roulettes  champagnes , bourbons bien choisis occuperaient ainsi leurs luxueuses sarabandes !!
Ils seraient bientôt out !!
Jusqu'au lendemain ….
Ils repartiraient , Papeete recouvrait sa liberté , le yeux de nos amis Tahitiens irradiaient à nouveau le bleu de leur azur , la ville renouait avec les délices de son ivresse , vespas et scooters pétaradaient en direction des plages , solidement enfourchées sur le petit siège arrière les belles vahinés riaient forts , cuisses cuivrées presque offertes , fouettées par le vent tiède ….
Pour tenter de les séduire nos amis militaires remiseraient leur chemise moutarde écussonnée , leur short évasé ou se perdaient souvent leurs maigres guiboles , il serait venu le temps de la coquette mise civile et sous l’ardent soleil de Papeete à l’ombre des parasols de terrasse , Ray-Ban en tête , la crème du contingent  courtiserait la petite ville !!


Noël Vallier

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