dimanche 22 janvier 2012

Mémé fagote ...

Mémé fagote

J’aime les braves gens qui tressent les fagots
Vieilles souches et fines tiges que la froidure pète
Mémé douce mémé semait fort les ragots
Vieille échine meurtrie sur des jambes fluettes

J’aimais mémé gourmande quand les nèfles éclataient
L’hiver venu aidant et ses jours en loupiotte
Sur les branches gelées les fruits blets jutaient
Des chairs d’amour sucré à damner mille glottes

J’aimais le pain rassis et le lait les griottes
Friand du pain perdu pudding mémé marotte
Tirait du vieux bocal les cerises trop sottes
Et je mordais morfal dans ses croutes l’épeautre

Le fourneau De Dietrich émaillé blanc et noir
Aux premières froidures ronflait et tous ses cercles
Sonnaient la charge rouge transperçant l’éteignoir
Que la bise et ses givres portaient comme un couvercle

J’aimais tant l’horizon le proche celui qu’on foule
Chargé de ses brouillasses qui égaraient les bœufs
Que mes yeux de minot au plus fort de la houle
Voyaient comme des vagues des trembles ou des oeufs

Je n’aime pas l’oxyde qui ronge dans nos poches
Les souvenirs émus serrés fort dans nos mains
Qui glissent peu à peu se perdent s’effilochent
A l’épreuve du temps des morts des lendemains

J’aime tant ma mémé et je sais qu’elle repose
Dans quelques limbes ardents au creux de quelque cieux
Sa robe du dimanche et son corsage rose
Imprégnés de violette puissent-ils plairent à Dieu


Noël Vallier






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