lundi 9 janvier 2012

L'Archipel radieux ( suite ) .



Tahiti, paradis sur terre, île magnifique oh combien navrée, elle comptait ses plaies  les "cadors" modernes avaient travesti les cocoteraies, réduit l’humeur enjouée des autochtones, démultiplié les attributions diverses de cette terre aujourd'hui dédiée à l’implantation de l’hôtellerie de luxe, et ce faisant soudoyé grassement les couards et les fêlons …
Ils atteindraient ainsi  cette culture rêvée, baignée de soleil certes mais encrassée par les suintements visqueux de la modernité.

Ils s’étaient retrouvé à la plage avec les minettes, filles charmantes maillots une pièce en élastomère serrant leur chair pour s'y confondre, le moindre de leurs mouvements levait un peu le voile sur une plastique parfaite que le crissement du lycra enfiévrait plus que de raison …
Ces affriolantes nymphettes intellectualisaient avec conviction les choses ordinaires de la vie.
L’écume venait effleurer leurs orteils gracieux et peu à peu le sable gris se dérobait puis tout semblait vaciller et se confondre, pensées charnelles et raisons, désirs et retenues, empressements et méthodes, la plage à peine chahutée par le vent brassait un sable devenu brûlant !!
Pourtant ??!!
Ils ramassèrent leur serviette et soudainement prirent congés, mais de fort galante façon.
Était-ce la peur des barrettes des pères, quelle serait donc la punition pour un flirt et si affinités cette affaire se terminerait-elle aux galères ??
Ils décampèrent de la plage le cœur plus léger !!!

André venait d’apprendre l’accident cardiaque de sa grand-mère, il considéra cette nouvelle avec inquiétude, mais ne mesura pas vraiment les conséquences possiblement tragiques d’un tel évènement.
Il lui expédia aussitôt un courrier de soutien et d'affection en lui rappelant toute sa tendresse.
Il ne craint jamais de la perdre, cette femme solide, rompue aux besognes les plus ingrates était un chêne …
Puis il y avait la protection de l’esprit saint, il lui devait tant, elle si dévote corvéable à toutes les servitudes de la paroisse, croyante jusqu’à briquer les dorures un peu ternies des missels …
Avec l’aide de Dieu elle s’en sortirait.
Elle survécut douze ans à son infarctus pour mourir d’autres causes …

Sur les pelouses impeccables du camp d’Arué, sur les bordures fleuries de la route qui serpente depuis Papeete, les pluies de l’automne avaient un peu raviné, la verdure et les florescences n’en prenaient que plus de vigueur, les arbustes de tiaré redevenaient une vraie splendeur, les odeurs douces diverses resurgissaient depuis leurs coquets bocages …
Toujours le même charme, la même griserie.

Noël Vallier

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